Reprise ferroviaire… sur la pointe des pieds!

(Photo Pierre Lebeau)

Ce mercredi 18 décembre, «en plein jour» rassure la mairesse Colette Roy Laroche, un premier train de marchandises roulera vers le parc industriel pour prendre livraison d’au moins six wagons affrétés par l’entreprise Tafisa à destination de ses principaux marchés. Vitesse réduite à 10 milles à l’heure à certains endroits du tronçon et, mesure exceptionnelle, un arrêt protégé à chacun des 39 passages à niveau actionnés par des signaux lumineux entre la frontière et Sherbrooke. À chaque halte, un employé descendra de la locomotive et s’assurera que le passage est sécuritaire avant de donner le signal au conducteur de relâcher les freins et de relancer le convoi.

Le feu vert à la première phase de la reprise graduelle du service ferroviaire, trois fois par semaine pour l’instant, a été donné après la conclusion, vendredi dernier, d’une entente intervenue entre la Ville de Lac-Mégantic et le syndic de Montréal Maine & Atlantique qui continuera d’agir comme transporteur d’ici à ce qu’un nouveau propriétaire soit trouvé.

«Abandonner le service ferroviaire signifierait l’annonce d’une importante crise économique éventuelle, Personne ne voulait ça», a précisé la mairesse, en point de presse, lundi avant-midi. La reprise du service, pour l’instant limitée au territoire canadien, entre Lac-Mégantic et Sherbrooke, va ainsi permettre aux entreprises du parc industriel d’expédier et de recevoir des marchandises sèches, uniquement. «Aucune matière dangereuse ne transitera sur ce tronçon appartenant à la Ville de Lac-Mégantic», a-t-elle répété.

L’entente, qui devrait être ratifiée par le conseil municipal ce soir, exige que l’opérateur remette à la Ville environ quatre heures avant que le train passe une liste de toutes les matières transportées. L’entente prévoit également le maintien d’un ingénieur et d’un conducteur en tout temps à bord des convois ferroviaires.

«Nous invitons les citoyens à la prudence aux différents passages à niveaux étant donné que le service ferroviaire n’est plus en fonction depuis le 6 juillet et que nous avons peut-être perdu un peu le réflexe de ralentir à proximité des passages à niveaux», de poursuivre la mairesse.

Si la reprise cause certains malaises à des citoyens, elle les invite à «contacter les services psycho-sociaux qui sont là pour vous aider.»

Le directeur général de Transports Canada pour le Québec, André Lapointe, accompagnait la mairesse au point de presse. Il s’est voulu rassurant. «En octobre dernier, nous avons fait des inspections détaillées sur les tronçons Sherbrooke et Mossehead. À la fin octobre, le ministère a émis deux avis et ordres, dans lesquels on décrivait les conditions d’opération.»

MMA devait, entre autres, faire le nettoyage des ornières aux passages à niveaux «pour s’assurer que les lignes de vue étaient appropriées. Ce qu’ils ont fait depuis quelques mois», a-t-il confirmé. MMA doit aussi augmenter la fréquence de ses propres inspections et la vérification des rails.

Le haut fonctionnaire a refusé de prendre quelque blâme que ce soit quant au prétendu laxisme entourant la surveillance des opérations de la MMA avant le 6 juillet, se résumant à préciser que «s’il y a des lacunes, on veille à ce qu’elles soient corrigées.» Lorsqu’un nouveau transporteur sera en place, c’est avec lui que la Ville devra s’asseoir et renégocier les mêmes éléments de l’entente afin d’obtenir les mêmes garanties de sécurité.

Dans les plans, la phase 2 concerne la reprise du service sur toute la longueur du tronçon vers les États-Unis. «Est-ce que ce sera avec un nouveau propriétaire ou est-ce qu’il y aura un retard quant à la reprise de la compagnie, on verra…», a déclaré Colette Roy Laroche.