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Lac-Mégantic, Casselton: même combat!
C’est François de Courval qui m’a enseigné, l’été dernier, qu’il n’y avait pas de hasard, uniquement de la prédestination. Moi qui croyais le contraire, me voilà confronté à un sérieux doute, puisque 2013 est venu confirmer la sagesse de mon mentor. Et ébranler mes croyances!
Bien des petits événements, des petits détails entourant la tragédie du 6 juillet vont demeurer un mystère pour les survivants du grand feu. Et avant que l’année se termine, voilà que quelques jours à peine après avoir connu Marvin, l’éditeur du Kenmare News dans le Dakota-du-Nord, celui-ci s’est retrouvé confronté à couvrir dans sa région la même situation que l’Écho dans la sienne… un déraillement de train, suivi de l’explosion de wagons citernes remplis de pétrole sale de Bakken! Petite ressemblance au niveau des faits, mais sans commune mesure, heureusement pour eux, au niveau des conséquences sur les victimes dénombrées dans la population de Casselton, à moins de deux kilomètres à peine de l’endroit où s’est produit le déraillement du 30 décembre, en après-midi. Là-bas, ni mort ni blessé!
À Casselton, il faisait -19° quand la petite communauté a été évacuée en raison de l’important panache de fumée qui se dirigeait tout droit vers la ville. Chez nous, cette fameuse nuit-là, il faisait sûrement +19°. Mais chez nous, la catastrophe a été presque dix fois pire, avec quelques quartiers de Lac-Mégantic évacués, mais, malheureusement, pas aux endroits où le panache se dirigeait, poussé vers l’est pendant presque 48 heures par un léger vent. Vers Frontenac et Audet où personne n’a songé à faire évacuer les résidants exposées!
Souhaitons qu’à Casselton, la population soit rapidement informée des dangers pour la santé qu’elle a courus, en raison de l’imposant nuage noir. Nous, après maintenant six mois, le brouillard de la désinformation ne s’est pas encore dissipé. On apprend les infos essentielles de la part des médias surtout nationaux tel The Globe qui continuent d’enquêter avec plus de zèle que bien des fonctionnaires entre les mains de qui on avait pourtant confié notre sécurité!
Si ça continue, ce sera intéressant de jumeler la ville de Lac-Mégantic avec Casselton, dans le Dakota-du-Nord. Histoire d’échanger nos expériences, notre vécu des flammes de l’enfer, notre traumatisme face à cette course effrénée vers le développement pétrolier et vers notre recherche de l’indépendance énergique, aux États-Unis tout comme ici, au Canada.
La petite ville de Casselton ne s’attendait pas non plus à devenir un point chaud de tout l’univers médiatique. Et c’est surtout le Canada qui a réagi en premier, parce que ça ressemblait trop à l’accident de Lac-Mégantic, sans les morts ! Trois semaines plus tôt, Marvin se commettait en signant dans son petit hebdo une chronique sur les dangers liés au transport du pétrole lourd. Sans se douter que le 30 décembre, un incident viendrait appuyer ses craintes. «Qu’est-ce qui ce serait passé si le déraillement était survenu quelques minutes plus tôt, au moment où le train traversait la ville de Casselton?» Ce qui l’a surtout surpris ce jour-là c’est que le monde entier avait pris connaissance presqu’instantanément de cette nouvelle explosion d’un train de pétrole, le 3e en l’espace de six mois après Lac-Mégantic et Pickens County, en Alabama, mais que l’une des principales stations de télé de tout l’ouest de l’État n’en avait soufflé mot que tard, au bulletin de fin de soirée, à 22h00, soit huit heures après le déraillement! Et huit heures, c’est long au cadran des chaînes de télévision, plus habituées à se chicaner pour être toujours premières sur la nouvelle! Cette histoire-là avait déjà fait le tour de la twitosphère et des médias traditionnels partout autour du globe plusieurs fois! Étonnant? Pas vraiment. Là-bas comme ailleurs, les autorités n’aiment pas ce qui n’est pas «positif». Le boum pétrolier que connaît le Dakota-du-Nord se passerait volontiers de ce genre d’incident qui leur fait mauvaise presse et qui nuit à l’image de l’or noir dans son ensemble. Tout comme Lac-Mégantic a nui à la belle image que se donne l’industrie gazière et pétrolière du Canada, au moment où l’avenir économique lié à l’exploitation pétrolière est devenu une priorité nationale qui passe bien au-dessus des autres considérations comme la sécurité des citoyens, qui vient loin derrière.
Dans le Dakota-du-Nord, en ce 30 décembre, on venait de prendre soudain conscience qu’aucune communauté traversée par le chemin de fer n’est à l’abri de ce genre d’accident. On s’est rendu compte que personne, en plein cœur d’un territoire voué à un développement exponentiel de l’exploitation du pétrole de schiste de Bakken, n’avait pris conscience du danger de ce produit avant qu’on commence à partager les infos du Globe de Toronto, publiées le 3 décembre sur les risques d’explosion liés au produit extrait sauvagement du sous-sol de cette région de l’Amérique. «Nous avons besoin de savoir exactement ce qu’il y a sur ces trains et quels genres de produits chimiques s’y trouvent transportés. Si ces wagons sont appelés à être plus nombreux, peut-être que les populations qui vivent le long des voies ferrées devraient être mises au courant des dangers qu’elles courent!»
Quinze jours plus tôt, les autorités de l’État s’étaient pourtant montrées rassurantes: les trains de pétrole de Bakken sont sécuritaires, répétait-on ad nauseam, et rien ne prouve la théorie de la haute volatilité des produits. «Au moins six explosions sifflantes, des champignons de feu montant à 300 pieds dans les airs, 47 morts au Québec ; ce sont des trains sécuritaires, bien sûr!», ironisait Marvin, un lecteur assidu du Globe canadien.
En 35 ans de carrière, dont des missions en zones de guerre, jamais il n’a vu des explosions de l’intensité de celles de Casselton.
«Quelque chose doit changer et vite!»
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