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S’ouvrir au changement: un passage obligé vers la guérison collective
La psychologue Rose-Marie Charest était de passage à Lac-Mégantic sous l’invitation de l’Ensoleillée.
La seule façon de bien vivre, en dépit des conséquences désastreuses de la tragédie du 6 juillet, c’est de se mettre en mode transformation. Parce que la résistance augmente le stress, la frustration et la colère. À cette transformation individuelle s’ajoute l’importance d’une réorganisation collective. «Une société a besoin d’être organisée; si on ne s’en occupe pas, les choses s’organisent par elles-mêmes. Créer un projet commun a toutes les chances d’être thérapeutique.»
La psychologue Rose-Marie Charest accordait le 21 février une entrevue à l’Écho, au lendemain d’une conférence publique réunissant une centaine de personnes au Cinéma Mégantic. Son message: s’ouvrir au changement pour passer à travers le deuil de ce qui était. Elle donne l’exemple d’un événement heureux pour démonter l’importance de cette transformation: «un couple qui a son premier enfant et qui se dit, «on va vivre comme avant, c’est juste qu’on rajoute un bébé», va être en frustration nuit et jour. Les couples qui vont bien s’en sortir sont ceux qui vont accepter que la vie se transforme avec l’arrivée d’un enfant. Comme collectivité, on n’est plus dans le même état d’esprit depuis la tragédie et c’est normal. On a tous, comme être humains, une certaine résistance au changement. Mais il faut s’ouvrir à ce changement et se dire: on verra. L’expression «lâcher prise» prend ici tout son sens. Se raccrocher à ce qui était avant est très très frustrant.»
L’état d’esprit de transformation nécessite de s’ouvrir à la nouveauté et de s’informer, notamment auprès des autorités concernées. «Il est important de ne pas s’informer que de ça (l’avenir de la ville). Il peut être traumatisant de toujours penser à la même chose», prévient-elle, poursuivant que l’ouverture d’esprit favorise le processus de créativité.
Si elle convient que plus les autorités seront en mesure de donner de l’information, mieux ce sera, Mme Charest précise qu’il faut apprendre à composer avec une certaine part d’incertitude. «À la suite d’un trauma, notre confiance est ébranlée. Avoir besoin de toute l’information, c’est une manifestation d’un manque de confiance. Mais l’incertitude a toujours fait partie de la vie. Quant on a vécu un traumatisme, il faut guérir notre tolérance à l’incertitude. Il faut apprendre à faire confiance même si on ne peut pas faire totalement confiance.»
Rose-Marie Charest compare cette confiance ébranlée à celle d’un accidenté de la route qui reprend le volant en dépit de ses «nouvelles» incertitudes. «Lorsqu’on regarde la synthèse de sa vie, on constate que plusieurs choses se sont arrangées alors qu’on ne savait pas au départ comment elles allaient s’arranger. Il faut essayer de se concentrer davantage sur le moment présent, développer des activités sur lesquelles on a du pouvoir, comme réorganiser l’intérieur de sa maison. On dit aux gens déprimés de se remettre dans l’action. Des fois, c’est juste de faire le ménage dans un tiroir. Une fois qu’on a fini celui-là, on a le goût de faire les autres. Une fois que tout le ménage est terminé on est content. Ça fait du bien parce qu’on a le contrôle sur quelque chose. Ce qui est génial, c’est que que ça procure une meilleure image de soi-même, qui amène à être plus actif, à créer autre chose, à organiser autre chose. Très rares sont les situations sur lesquelles on n’a aucun pouvoir, ne serait-ce que le pouvoir de l’attitude; celle de vouloir que ça revienne comme avant ou l’attitude de laisser porter, s’arrêter à ce qui est là et l’apprécier.»
Les réseaux d’entraide, d’idées et de développement doivent être maintenus, voire bonifiés, pour le bien être de toute la collectivité selon celle qui occupe la présidence de l’Ordre des psychologues du Québec. Parce qu’au-delà de l’âge, de l’argent et même de la santé, le fait d’avoir un projet commun, dans un cadre familial comme dans un groupe plus élargi, est ce qui est le plus associé au bonheur.
Près de huit mois après la tragédie, s’il est «normal» d’être encore en proie à certaines émotions, celles-ci doivent avoir diminué. «Si vous êtes aussi souffrant que vous l’étiez dans les premières semaines, il faut aller consulter. La tristesse est une émotion bien reconnue mais il faut aussi porter attention aux personnes qui sont toujours en colère. On peut avoir une colère saine, parce qu’on veut que les choses changent. Mais si la colère devient l’unique émotion qui reste, on a autant besoin d’aide que si on pleure tout le temps. Si je n’avais qu’un seul message à passer, ce serait celui-là.»
Au-delà de l’image médiatique
Si les événements du 6 juillet sont définitivement passés à l’histoire, l’image de solidarité et de résilience largement véhiculée dans les médias peut exercer une certaine pression au sein de la population méganticoise. «Il ne faut pas se forcer à correspondre à une image de solidarité totale, de résilience totale. C’est l’authenticité qui va permettre à tout le monde de continuer à progresser. Vous êtes une communauté qui est suffisamment bonne ; vous n’êtes pas obligés d’être parfaits. Il ne s’agit pas d’être ces héros, ces modèles de courage dont on a parlé aux nouvelles. Il vous faut reconstruire une collectivité qui vous ressemble et faire en sorte que chaque citoyen participe à cette reconstruction.»
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