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Reconstruire… sur quelles bases?
L’avenir du «vieux» centre-ville est sur toutes les lèvres ces temps-ci. Avant l’enclenchement de la démarche de participation du 26 mars, des représentants de la Ville organisent des rencontres par petits groupes d’intérêt, jetant en quelque sorte les balises d’un exercice sans précédent, un brassage d’idées faisant ressortir les divergences d’opinions, passage obligé vers la prise de décisions dans l’optique d’un processus démocratique.
Même si certains doutent que les citoyens détiendront un réel pouvoir à l’égard de la décision finale, la démarche de participation citoyenne annoncée par les élus méganticois aura le mérite de permettre l’émergence d’une variété d’idées, même celles qui vont totalement à l’encontre de la majorité. Un des mes amis m’a d’ailleurs partagé une opinion du genre, opinion pour le moins surprenante venant de l’ami en question.
Mon ami me rapportait justement une discussion «pré-démarche» de participation où le retrait de la voie ferrée du centre-ville apparaissait comme un «incontournable». Désolé, a-t-il rétorqué, mais je ne suis pas d’accord. Quoi?????? Pas d’accord pour retirer le passage d’un train dont l’explosion a coûté la vie à 47 personnes, détruit à jamais le centre-ville, provoqué un traumatisme dont certains ne se remettront peut-être jamais? «Ce qu’il faut c’est sécuriser le réseau ferroviaire. Pourquoi est-ce qu’on construirait une voie de contournement à Lac-Mégantic et pas dans les autres villes où transite une voie ferrée? Les gens ne veulent plus du train au centre-ville parce qu’ils ont peur. Cette peur, je la comprends et je la juge tout à fait légitime. Mais on ne devrait pas reconstruire en fonction de la peur.»
Facile à dire quand tu n’es pas directement impliqué… Pourtant, mon ami demeurait au centre-ville, un quartier auquel il est encore particulièrement attaché. Un quartier où il retournerait vivre demain matin s’il en avait la possibilité. Un quartier où résidait aussi son frère, décédé dans sa maison la nuit de l’explosion. Tué à cause d’un train fou qui a transformé notre ville paisible en enfer.
Le fait que cette même personne s’oppose au déplacement de la voie ferrée étonne. Et l’opinion, aussi marginale soit-elle, prend une autre connotation. L’idée mériterait certes une réflexion plus approfondie. En sera-t-il de même lors de l’imminente démarche de participation? Les citoyens ayant des opinions à l’encontre d’une majorité ou minorité non silencieuse pourront-ils les partager sans crainte d’être fustigés?
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