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Parentalité: ode au «fun ordinaire»
Francine Nadeau exerce la profession de psychologue depuis 42 ans.
«Les parents sont plus ambitieux qu’avant à l’endroit de leurs enfants. On veut qu’ils soient pleinement heureux, épanouis. Si on rêve grand il faut se mobiliser grand. On a l’illusion qu’on leur donne beaucoup mais, en réalité, plusieurs n’ont pas assez d’attention, parce qu’on vit sur la dépêche. Ce dont ils ont vraiment besoin, c’est d’avoir du fun ordinaire avec leurs parents. C’est ce contact qui donne aux enfants le sentiment d’avoir de la valeur aux yeux de leurs parents», partage la psychologue Francine Nadeau.
Psychologue pour enfant à Sherbrooke en plus d’être conférencière, Mme Nadeau faisait profiter ses
42 ans d’expérience professionnelle au public, le soir du 2 avril à l’auditorium Montignac. Elle répondait ainsi à l’invitation de la Maison de la Famille, des CPE Sous Les Étoiles et La Petite Bottine, du programme Passe-partout et de la Constellation 0-5 ans. Le lendemain de l’événement réunissant près de 200 personnes, elle livrait à l’Écho sa prescription principale: une heure de fun ordinaire par semaine accordée exclusivement à l’enfant par son parent.
«Une heure c’est un minimum mais même ce minimum fait une différence significative. La plupart des problèmes vont diminuer et ce sera plus facile au niveau de la discipline. Il faut travailler sur l’attachement sécurisé. Si l’enfant ne sent pas qu’il est important, il n’aura pas envie de nous écouter, ni de nous imiter. Ce n’est pas tout de dire que nos enfants sont importants; il faut que ce désir passe le contact, dans les gestes.», explique Mme Nadeau.
Selon cette dernière, il importe de mettre davantage le focus sur le plaisir de rire ensemble, à travers une activité où le seul objectif est d’avoir du fun. Il ne suffit donc pas de féliciter l’enfant pour ses accomplissements si on veut qu’il développe une saine estime de lui-même. «Oui l’enfant a besoin d’encouragement, mais il s’agit du deuxième niveau de l’estime de soi, qui consiste à avoir de la valeur parce qu’on produit quelque chose. Mais il faut d’abord que se construise le premier niveau: avoir de la valeur parce que le parent a du fun à être avec toi. Sans quoi, une personne pourrait gagner la médaille d’or et se sentir minable.»
Élever un enfant amène le parent à se dépasser… et souvent à être dépassé. «Par définition, élever un enfant demande d’aller au-delà de ses limites. Il faut avoir l’humilité d’accepter d’apprendre, développer une sensibilité particulière et une attention constante aux besoins, émotions, rythme de son enfant. Il s’agit d’un développement nécessaire, une des clés du bonheur pour un adulte. Si on reste dans l’égoïsme on est stérile et on ne peut jamais être complet.» Francine Nadeau considère qu’on a tous besoin d’avoir des bébés, qu’ils soient physiques ou symboliques.
Quelle que soit leur enfance, tous les parents ont la capacité de s’«élever» pour le bénéfice de leur enfant. «Ce n’est pas la gravité de ce qu’on a vécu comme enfant qui est en cause mais l’inconscience. Les parents qui auront plus de difficultés sont ceux qui ont souffert mais qui refusent de le reconnaître et demeurent dans le déni. Une fois qu’on en est conscient, il y a toujours la possibilité de se rattraper», laisse entendre la psychologue.
Prenant pour exemple la catastrophe du 6 juillet, Mme Nadeau soulève l’importance de rester sensible aux petits malheurs de leurs enfants. «Si on banalise toutes leurs petites souffrances, j’y vois un signal d’alarme. Il faut aussi accepter que l’enfant soit très heureux et tannant. Le drame appartient aux adultes. Les parents doivent demeurer dans le vivant avec leur enfant.»
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