Se nourrir de rêves n’est pas illusion!

Lundi soir, 7 avril. Fidèle pile au rendez-vous, Mylène Paquette. «Je l’imaginais plus grande», dit tout bas un admirateur anonyme, à son arrivée. Venue toute seule au volant de sa voiture! Téméraire? Si elle a pu franchir l’Atlantique à la rame, j’imagine que descendre à Lac-Mégantic en roulant ne relève pas de l’exploit, vous me direz! N’empêche, la fille avec des horaires quotidiens chargés à bloc, des centaines de kilomètres de route à se taper, bien d’autres qu’elle auraient longuement hésité avant d’accepter l’invitation à venir ici raconter son aventure, gratis à part ça. Bien d’autres auraient pris un chauffeur. Même l’essence, elle n’a pas voulu que la dépense soit remboursée. Un peu folle? Juste comme on les aime!

Elle en avait des choses à raconter, la belle aventurière. Une expédition comme celle qu’elle a entreprise, avec le départ de la côte canadienne un certain 6 juillet 2013. Une date qu’on ne risque pas d’oublier. Elle non plus! Alors qu’elle prenait la mer, parce que la mer était belle et la température clémente, il y a eu un silence radio. Pas d’entrevues sollicitées par les journalistes. En fait, elle l’apprendra plusieurs heures plus tard, pas de journalistes non plus à l’affût, tous trop occupés à couvrir un gros événement qui a détourné l’attention. Et vous savez où!

La nouvelle l’a d’autant plus chavirée, dans le sens littéraire du mot, que trois ans et demi plus tôt, le 12 janvier 2010, le jour même où elle prenait le départ d’une première traversée de l’Atlantique au sein d’un équipage de six rameurs, cinq gars et une seule fille, entre le Maroc et la Barbade, un violent séisme frappait Haïti! Le jour même, je vous dis! Un signe du destin?

Mais fermons la parenthèse. Ce que je voulais partager, c’est que le 7 avril au soir, avant de m’écraser sur le divan pour suivre la soirée électorale rivé à l’écran du téléviseur, rien ne m’aurait empêché d’aller entendre la fille! Lui tâter le biceps! Je n’ai pas été autant renversé par sa force physique, même si elle en a, que par sa force de caractère, par la leçon qu’elle a tirée de son contact intime avec l’océan. Pendant 129 jours à voguer sur son tout petit navire. «J’avais prévu deux semaines pour atteindre le Gulf Stream; ça m’a pris deux mois!» À mi-parcours, l’idée lui est venue d’abandonner! Pas question, lui a annoncé son équipe au sol. Puis, l’illumination… en pleine mer: «ici, je ne contrôle rien d’autre que mon… attitude!» Y’a des mots, parfois, qui tombent du ciel et qui frappent comme une météorite! Ce mot-là, attitude, est tellement… tout! Tout ce qui manque à bien des projets, à bien des rêves pour qu’ils finissent par se réaliser. Parce qu’au moment même où elle a changé son attitude, Mylène Paquette s’est dirigée tout droit vers l’accomplissement de son rêve, sans faillir! Avec du plaisir, même!

Le Parti québécois porte un rêve depuis un bon 45 ans! Celui d’un pays. Depuis le départ de l’aventure, fin des années 60, bien des fois les gens ont confondu le rêve et l’illusion! La différence entre les deux se résume souvent en un mot: «attitude»! Si les souverainistes avaient embarqué Pauline Marois dans une chaloupe à rame et avaient pris le contrôle de l’équipe au sol chargée de la guider vers sa traversée de l’océan, la première erreur qu’ils auraient commise aurait été de mal juger les conditions du départ.
«Il me fallait quatre jours de beau temps, parce qu’il y a danger que le bateau revienne sur la rive et se fracasse sur les rochers», racontait Mylène. D’où l’importance de bien déterminer la date du départ et d’éviter une erreur aux conséquences tragiques. Rappelez-vous, ces élections-là, personne n’en voulait! That’s it! Mais il y a eu des copilotes, qui n’ont pas le pied marin, ni le flair, ni le pif, pour dire: voilà Pauline, l’heure est venue de se lancer! Ces conseillers-là devraient être jetés par-dessus bord!

C’est le jour de son 30e anniversaire de naissance, à 2h00 ou 2h30 du matin, que Mylène a lancé, comme dans un rêve éveillé: «Je veux traverser l’Atlantique à la rame!» Vous l’auriez crue capable, vous, si vous aviez été là? J’imagine qu’on l’a traitée de folle. Mais, 48 heures plus tard, elle débutait l’entraînement. Et elle a mis environ cinq ans à se préparer pour la traversée en solitaire. De folle, elle est passée aux yeux des autres aux qualificatifs de «téméraire», «courageuse», «déterminée…» Tiens, ça me dit quelque chose, ce mot-là. Écrit en grosses lettres sur l’autobus de campagne de Pauline! Dans les minutes suivant sa défaite, on s’est amusé sur les réseaux sociaux à enlever le «dé» de «déterminée». Terminé le rêve, sans avoir aperçu le moindre profil d’un continent à l’horizon!

Plusieurs se sont moqués de Pauline Marois, une fois sa défaite annoncée. «Si la tendance se maintient…» Pauline à la mer! Plusieurs s’en sont réjouis! Le Conseil musulman de Montréal a dû s’envoyer en l’air en criant: Allah akbar! Y’a même une compagnie qui s’engageait à donner un jour de congé à tous ses employés si le PQ était battu! Content pour eux!

Le rêve de Pauline était, mais pourquoi j’écris «était», «est» aussi le rêve de millions de gens qui ont grandi dans un pays que certains se plaisent à réinventer! Sauf que Pauline a oublié de le partager. Et le rêve est devenu pure illusion. La barque partie à la dérive. Pauline à la mer et quatre ans à un autre équipage pour préparer la prochaine expédition. Pour travailler l’attitude. Octobre 2018, c’est demain!

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