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La magie des Clouspines opère encore!
On aurait dit que la scène était hantée par des esprits, jeudi, soir de première. L’un des comédiens, Guy Dostie, a cru bon, avant le lever de rideau, de partager toute l’émotion des membres de la troupe de livrer ainsi leur spectacle annuel en l’absence d’une des leurs, Dominik Leblanc, décédée en janvier. D’une de leurs mères fondatrices, Yolande Berteyac, et de Roger, le frère de Pierre Paquet. Veillée funèbre, alors? Oh que non! Les Clouspines tapent dans le mille avec leur pièce Sans toit ni loi, jouée encore ce soir, vendredi, jusqu’à samedi, le 12 avril, 20h00, à l’auditorium Montignac.
Les Clouspines mûrissent comme du bon vin. Le jeu s’améliore et le public toujours aussi familier y prend tout son plaisir. De son siège, il aime jusqu’à pardonner même la chute malencontreuse d’un mur du décor qui s’effondre sans faire de victime. Moment qui s’inscrirait fort bien dans le karma de ce fils un peu «moumoune» plus affecté que sa sœur par les absences d’une mère aujourd’hui décédée et qui a développé la peur de tout.
Habile mise en scène qui juxtapose de façon crédible deux plateaux de jeux, dans deux lieux différents, créés par Bernard Champagne et Jean Labbé. Sur notre gauche, le petit logement que partagent une mère, Lucille, jouée par Louise Latulipe, et sa fille, Luce, campée par Claudia Collard. La fille peu dégourdie qui, à 35 ans, tient mordicus à garder sa mère sous son aile, juste retour des choses, si ce n’est que la mère voudrait tant s’en libérer qu’elle s’est elle-même chargée de se trouver une maison de pension qui n’accepte que les personnes seules.
L’Auberge du Bonheur est tenue par un frère, Paul (Guy Dostie), et une sœur, Jocelyne (Suzanne Harpin), qui ambitionne de recréer l’esprit de famille qui leur a tant manqué. La thérapie à 5000$ qu’elle s’est payée va-t-elle enfin fonctionner? Surtout qu’à la veille d’accueillir leur première pensionnaire, les deux héritiers se font envahir et kidnapper par un voleur qui a raté son coup chez le voisin et qui, blessé, y cherchera refuge.
Le drame qui se jouera sous nos yeux ne prête pas à la peur et à l’effroi, malgré la mine déterminée d’un bandit qui n’a plus rien à perdre dans sa fuite de la police. Entre le début d’une idylle maladroite qui se lie autour des jambes de Luce et de Paul, une autre qui, au finish, unira une femme forte et une bandit mou, il y a Lucille qui aura trouvé moyen de mettre un peu de folie après toute cette vie qu’on devine plate.
Magnifique distribution où chacun des comédiens maîtrise aussi bien le ton que le geste pour transformer une situation tendue en un quiproquo déclencheur de rires à la tonne.
Le droit au bonheur des Clouspines et de leur public n’est peut-être que pure comédie, que du théâtre le temps d’un soir, mais l’effet thérapeutique est d’une durée prolongée!
Quant au texte de Chantal Cadieux, l’auteure entre autres de Mémoires vives, il est justement rendu. Applaudissements pour le metteur en scène Adrien Aubert. Cette troisième production sous sa signature avec la troupe lui aura procuré, espérons-le, que du bonheur en cette année charnière dans sa vie comme dans sa carrière.
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