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Visions et division
J’aimerais commenter 2 visions qui ont été émises à propos de la tragédie de Lac-Mégantic.
D’abord je voudrais féliciter le Groupe Action Mégantic d’avoir émis des idées pour la reconstruction de la ville. Des idées amènent des idées : c’est en les exprimant qu’on en fait germer d’autres. Cependant, je suis totalement contre l’idée de baser le tourisme sur la tragédie ou même n’en faire qu’une attraction parmi d’autres.
Quelle mauvaise vision! Aurait-on idée d’attirer du tourisme à l’École Polytechnique ou dans ses alentours basée sur la tuerie? Faire une reconstruction IMAX de cette tragédie et la projeter en boucle dans les environs de cette école? On dirait: «Mais c’est insensé». Quelle différence y a-t-il entre mourir sous les balles du tireur fou ou sous les flammes d’un train fou? Se sauver avec une peur extrême de son tir ou se sauver des flammes? Je n’en vois pas. De grâce, oubliez cette idée.
Ensuite, dans l’édition du journal La Tribune du 24 mai 2014, le député Ghislain Bolduc, dans sa vision de la tragédie, avance que la «sécurité de la population peut être assurée autrement qu’en investissant dans une voie de contournement». Il s’ensuit une série de «si» qui ne régleront pas le problème de la pente Nantes-Mégantic : si on renforce les mesures de sécurité, si on augmente l’assurance-responsabilité, si la déclaration d’incidents devient obligatoire, etc.
C’est justement à cause d’une série de «si» que la tragédie est arrivée: s’il y avait eu deux conducteurs, si les freins avaient tous été appliqués, si les lois étaient plus sévères et appliquées, si les inspecteurs pouvaient faire toutes les inspections nécessaires, si la voie ferrée était mieux entretenue, etc.
M. Bolduc avance aussi qu’il faut rendre le débat sur la reconstruction et la voie de contournement rationnel et non s’en garder qu’aux perceptions émotionnelles. Je dis que vouloir retirer les émotions de se débat c’est vivre sur un iceberg. Et du côté rationnel, perdre son emploi, se retrouver sans revenu après chômage parce que le pôle commercial est à terre, se faire exproprier ou fermer son commerce pour en construire d’autres et ne pas avoir encore reçu aucun sous après presque un an, déménager dans un logement où le loyer est plus cher, se retrouver déraciner de son quartier sont des réalités auxquelles bien des gens ont à faire face et qui, oui M. Bolduc, touchent les émotions aussi.
Votre vision a la qualité d’amener d’autres visions, d’autres idées car elle fait réfléchir sur différents aspects de cette tragédie et me fait dire qu’il ne faut pas se laisser berner avec des «si».
Plusieurs gens ont une vision de la tragédie. On peut être d’accord ou contre ces visions. Il est important de les émettre car comme je l’ai dit au début : les idées amènent des idées. Et qu’il y ait 1, 2, 3 ou dix visions, faut pas avoir peur, il y aura toujours division.
André Labbé
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