Le temps d’une paix

On se serait cru un 24 décembre. Mais sans le stress! Un temps de paix, une trêve. Faut dire qu’ouvrir un pont et un Metro le même jour, c’était comme gagner deux fois le gros lot dans un même tirage à la loterie pour une population d’éclopés qui retrouvait enfin le sourire, largement étiré sur chaque visage, qu’il vienne de Sainte-Agnès, Fatima ou Marston!

Le pont de la solidarité, comme ils l’ont appelé, aurait pu tout aussi bien se nommer le pont de l’espoir, le pont de la réconciliation, le pont des soupirs ou le pont de l’union. Et sortez moi pas le pont de la résilience ou du courage, je vous garoche à l’eau et je vous fais repêcher par une équipe psycho-sociale de la Croix-Rouge!

Je ne vous mens pas, le pont, ce jour-là, a fait à tout le monde un bien fou. Qu’on le traverse à pied ou en voiture, seul ou avec d’autres ! Même folie furieuse aux portes du Metro, comme si les Méganticois, pourtant bien portants, n’avaient pas mangé depuis quinze mois! En fait, c’était pas les articles d’épicerie qui faisaient l’objet de leur convoitise, c’était le lieu de rassemblement. Comme le perron d’une nouvelle église à une autre époque ! Faut dire qu’elle était là, l’église, avant. Donc, procession naturelle en ce mercredi soir vers un nouveau temple, un nouveau décor, dans un nouveau quartier d’une nouvelle ville, le «newtown»! Nous, un peu désorientés, avec pas assez de yeux autour de la tête, cherchant à s’accrocher à des points de repères qu’il faut rapidement apprivoiser et surtout s’approprier, parce que ce sera ça, le nouveau centre-ville, que vous le vouliez ou pas! Aussi bien s’y faire!

Hier, André me racontait comme il l’avait vécu son 24 décembre un 15 octobre. «J’ai attendu après le travail. Je suis passé à la maison, inviter ma blonde à embarquer : viens, on va traverser le pont! Elle a préféré attendre un autre jour, passer son tour, parce qu’elle devinait le trafic.» Mais lui, André, ne voulait pas manquer ça. Une page de notre histoire, ça ne se remet pas au lendemain, après tout! Il a ramené l’auto dans le stationnement du Centre sportif et posé le pied sur le pont de l’avenir. Noir de monde éclairé par les lumières des phares. Des âmes en liesse, tiens! «Tout le monde se saluait!» La bonne humeur quand elle passe, tu te colles après, sinon, tu sais pas quand est-ce que tu vas pouvoir le faire. Et si tu hésites trop, tu risques de passer à côté d’une grosse vague contagieuse. Ben, c’était ça, ce soir-là! Une veille de Noël balayée par un vent chaud qui suivait un corridor de marche dont on venait d’abattre les barrières.

J’étais pas dans leur peau, mais j’imagine que les élus, qui ne l’ont pas facile ces temps-ci, ont ressenti eux aussi le même frisson. Des moments de bonheur après un parcours semé d’embuches dont on ne voit pas encore la fin. Ces gens-là qui se sont retrouvés à prendre rapidement des décisions parfois impopulaires avaient droit à l’erreur, comme ça arrive même dans les gouvernements supérieurs. Des élus locaux, à dimension humaine, qui ont individuellement vécu chaque instant de l’après-tragédie avec beaucoup d’inquiétude, au cœur d’une communauté post-traumatisée! «Si, pour un individu qui a vécu un choc post-traumatique, ça peut prendre un an à guérir, imagine toute une communauté», me glisse André, sur le perron de la caisse populaire.

Oui, les élus ont dû prendre des décisions courageuses. Ils savaient, tous autant qu’ils sont, que derrière les sourires des uns et les mots d’encouragement des autres, se glissaient des désirs malsains de les voir carrément se planter. Trop de gens n’attendaient que ça. L’échec plutôt que la réussite fait de bons moments de télé, de bons reportages suaves, de bons scandales en développement à chuchoter dans les oreilles de Facebook.

À peine remis de l’ivresse du 15 octobre, voilà que Radio-Canada nous ramenait les deux pieds sur terre, comme un mal de bloc, avec une histoire de lobbyisme illégal et d’éthique questionnée pour des paroles, avouons-le très maladroites, glissées par un gérant de caisse devant les caméras de la télévision nationale, l’été dernier. Oui, le gérant de la caisse en question a dû regretter d’avoir émis une opinion de «banquier» sur l’avenir des bâtiments encore debout dans le centre-ville bouclé, alors que la Caisse exerce un pouvoir économique certain. Manquement à l’éthique? Desjardins analysera et verra. Est-ce qu’il y a eu crime? Sans doute pas! Maladresse? Sûrement! Des maladresses, il s’en est dit et il s’en dira encore. Elles sont humaines.

Mais je tiens à reproduire quelques mots d’un courriel que j’ai reçu récemment d’un porte-parole du Carré Bleu qui maugréait contre la réplique rapide de la mairesse à une opinion exprimée plus tôt par lui-même la semaine d’avant sous le titre «La déception» : «Cela montre que n’importe qui qui envoie son opinion peut se faire attaquer publiquement ce qui est très malsain.»

Mais quand nos maladresses sont reprises sur les bulletins de nouvelles nationales, ça donne l’impression qu’on est en zone de guerre. Peut-on prendre une pause?

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