La construction du Jean Coutu va bon train

La «nouvelle» pharmacie Jean Coutu ouvrira ses portes le 10 février.

(Collaboration spéciale Ronald Martel)

Quand Claude Charron, propriétaire de la pharmacie Jean Coutu, à l’ancien centre-ville de Lac-Mégantic, a su que ça prendrait deux ans pour y rouvrir son commerce dans un local adéquat et accessible, il a cessé de se battre pour conserver l’édifice de sa pharmacie dans la zone rouge.

Il a plutôt décidé de se relocaliser. Il a d’abord voulu acheter l’emplacement de Mégantic Mazda, rue Laval, mais la Ville de Lac-Mégantic s’y est opposée pour protéger l’intégrité du centre-ville et éviter l’étalement. La construction sur la rue Salaberry, dans Fatima, s’est imposée. Maintenant qu’elle est très avancée et qu’elle se terminera bientôt, pour une ouverture prévue le 10 février prochain, il ne faut pas croire que les déboires de M. Charron sont aussi choses du passé.

Il se bat encore pour obtenir une compensation juste et équitable pour son édifice de la pharmacie, encore debout dans la zone rouge, et pour l’édifice baptisé Le Frontenac, dans lesquels il avait investi beaucoup d’argent. Comme il a un contrat particulier non standard, ses propres assurances ne le compenseront pas pour ces édifices, qui n’ont pas été détruits et qui doivent être démolis bientôt à cause de la contamination.

Il fait partie des trois propriétaires d’édifices de l’ancien centre-ville qui n’ont pas encore signé d’entente avec le gouvernement. Ce dernier ne lui offre pas une compensation adéquate, selon lui. Claude Charron se dit prêt à tenir son bout, jusqu’à l’expropriation s’il le faut. «Je ne céderai pas!», s’écrie-t-il, très déterminé. «Le gouvernement refuse de comprendre les assureurs. Je lui reproche son manque de compréhension et sa fermeture à essayer de comprendre, tout comme sa lenteur d’exécution…»

Il en veut un peu, aussi, à la Ville de Lac-Mégantic, pour le long délai à lui délivrer le permis de construction pour son nouveau projet, ce qui explique le mois de retard quant à l’ouverture de sa pharmacie. «Pourtant, le ministre Moreau nous a fait une promesse quand il est venu à Lac-Mégantic après son élection: «Nous allons assurer un règlement rapide et équitable pour les dossiers de Lac-Mégantic.» Je voudrais qu’on regarde ensemble la définition du mot rapide!», ironise-t-il.

Après un investissement de 4,5 millions $, il déplore que sa nouvelle pharmacie ait fait l’objet d’une certaine spéculation, quand on lui a demandé 1,2 million $ seulement pour le terrain, un montant exagéré selon lui. C’est le siège social du Groupe Jean Coutu, à Montréal, qui mène le projet, actuellement, mais le projet lui sera cédé pour qu’il en devienne propriétaire, sinon il serait pénalisé en n’ayant pas réinvesti au centre-ville les compensations déjà reçues ou à venir.

Des bureaux pour quelques cliniques d’une dizaine de médecins et pour le bureau du Groupe de médecine familiale (GMF) du Granit sont aussi prévus à l’étage de la pharmacie. Son stationnement sera agrandi également, quand une partie du terrain de l’usine Billots Sélect sera disponible, après son expropriation et le démantèlement de ses installations.

«Nous avons très hâte de retrouver la population, dans le quartier Fatima, de même que nos employés actuellement en chômage forcé. Notre clientèle sera très heureuse de nos nouveaux services que nous allons ajouter, et cela juste à temps pour la Saint-Valentin et pour Pâques!», se réjouit M. Charron.