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Steve Lemay, ce nom vous dit quelque chose?
Peut-être en avez-vous déjà entendu parler un peu. Pour ceux et celles qui ne savent pas qui est cet homme, voici la description que je pourrais en faire. C’est un bon vieux curé de campagne, assez bedonnant, dont les cheveux semblent vouloir le quitter prématurément, qui frise les quatre-vingt sans, et qui malgré son âge respectable, se permet des excès de table à l’occasion. Ses sermons vous incitent au sommeil et il regrette le temps de la messe en latin. Comme tout bon vieux curé qui se respecte, il lui arrive d’être grognon, surtout si par malheur il heurte un animal sauvage sur la route, ce qui lui arrive à l’occasion. Il faut le comprendre, sa vue n’est plus ce qu’elle était et ses réflexes datent des voyages en chevaux sans vapeur…
Si je m’arrêtais ici, ceux qui ne le connaissent pas se diraient qu’ils n’ont rien manqué à ne pas le connaître et que son départ ne les affectera pas vraiment…
Ceux qui le connaissent un peu mieux verront qu’il y a quelques erreurs dans ma description. Va pour le début d’embonpoint…et pour la calvitie. Pour le reste, disons que ce n’est pas celui que vous avez côtoyé durant les six dernières années. Ses homélies sont d’une rare profondeur, toujours empreintes d’une grande sagesse (c’est à croire qu’il a un contrat permanent avec l’Esprit Saint) et le latin ne lui manque certainement pas.
Mais est-ce vraiment la bonne description de ce joyeux luron? Pour lui rendre justice pleinement, je me dois d’aller plus en profondeur et laisser parler mon cœur.
Steve, ton séjour parmi nous me permet d’affirmer haut et fort que le message de Jésus-Christ est un hymne à la joie. Pour reprendre le thème de l’exhortation apostolique de notre pape François, tu as incarné mieux que quiconque «la joie de l’Évangile». Ceux qui relèguent l’Église, la religion et tout ce que cela implique au rang des antiquités et de la tradition populaire auraient eu avantage à mieux te connaitre. Et pour bien te connaître, il faut se remémorer tous tes talents, aussi nombreux soient-ils.
Ceux de l’homme d’Église d’abord. Tes paroles étaient toujours tournées vers l’espérance, quelle que soit la situation. Que ce soit dans les moments les plus tragiques de notre communauté, ou dans les tragédies individuelles de tes paroissiens, toujours tes bons mots sont venus amorcer une guérison profonde. Pour avoir eu recours à ta «sagesse» dans des moments difficiles, malgré le fait que tu as l’âge de nos enfants, je peux témoigner que tu étais et que tu es toujours d’un conseil avisé et connecté directement avec l’Esprit Saint, cet Esprit qui fait vivre.
Puis, ce sont tes talents d’administrateur qui ont été mis à profit. Tu as su, avec la participation du conseil de Fabrique, traverser une tempête qui s’annonçait des plus orageuses. Pas facile de faire cheminer son monde vers une nouvelle réalité: une église devait être sacrifiée. Tu as donné du temps à chacun de faire son deuil du passé, et tranquillement les faire tourner vers l’avenir.
Finalement, tu as été l’homme d’Église joyeux. Et cette facette de ton ministère est à mes yeux la plus importante. Tu m’as démontré sans le savoir que Jésus nous veut joyeux. Tu as prouvé que la religion n’avait rien de triste, au contraire. Ta joie de vivre, tes nombreuses histoires, tes folies, les fous rires mémorables que tu as déclenchés chez moi resteront parmi mes meilleurs souvenirs. Tu as dépoussiéré les images que l’on se fait trop souvent de l’Église et tu les as recouvertes de cette couleur qui fait sourire, qui apporte la joie et qui apaise l’âme et le cœur.
La tristesse de te voir partir devrait normalement nous habiter. Mais tu as si bien pris soin de ton monde que ce serait égoïste de vouloir te garder en exclusivité. La charité chrétienne, dans ce qu’elle a de plus noble, doit au contraire nous rendre joyeux de savoir que d’autres après nous auront le privilège de te côtoyer, de te découvrir et de t’apprécier. Tu nous as donné le meilleur de toi-même, nous t’en serons toujours reconnaissants. Et le plus beau témoignage que nous pouvons te faire sera de continuer à ressentir la joie évangélique, dans ce qu’elle a de plus vivant et de plus rassembleuse.
Pour la dernière messe soulignant ton départ, tu as mentionné ne pas vouloir d’hommages et c’est très «dommage». Mais en y pensant bien, ce ne sont que les personnes présentes à cette messe qui auraient eu droit à cette marque de gratitude envers toi. En utilisant ce média largement diffusé, tu sauras ce que tout le monde pense de toi, et tous sauront quel grand homme tu es!
Bonne route cher ami en Jésus-Christ,
Guy Gagnon, diacre permanent
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