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Le poids des mots

3 février 2015

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Par souci de justice, il me faut réagir à certains propos de Monsieur Paul Dostie contenus dans une lettre d’opinion (par ailleurs fort pertinente) parue dans l’édition du 22 janvier, exhortant la Ville à n’autoriser qu’«un type de construction» sur la rue Kelly. Naturellement, il ne s’agit pas ici de contester l’importance de recourir à des matériaux nobles comme le bois ou de respecter le cachet de ce quartier résidentiel centenaire, ce qui va de soi. Et il est tout à fait légitime de tenter de sauvegarder les bâtiments patrimoniaux encore debout.

Mais pourquoi alourdir encore davantage les contraintes financières et administratives qui assaillent de toutes parts les citoyens sinistrés qui ont encore la volonté de rebâtir un centre-ville habité et chaleureux, conformément au désir exprimé par la population méganticoise? Est-il possible de comprendre qu’ils en ont marre de voir des millions de dollars engloutis de tous côtés sans qu’on ne leur offre, à eux qui ont tout perdu, rien d’autre que des factures et des obligations de plus en plus lourdes?

Malgré tout le respect que je vous dois, Monsieur Dostie, pourquoi ne vendez-vous pas votre résidence pour vous acheter plutôt un terrain sur le boulevard des Vétérans où vous pourrez bâtir, avec deux tiers de million tirés de votre poche, la réplique exacte d’une maison centenaire détruite par le feu, et payer les taxes en conséquence pour le reste de votre vie? Ou, plus simplement, pourquoi ne pas prendre conscience du poids des mots et des idées sur la vie des gens?

Geneviève Boulanger, Lac-Mégantic