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Un centre-ville «verrouillé»
Une ville «intelligente» dans son aménagement. «Le piéton a toute la place dans ce centre-ville», expose l’urbaniste Jacques Chénier. Son employeur, Aecom, la plus grande firme d’ingénierie au monde, signe le scénario de reconstruction du centre-ville. En passant, c’est aussi cette firme qui gère les travaux d’assainissement, de réhabilitation et de reconstruction du site affecté par le déraillement, le suivi de la qualité de l’air et l’étude de faisabilité d’une voie de contournement ferroviaire. Pour que le train sorte une fois pour toutes du centre-ville.
Son plan directeur semble faire l’unanimité… autour de la table du conseil. Il guide le plan particulier d’urbanisme et tous les règlements qui s’ensuivent. Le PPU fait office de parole d’évangile, gravée dans la pierre, pour la suite des choses.
La Ville a fait son lit: «Après la tragédie ferroviaire de l’été 2013, Lac-Mégantic a rapidement fait un choix indiscutable: concevoir et réaliser la reconstruction de son centre-ville en adoptant une approche rigoureuse de développement durable. Grâce à la participation citoyenne, nous définirons le plan de reconstruction dans une optique de revitalisation, autant en ce qui touche la vie communautaire que la vie économique», a prononcé le directeur général, Gilles Bertrand, dans un congrès à Montréal, au début du printemps. Il y avait là les grandes firmes de génie de la presque planète «intelligente».
Un «choix indiscutable», en effet. Malgré la démarche Réinventer la ville, qui a réuni pendant plusieurs mois environ 300 personnes dans une trentaine d’ateliers de travail, même les participants ne s’y retrouvent plus dans la présentation de lundi soir, où l’ambiance dans le gymnase du CSM ressemblait davantage à un épisode des Beaux malaises qu’à un plateau bon enfant de La Petite Séduction!
Des émotions à haute densité! Sur le carton d’invitation adressé aux citoyens, il était écrit: «Découvrez les suites de la démarche citoyenne, les aménagements proposés au centre-ville et les orientations architecturales.» Dans les faits, pour les membres du conseil, il s’agissait d’une assemblée extraordinaire du conseil de ville dans un cadre règlementé pour présenter des projets de règlements qui n’ont pas à être soumis à une approbation référendaire. En d’autres termes, un exercice obligé par la Loi, maquillé dans un rendez-vous citoyen qui se voulait «consultatif». Un rendez-vous difficile pour Colette Roy Laroche qui est parvenue à ne pas craquer. Du moins, pas devant sa population.
Si les sept élus ont bien entendu les commentaires et les applaudissements nourris après chaque prise de parole respectueuse devant les micros, voilà ce qui ne fonctionne pas dans ce dessin dont ils devraient pouvoir effacer quelques éléments et en corriger d’autres, puisqu’ils en seront les seuls réels maîtres d’œuvre, eux qui sont d’abord au service de la population, pas des promoteurs!
Le scénario unique ressemble à une «ville verrouillée» par une voie ferrée avec laquelle, on le sait tous, il faudra vivre encore plusieurs années. «Un centre-ville conçu pour les touristes d’abord et accueillant pour les résidants», comme l’exprimait si bien Micheline Théroux, pointant du doigt le boulevard des Vétérans sacrifié à l’industrie touristique. Comme tant d’autres, Micheline a participé à la démarche citoyenne. «Je ne me rappelle pas que le boulevard des Vétérans devait devenir touristique. J’ai l’impression de perdre le parc pour les touristes.»
Si les sept élus ont bien entendu Pierre Paquet, dont le frère Roger habitait le boulevard avant le grand feu qui lui a coûté la vie et celle de 46 autres personnes, ils vont peut-être reconsidérer certains éléments du plan, telle la grandeur de l’espace consacré au mémorial. «On exagère sur les piétons, les jardins, les parcs. Qu’il y ait une promenade, okay, mais qu’on double l’espace vert, ça me blesse!» Pire encore la fermeture en boucle de la rue Milette. «Ça manque de bon sens!» Loin d’être un fou des bolides, Pierre a les deux pieds sur terre. Il sait que depuis toujours les gens qui vont magasiner le font «en char» ! Mais tout le futur réseau routier du centre-ville, même la rue Frontenac, est conçu pour rendre les automobilistes mal à l’aise d’y pénétrer. Moins bienvenus que les wagons de pétrole et les véhicules hors route à qui on a dessiné un passage en plein milieu pour avoir un accès privilégié au grand hôtel, d’abord prévu près de la rivière Chaudière mais mystérieusement replacé sur le plus beau secteur du centre-ville, avec vue sur le lac et le parc comme cour de récréation.
L’urbaniste ne s’en cache pas: la rue Frontenac sera aménagée de manière à n’accueillir que 50% du trafic d’avant le grand feu. L’autre 50% empruntera l’autre rue principale, la souricière de la rue Papineau. Bonne chance à ceux qui voudront contrôler les habitudes prises par les locaux depuis la création de l’automobile.
La promenade Papineau a été conçue dans l’urgence. Il n’y a pas d’urgence à adopter le seul scénario conçu pour le centre-ville dévasté. Vous voulez éviter les erreurs du passé? Prenez le temps qu’il faut pour corriger ce qui doit être corrigé. L’acceptabilité sociale ne s’impose pas ! Faites aussi confiance aux citoyens, ils forment une population «intelligente» même si tous n’accrochent pas un diplôme au mur de leur salon.
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