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Une fois encore
Je n’ai rien écrit sur la reconstruction du centre-ville depuis le cinq juin. Moi qui ne voulais plus m’en mêler parce que j’y ai perdu mes repères et mes illusions, me voilà forcé de reprendre la parole en désespoir de cause. Il reste un dernier élément patrimonial que nous pourrions encore sauver : la largeur de la chaussée de la rue Frontenac qui nous a valu, depuis longtemps, éloges et compliments répétés à cause de son caractère unique et oxygéné. Je vois encore les journalistes bouche bée devant la photo de l’ancienne rue Frontenac accrochée au mur de la médiathèque. Tout de suite, ils reconnaissaient la sagesse des anglo-saxons qui ont développé la ville. Cette ouverture- là faisait partie de la personnalité du centre-ville. Elle appartient à notre histoire autant qu’à notre avenir. De ce centre-ville que nous prétendons avoir tant aimé, peut-on garder une trace? Celui qui effacerait jusqu’au souvenir même de l’être cher, celui-là pourrait-il soutenir avoir aimé? La Ville étant propriétaire de tous les terrains, qu’est-ce qui l’empêche de déplacer les bornes de quelques pieds?
On considère les Champs-Élysées comme la plus belle rue du monde: large à souhait et bordée de vrais arbres à perte de vue. Pourquoi ne pas s’en inspirer et ajouter quelques mètres à ce qu’on nous propose d’autant plus que la construction par paliers n’a pas été retenue: trois niveaux d’un côté, deux de l’autre et un sur le boulevard des Vétérans. Il faut que la lumière entre dans la ville: le soleil, le jour; la lune et les étoiles, la nuit. D’une certaine manière, Lac-Mégantic est une ville lumière, celle des astres, faute de celle des universités. Il faut aussi que la circulation y soit plus fluide que sur Papineau. Quant à la vitesse que l’on craint, un panneau d’arrêt au coin des rues Thibodeau et Frontenac règlerait le problème.
Un centre-ville axé sur le développement durable, ouvert aux piétons et aux cyclistes me semble un réel progrès. Quant à l’architecture projetée, elle ressemble davantage à du déjà vu. Aujourd’hui, une voie cyclable n’est plus un simple élément du design urbain, mais bel et bien un signe tangible d’un mode de vie en mutation. Pour notre plaisir et notre santé, on nous recommande fortement de bouger. On le constate, les familles répondent de plus en plus à l’appel. Les élus d’hier y ont cru: ceux d’aujourd’hui doivent prendre le relais.
En ce qui concerne le stationnement en bordure de la rue, étant donné qu’il n’y aura sur Frontenac ni épicerie, ni pharmacie, ni commerce à un dollar, ni bureau de poste, ni magasin à grande surface, le stationnement des deux côtés ne me paraît pas une priorité. Si on veut en conserver la convivialité, rien n’empêche d’y interdire le stationnement pendant la belle saison. À Montréal, sur la rue Saint-Denis, on a réquisitionné les aires de stationnement pour y installer tables et chaises sur plus d’un kilomètre. À quoi pourrait-on dédier les nôtres?
Cependant, souvenons-nous qu’une année compte douze mois et que pour des raisons de sécurité, il faut un minimum de va-et-vient. Êtes-vous passé sur Papineau après 18h? Désormais, les stationnements étant situés derrière les commerces, la circulation se fera par la porte arrière. Cela me convient parce que je trouve les «parking» laids, bien que nécessaires. Le risque est donc grand que les façades fassent alors office de décors de cinéma. J’insiste, il faut que la rue soit animée à l’année: des piétons, des cyclistes et quelques dizaines d’automobilistes. Pourquoi pas? Souvent, il s’agit d’une course rapide: ils entrent et ils sortent parce que le commerce est immédiatement accessible. La somme des petits achats fait parfois la différence. Dans un centre-ville éclaté comme le nôtre, avons-nous les moyens de faire la fine bouche?
Mon propos ne cherche pas le compromis parce que, souvent, il ne satisfait personne, mais à améliorer le projet sans en hypothéquer la vocation. On peut, bien sûr, en faire une question de principe, opposer le cycliste à l’automobiliste ou l’écolo au consommateur. Cependant, prenons conscience que nous sommes en retard d’une bataille: on a déjà cédé la quiétude et le charme du boulevard des Vétérans à l’industrie touristique.
S’il vous plaît, n’attendez pas la séance du Conseil du 18 janvier pour vous exprimer: la période de questions arrive toujours après le vote. Nous n’avons pas encore le privilège, en ouverture de séance, d’une période de questions réservée aux seuls points à l’ordre du jour. Apportez de l’eau au moulin, nuancez ou démolissez mes arguments, dites-en tout le mal que vous voudrez; peu importe, collectivement nous serons tous gagnants parce que ce qui devait être dit aura été dit. La décision du Conseil n’en sera que meilleure. Bref, que pensez-vous de la largeur actuelle de la rue Frontenac, du maintien de la piste cyclable et de la pertinence de préserver des aires de stationnement?
Paul Dostie
Lac-Mégantic
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