Oscar Brochu

Vivre dans le passé ou pour les jeunes?

Je suis native de Lac-Mégantic. Je fais partie des jeunes qui ont «fui» Mégantic dans les années 1970. Il n’y avait pas d’avenir, ni pour les études ni pour le travail ni pour les activités et pas de défis palpitants à relever. Lac-Mégantic ressemblait à une ville morte, sans couleur, des tavernes, des bars, des petits vieux qui prenaient une bière, des 5-10-15 et des usines, etc. Quand je disais d’où je venais, on me disait que je venais d’un trou. J’ai arrêté de le dire.

Depuis mon départ, je suis redescendu passer 23 ans de mes étés en vacances au chalet, sur le bord du lac. J’ai vu évoluer la ville tranquillement et prendre des couleurs intéressantes dans le centre-ville. J’ai recommencé à dire que je venais de Mégantic avec fierté. Depuis les dernières années, je descends aux deux, trois semaines dans une ville détruite. Ce que je perçois, en écoutant les gens, c’est de l’amertume, de la déception, du mécontentement et des gens heureux qui veulent regarder en avant et qui ont tourné la page malgré les douleurs gravées dans leurs mémoires.

J’essaie de revenir vivre à Mégantic, mais je ne trouve pas de travail selon mes compétences. Je me suis dit qu’avec le développement qui s’en vient, j’aurais peut-être ma chance! Ce que j’entends, c’est qu’il y a des débats à chaque pouce que vous avancez, donc, je n’ai plus d’espoir pour les dix prochaines années. Peut-être à ma retraite!

Alors, mettez-vous dans la peau des jeunes Méganticois qui voient cette situation. Ils n’auront pas le choix de fuir encore la ville de Lac-Mégantic car le changement n’arrive pas. Les jeunes d’aujourd’hui changent vite de situation selon leur humeur. Les activités, les passe-temps sont des priorités. Le travail est un complément dans leurs vies. Faites place aux jeunes. Car vous allez partir tous et vous laisserez encore une ville brune sans couleur.

La piste cyclable ne servira pas juste aux travailleurs à vélo mais aux jeunes parents en patins à roues alignées avec des poussettes, aux familles en vélos avec des jeunes à la queue leu leu qui arrêteront faire des courses, car ils vivent avec des paniers accrochés aux vélos. Des gens en patins à roues alignées pour le plaisir qui arrêteront prendre un café en ville, des gens en triporteur qui, enfin, pourront aller plus loin que leur domicile et revoir la vie en ville. Des personnes handicapées en chaise roulante électrique qui, eux aussi, seront heureux heureux de pouvoir se promener sans danger de se faire accrocher par une voiture. Allez voir les pistes cyclables à Magog, à Bromont, à Sherbrooke, à Montréal. Pas besoin de se comparer avec l’Europe, Paris et les grandes villes lointaines. Ce ne sont pas eux qui vont vivre à Mégantic.

Pourquoi ne pas accommoder toutes les parties prenantes et faire une rue un peu plus large avec une piste cyclable, des stationnements, en rendant fonctionnelle la rue pour les ambulances, pompiers et services de la ville? Il s’agit de reconfigurer les bâtiments et les terrains que le promoteur a dressés dans les plans. Ce n’est pas le promoteur qui va vivre dans la ville. Ce sont des jeunes qui voudront vivre près de leur travail, les retraités qui ne veulent plus avoir de maison à entretenir et qui ne sont pas prêts à vivre dans des centres de personnes âgées autonomes. Des retours d’anciens résidants de Mégantic comme moi et qui ont le goût de participer à cette nouvelle vie reconstruite en tenant compte des gens nostalgiques, des gens visionnaires et des gens qui sont heureux tout simplement de vivre en paix. Pourquoi ne pas faire un coin pour les nostalgiques du passé, pas avec des bâtiments bruns dénués de personnalité, comme la rue Papineau. Mettez de la couleur sur les bâtiments pour sentir la vie et personnaliser les commerces.

À vous de voir si vous voulez vivre encore dans le passé et laisser partir les jeunes comme dans les années 70, 80, 90, 2000… !

Francine Labbé

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