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Les crosseurs
Qu’est-ce qui est le plus révoltant: les milliards cachés dans les paradis fiscaux, détournement qui appauvrit l’État et réduit comme peau de chagrin les services à la population; les lois complaisantes et pleines de trous plus ou moins planifiés qui facilitent l’évasion fiscale ou l’immunité qu’offre le législateur aux fraudeurs au nom de la rentabilité économique comme s’il était plus payant de poursuivre un petit voyou qui a volé une cartouche de cigarettes?
Aucune de ces réponses. Le plus révoltant, c’est plutôt la complicité que chacune laisse deviner: celle des banquiers cravatés, des fiscalistes fripouilles, des comptables filous et des avocats de service que leurs associations ne dénoncent à peu près jamais et celle des législateurs qui tolèrent depuis trop longtemps cette situation scandaleuse comme s’ils planifiaient leur après carrière. Écologistes du billet vert, ils s’offrent volontiers au recyclage et à la récupération.
Comment qualifier ces bonnes gens si propres de leur personne? De bandits? Non, c’est un vilain mot qu’on attribue d’habitude aux pauvres. Le mot brigand leur sied davantage parce qu’il y a là l’idée de faire en bande, mais sans recourir aux armes. Point n’est besoin: il suffit de créer une compagnie bidon. Crocheteur n’est pas mauvais non plus: ces derniers ne défoncent pas la porte, ils se servent des faiblesses de la serrure. Une chose est sûre, on ne peut pas les taxer –c’est le cas de le dire- d’être des cambrioleurs: l’effraction n’est pas leur affaire parce que la porte, répétons-le, n’est pas verrouillée. Cependant, ils ont quelque chose du truand parce que ce sont des tricheurs et du malfrat parce qu’ils n’agissent pas seuls, mais appartiennent à un milieu. Ce sont aussi des canailles parce qu’ils sont méprisables, des crapules assez vicieuses pour se justifier, des escrocs parce que malhonnêtes par habitude, des extorqueurs parce que la ruse est leur modus operandi, des fraudeurs parce que l’intention de tromper les confine à la clandestinité, des profiteurs auréolés de privilèges et en mesure d’en tirer profit. À coup sûr, ce sont des fricoteurs parce qu’ils manigancent et trament au besoin, des scélérats parce que leur finasserie leur vaut –allez comprendre- une certaine admiration de la part du commun. Soyons clairs, n’étant pas des gens du peuple, ils ne peuvent compter parmi les voyous, mais parmi les faisans au sens argotique français parce qu’ils font des affaires louches. D’ailleurs, je les soupçonne de faire le paon devant leur miroir parce que leur esprit orgueilleux est sans doute convaincu que seuls les cons paient des impôts.
Un mot les résume tous: crosseurs. Si en français, l’expression chercher des crosses signifie chercher querelle en repérant la crosse de son arme un peu comme le font les cow-boys des westerns américains, faire des crosses serait alors une manière de provoquer sa victime, de l’amener à se faire justice. La question est de savoir lequel des duellistes en sortira blanchi.
Je sais que dans votre esprit le mot crosseur correspond à une tout autre image, plus québécoise celle-là. Elle n’est pas moins pertinente parce que le plaisir de l’homme de main est solitaire, voire clandestin et la manipulation, improductive. Paradoxe du crosseur: plus il blanchit ses avoirs, plus son être pue.
Paul Dostie
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