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Pour Martin Larocque, parentalité et authenticité vont de pair
«Je ne suis pas un bon papa. Je suis quelqu’un qui aime être papa», nuance Martin Larocque.
Dans cette ère où la performance figure à l’avant-plan, la parentalité est souvent vue comme un défi pour lequel il importe de s’outiller. Certes, de nombreux services existent, des spécialistes pullulent sur toutes les plateformes et la documentation écrite sur le sujet est plus qu’abondante. Mais il existe une autre avenue qui semble étrangement méconnue. Martin Larocque la nomme tout simplement l’«instinct».
Conférencier depuis une vingtaine d’années en plus d’être comédien, auteur, animateur et papa de trois ados, Martin Laroque était de passage à Lac-Mégantic le 12 mai sous l’invitation de la Maison de la famille du Granit. «J’ai lu beaucoup trop de livres sur l’éducation parentale, chose à ne pas faire. Ça devient mêlant, ça se contredit… J’ai décidé de repartir à la base. Parce qu’un parent est parent dans son instinct. Si tu as un enfant, tu es capable de l’élever», confiait-il à l’Écho lors d’une entrevue donnée peu avant sa conférence, intitulée La famille… mieux vaut en rire!
D’abord destinée aux adolescents, cette conférence s’est révélée un baume pour les parents. «Je me suis rendu compte que les parents avaient eux aussi besoin d’être rassurés, que ça leur faisait du bien de m’entendre… et que ça me rassurait moi aussi», partage celui qui se défend bien d’être un spécialiste de la question parentale. «Je suis quelqu’un qui réfléchit à voix haute. Ne pas savoir comment être parent, c’est normal. Ça fait justement partie de la parentalité. On apprend tous les jours à être parent.»
Le bonheur parental passe par une bonne confiance en ses capacités, laisse entendre Martin Laroque. «Il faut que le parent prenne conscience que c’est lui le capitaine de son bateau. La mode des spécialistes a créé une immense pression chez les parents, qui pensent qu’ils doivent éduquer leurs enfants d’une telle façon. En fait, ce sont des suggestions. Tu peux nourrir ton enfant au macaroni blanc ou au quinoa, on s’en fout! Si t’as le goût d’aller au-delà du macaroni, informe-toi; peut-être que le quinoa a quelque chose de plus… Mais il n’y a pas un enfant qui est mort à avoir mangé du macaroni, on s’entend là-dessus!»
Ici, Martin Larocque reste dans le domaine du gros bon sens. «Des parents qui battent leur enfant, ça n’a pas de sens; ces gens-là ont besoin d’aide. Moi je m’adresse à la majorité des parents, qui se perdent dans la culpabilité et le stress de tous les jours. À travers cette culpabilité, on oublie d’être soi. On veut être une mère avec un M majuscule. On est tout fier de dire que son enfant de 4 ans sait écrire son nom… À 4 ans ce n’est pas le temps pour ça; c’est le temps pour s’amuser, jouer dans la bouette… D’ailleurs, on s’est rendu compte que même si on force un enfant à apprendre très tôt, son développement cognitif à 15 ans est le même que celui les autres enfants du même âge. Ça ne sert donc à rien de forcer la nature. Comme père, c’est le genre d’information qui me rassure.»
Sauf exception, tous les parents possèdent le bagage nécessaire pour élever leurs enfants pour autant qu’ils demeurent eux-mêmes. «L’instinct parental ne trompe pas. Il faut arrêter de se mettre de la pression. Plus on s’en fait, moins on voit son enfant. On voit ce qu’il «devrait» être, ce que le livre dit… J’ai essayé d’être un père exemplaire et je me suis épuisé à le faire. Les livres d’éducation parentale, tu les empiles et tu montes dessus juste pour que l’enfant te regarde de haut. C’est comme ça que tu l’élèves!», lance-t-il en riant.
Finalement oui, la famille vaut mieux en rire. Parce qu’être authentique ne veut pas dire se prendre au sérieux. «Je ris beaucoup avec ma paternité. Je trouve des façons de réagir auprès de mes enfants qui m’amusent. Eux ne me trouvent pas toujours drôle mais ça ne fait rien. Je les aime, je veux le meilleur pour eux. Le chemin que je prends, c’est mon chemin. Chaque parent a la capacité d’être lui-même. Selon moi c’est le plus bel héritage à léguer à ses enfants.»
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