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Le maire Jacques Breton en croisade pour l’eau potable
Le maire de Nantes, Jacques Breton
Le maire de Nantes s’en défend: «J’ai l’air d’un écolo full pine mais c’est pas le but; je veux défendre l’eau potable, notre plus grande richesse!» Homme de conviction, Jacques Breton fait partie du groupe des huit maires du Québec qui ont pris la parole vendredi dernier à Montréal pour contester le règlement sur l’eau potable que le gouvernement du Québec souhaite adopter pour permettre à l’industrie du gaz de schiste d’approcher, «de beaucoup trop près» dénoncent-ils, les puits d’eau potable des municipalités. Prochaine étape de leur croisade: le champ de bataille de la Fédération québécoise des municipalités.
Le Nantais n’y va pas par quatre chemins: «Québec veut mettre la loi la plus permissive possible pour permettre à l’industrie de s’installer n’importe où et n’importe comment. Nous, on dit non!» Depuis un an, les maires du front commun veulent une discussion d’homme à homme avec le ministre de l’Environnement, David Heurtel. L’automne dernier, par deux fois, le ministre «fantôme» a envoyé à sa place ses experts et sa garde rapprochée. «On voulait une discussion interactive. On n’a pas été écoutés.» Les maires récalcitrants ont eu droit, dit-il, à un «speech» à sens unique de la part des experts.
Plus de 330 municipalités du Québec ont pris partie en leur faveur dans ce bras de fer engagé pour la protection de l’eau potable. Jacques Breton s’en réjouit. «Le règlement parle d’une protection de 500 mètres d’un puits d’eau potable, que ce soit un puits artésien d’un citoyen ou un puits municipal. Un puits de gaz de schiste descend à 2 kilomètres de profondeur et étend la fracturation à 6 km d’un sens et à 6 km de l’autre sens. On n’est pas contre l’exploration, mais pas n’importe comment!»
Le groupe des huit favorise plutôt une distance de 2 km d’un puits desservant moins de 20 personnes, 6 km pour un puits de plus de 20 personnes et 10 km pour une prise d’eau municipale. «Pour se donner une marge de sécurité en cas de problème», explique M. Breton.
Selon le règlement que Québec souhaite faire passer en douce, l’industrie gazière n’est plus soumise à la Loi sur l’aménagement du territoire. Il n’en fallait pas plus pour que ces maires qui représentent des municipalités tel Bastican, Restigouche Partie Sud-Est, Austin, Mercier,
Sorel-Tracy, Anticosti, Saint-Antoine-de-Tilly et Nantes aient d’affreuses visions. «En Pennsylvanie, la nappe phréatique est tellement contaminée que l’eau potable arrive par train. Ce n’est pas de la fabulation qu’on fait; tout est vérifiable!»
Au village de Nantes, dans une MRC pourtant qualifiée de rurale, l’alimentation en eau potable n’a pas été si simple. «On pensait améliorer notre sort en creusant un troisième puits. Finalement, on en a bouché trois avant de trouver l’eau à 2 kilomètres du village», raconte le maire. La présence du gaz radon, souvent associé à la proximité de sources d’uranium, a compliqué l’installation d’un service municipal essentiel.
La bande riveraine qui longe le Saint-Laurent entre Sorel-Tracy et Saint-Apollinaire contiendrait un potentiel énorme de gaz de schiste. En plein garde-manger du Québec, traversant des terres parmi les plus riches en terme de culture maraîchère.
La MRC du Granit en est-elle si éloignée ? «Il y a eu des gisements observés à Saint-Gédéon. Pourquoi pas à Saint-Ludger et à Saint-Robert ? Si on ne défend pas l’autonomie des municipalités dans ce dossier-là, à un moment donné l’industrie du gaz de schiste va débarquer et va s’imposer!»
À Mercier, la municipalité de sa collègue Lise Michaud, la nappe phréatique a été en partie contaminée. Des propriétaires laissés à eux-mêmes avec la responsabilité abandonnée dans la cour de la municipalité qui n’avait pourtant rien à voir avec la situation.
Prochaine étape, une rencontre avec la Fédération des municipalités du Québec le 12 septembre, préparatoire au congrès des maires qui se tiendra du 29 septembre au 1er octobre au Centre des congrès de Québec.
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