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«Tout le monde marche sur des oeufs!»
Le viaduc de la rue Salaberry fait obstacle au trafic lourd qui circule sur la 161. La Ville de Lac-Mégantic dit appuyer la demande des municipalités de Piopolis et de Marston qui réclament le prolongement de la voie de contournement routière sur Frontenac pour décongestionner la 263.
Ayant manqué un premier rendez-vous avec la Ville un mois plus tôt, en février, les maires Jacques Breton de Nantes et Jean-Denis Cloutier de Frontenac vont très bientôt se présenter à une importante rencontre portant sur le projet de la voie de contournement ferroviaire avec le maire de Lac-Mégantic, Jean-Guy Cloutier. La MRC du Granit a invité les trois voisins à s’asseoir, en compagnie des trois directeurs généraux.
À la MRC, on se montre diplomate. «Nantes et Frontenac ne sont pas contre le projet de la voie de contournement ferroviaire, mais ils veulent juste être impliqués, rassure la directrice générale, Sonia Cloutier. Il fallait reprendre cette présentation qui n’a pas pu se faire en février!»
Les choses se bousculent rapidement. Juste avant ce tête à tête tripartite, la Ville a pris un peu tout le monde par surprise en adoptant mardi dernier, le 21 mars, à sa séance régulière, une résolution demandant au ministère des Transports le prolongement de la voie de contournement routière de la 161, depuis le croisement de la 204 en direction de Frontenac. La raison invoquée: satisfaire à la demande de la municipalité de Piopolis et demander au ministère des Transports de régler le problème de circulation du trafic lourd qui passe actuellement par la 263 et incommode les municipalités de Marston et de Piopolis. De plus, la 161 offre un obstacle de taille aux longs fardiers: le viaduc de la rue Salaberry, au centre-ville de Lac-Mégantic. «La meilleure façon de régler tous ces problèmes, selon la Ville, est de prolonger la voie de contournement routière au sud-est de la Ville de Lac-Mégantic, entre la route 204 et la route 161.» Dans les meilleurs délais, insiste-t-on.
Dépoussiérer un projet mis sur les tablettes dans les années 1990 au moment même où la Ville de Lac-Mégantic multiplie les rencontres politiques, tant au fédéral qu’au provincial, pour son projet de voie de contournement ferroviaire, tient-il du simple hasard? Oui, répond l’administration municipale.
Au cours de cette séance publique, le porte-parole de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire, Robert Bellefleur, a manifesté son inquiétude, demandant au maire Jean-Guy Cloutier si ce projet de futur lien routier pouvait compromettre le projet de voie de contournement ferroviaire. «On ne le sait pas, mais on va lui demander (au ministère des Transports) voir comment ils vont faire», a réagi le maire Cloutier.
Précision de la directrice générale Marie-Claude Arguin: «Nous, on n’a pas vu le tracé, mais le chargé de projet qui s’occupe de l’étude de faisabilité (du chemin de fer par Aecom) a déjà rencontré les représentants du MTQ et il a la confirmation du MTQ que le tracé privilégié pour la voie de contournement ferroviaire ne vient pas du tout empêcher une future prolongation de la voie de contournement routière.»
«Ce serait le fun que les deux convergent ensemble», exprimait alors Robert Bellefleur. Et le maire de répliquer: «Ce serait le fun pour tout le monde.»
Le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, a démêlé l’imbroglio, au cours d’un appel qu’il a logé à l’administration municipale de Lac-Mégantic, lundi. «Ils ignoraient qu’ils avaient en main le tracé (du prolongement de la voie de contournement routière). Ils l’ont retrouvé. Ce n’est pas une question de mauvaise foi», a-t-il tenu à rassurer le lendemain, dans un retour d’appel à l’Écho. «Si la Ville a des projets à long terme en ce sens, il est important pour elle d’entamer les discussions avec la municipalité de Frontenac.»
Pour Ghislain Bolduc, le projet du prolongement de la 161 n’est pas nouveau. «J’en avais discuté avec Mme Laroche, il y a trois ans!» Petit retour dans le temps, au lendemain de la tragédie de juillet 2013, la Ville trace un nouveau plan d’urbanisme pour faire éclater le périmètre du centre-ville vers le secteur Fatima, où l’on songe à relocaliser deux commerces importants de l’ancienne rue Frontenac, le supermarché Metro et la pharmacie Jean Coutu. Mais voilà, la rue Salaberry est devenue la voie de liaison entre la route 161, au croisement de la 204, et la route 161 à la croisée de Salaberry et Agnès. Avec l’étroit viaduc ferroviaire comme obstacle! Ghislain Bolduc le reconnaît d’emblée, «sur Google, le plus court chemin entre Nantes et Woburn, fait passer les camions par Piopolis.»
Aux yeux du député, les deux projets (routier et ferroviaire) sont bel et bien indépendants l’un de l’autre. Mais, pour quiconque a déjà vu les deux tracés, force est d’admettre qu’ils longent sensiblement le même corridor convoité. «Rappelez-vous, la voie de contournement routière visait à sortir les camions du centre-ville de Lac-Mégantic. Depuis 2013, on a redéménagé le centre-ville là où les camions passent.»
Faire plaisir à Marston et Piopolis en déviant la 161 directement par Frontenac assure en même temps «une» solution à «deux» problèmes pour Lac-Mégantic. Mener de front les deux projets pourrait faciliter un enjeu important: la conquête de l’emprise!
Le point commun: les terrains privés nécessaires pour faire passer et la route et la voie ferrée entre la 204 et la 161 se trouvent sur le territoire de la municipalité de Frontenac. Et personne à Frontenac n’était au courant du projet de contournement routier! «Tout le monde marche sur des œufs !» résume bien le maire de Frontenac, Jean-Denis Cloutier.
À seulement quelques mois des élections municipales, les discussions entre les trois maires ont peu de chance d’aboutir sur un quelconque terrain d’entente ou ne serait-ce qu’une volonté de planifier un agenda commun entre les trois voisins. Même si, de l’aveu de Ghislain Bolduc, le projet de corridor partagé routier-ferroviaire, permettrait d’éviter des conflits d’usages et d’infrastructures et de faciliter les chantiers de l’un comme de l’autre, déterrer le projet routier n’était pas planifié.
Le maire Jean-Guy Cloutier doit rencontrer le premier ministre Philippe Couillard pour discuter du dossier de la voie de contournement ferroviaire. Le rendez-vous initialement prévu le 28 mars a été reporté au début d’avril, en raison de la présentation du budget provincial.
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