Oscar Brochu

Parking payant à l'hôpital de Lac-Mégantic: une vision erronée de la réalité

Lettre ouverte au président du C.A. du CIUSSS de l'Estrie

Monsieur Fortier,

La présente fait suite au projet de tarification imposé pour le stationnement à Lac-Mégantic, au mécontentement que cela crée parmi les clients et les employés de l’hôpital et surtout à l’échec de nos démarches auprès de la Direction des services techniques. Le point fût discuté lors de notre dernière rencontre du CMDP de l’instance locale de Lac-Mégantic, où l’on nous conseilla de nous adresser directement à vous.

Permettez-nous une mise en contexte historique, car la contrainte d’autofinancement des stationnements ne date pas d’hier. La directive ministérielle existe depuis longtemps et notre Conseil d’administration local a toujours voté contre en raison de notre réalité locale. Réalité que nous tenterons de vous représenter le plus justement possible.

En effet, il peut être difficile, depuis Sherbrooke, de concevoir le mode de vie au sein de notre communauté. Pour vous donner une idée, nous avions autrefois une soirée de Noël annuelle, partiellement financée par l’hôpital, à laquelle participait la grande majorité du personnel. Nous y retrouvions, à la même table, le docteur qui jasait hockey avec le gars du ménage, un directeur professionnel sur le plancher de danse qui «swingait» avec l’infirmière ou même le Directeur général qui faisait du limbo sous la barre tenue par ses employés! Cet événement démontrait le respect de l’employeur et contribuait au beau climat de travail, à la rétention du personnel et même à la prévention des burnout. Bon, nous avons perdu le financement avec la refonte du système et ceci est maintenant chose du passé. Aujourd’hui, nous atteignons un autre niveau, car le nouvel employeur exige de ses employés qu’ils paient pour aller travailler. C’est un peu comme si nous demandions à nos secrétaires des sous pour se garer à notre clinique chaque matin. Pour le respect et le beau climat de travail, on repassera.

Le fait que la réforme soit faite au détriment des plus petits centres est souvent dénoncé. Ce n’est peut-être pas toujours le cas, mais dans le cas de la nouvelle tarification du stationnement, ça l’est de façon presque absurde! Nous comprenons que les dirigeants du CIUSSS clament l’équité entre les sites, mais les sites ne sont pas comparables.

Ce qu’il faut savoir en premier lieu, c’est qu’il n’existe aucun stationnement payant à Lac-Mégantic, ni même aucune borne de parcomètre. Il est donc extrêmement dommage que le premier établissement qui briserait ce mode de vie soit une institution publique, plus précisément la plus importante et emblématique de toute notre ville. Dans les grandes villes, il y a souvent une nécessité de surveillance des stationnements ou des agrandissements onéreux. Ici, il n’y a rien de tout ça. Le stationnement est le même depuis des décennies et il est historiquement sécuritaire. Pour mettre des chiffres, il n’en coûte qu’environ 30 000$ par année pour le déneigement et nous n’avons pas vraiment de coûts de réfection. En effet, les rares interventions qui ont eu lieu depuis des décennies ont pratiquement toujours été réalisées dans le cadre d’autre projet, tel que celui de l’agrandissement de l’urgence il y a deux ans. Si nous supposons que les usagers du stationnement du CHUS paieront le double de nous, c’est croire que les coûts d’entretien, là-bas, sont aussi du double. Or, il est évident que l’entretien de votre stationnement excède largement 60 000 $ par année!

Autre différence majeure: nous n’avons ici aucun véritable transport en commun. Nous dépendons des voitures et des stationnements. Oui, il reste le taxi, qui en semaine n’est ouvert que de 6h à minuit. Donc les nuits du lundi au vendredi, à part l’ambulance, il n’y a rien! C’est ce genre de réalité qui, nous croyons, échappe même au plus bien intentionné des gestionnaires des grandes villes.

Finalement, la différence principale est qu’à Sherbrooke, comme dans bien d’autres sites, il est impossible de se trouver du stationnement à proximité de l’hôpital. L’utilisateur est donc plus enclin à payer pour obtenir ce service, mais ici, la situation est tout le contraire. Ce que nous entendons, ces derniers temps, parmi les employés sur le terrain, c’est qu’ils projettent se garer dans les rues adjacentes, à la polyvalente juste à côté ou dans le stationnement du centre commercial en face de l’hôpital. Des textes d’opinion circulent déjà dans l’Écho de Frontenac, notre journal hebdomadaire local, pour mobiliser les gens à agir de la sorte. D’ailleurs, le propriétaire du Carrefour a déjà indiqué qu’il acceptait d’accueillir les employés et les clients de l’hôpital. Ça ne fera que deux minutes à marcher plutôt qu’une! Bon, ça sera particulier de voir les personnes âgées avec leur canne attendent leur lumière pour traverser du côté de l’hôpital, mais c’est ce qui arrivera si le stationnement devient payant. C’est sans compter la congestion des rues adjacentes et les problèmes urbanistes que cela générera. Surtout, comprenons que si les gens délaissent le stationnement de l’hôpital, l’installation des bornes et l’emploi d’agents de surveillance ne seront jamais rentables. L’erreur «humaine» deviendra erreur «financière».

Est-ce cela la vision pour l’hôpital de Lac-Mégantic? Un pilier des services publics de notre communauté qui deviendra collecteur d’une taxe obligatoire? Un site qui arborera les premières et uniques bornes de stationnement dans notre «grand village»? Une institution qui forcera son personnel à payer pour venir prodiguer des soins? Un tentacule sherbrookois qui nous soustrayant le peu d’âme qu’il nous reste à travers cette réforme?

S’il vous plait, utilisez votre influence pour que l’argent public ne soit pas gaspillé à installer des bornes, à engager des agents ou pire encore, à mandater une compagnie privée pour gérer le stationnement. La solution sherbrookoise ne s’applique pas à Lac-Mégantic. Ce stationnement payant ne fera que confirmer ce que trop de gens dénoncent avec la centralisation des pouvoirs entre les mains d’une poignée de dirigeants: l’incompréhension d’une réalité différente de la leur.

Daniel Chouinard et Bernard Gélinas
Médecins de famille
Citoyens du Granit

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