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À la croisée de l'art et l'amitié
Louise Latulipe et Manon Desjardins exposent à la Galerie d’art du CSM jusqu’au 24 septembre.
Manon Desjardins et Louise Latulipe sont aussi différentes que la lune et le soleil. Mais toutes deux ont eu un coup de cœur pour l’œuvre de l’autre en 2000, lors de l’exposition estivale de la galerie d’art du Centre Mgr-Bonin. Fortes de cette complicité, elles ont pris part depuis à de nombreux événements culturels. Intitulée Le lien, un rendez-vous avec notre histoire, l’exposition qu’elles présentent jusqu’au 24 septembre à la Galerie d’art du CSM, se situe à la croisée de l’art et l’amitié.
Ce sont les sculptures de Louise qui sont tombées dans l’œil de Manon. Et les tableaux grand format de cette dernière qui ont attiré la première. Puis Louise s’est initiée à la peinture acrylique au fil de sessions données chez Manon, aux Ateliers du Triangle bleu. Depuis, ce lieu de création et de transmission sert encore d’atelier à l’artiste multidisciplinaire qu’est Louise. Ses expérimentations aussi variées qu’originales viennent en quelque sorte heurter le monde d’acrylique «pure» de Manon, tout en l’outillant dans ses enseignements.
Bien connue pour ses gardiennes de la Terre, Louise Latulipe a depuis élargi son champ d’exploration. Ces tableaux en exposition proposent une incursion dans le paysage, visitent l’art abstrait et exploitent les techniques mixtes. «J’explore pour me retrouver. À la suite de la tragédie, j’ai produit bien des œuvres en lien avec l’événement, puis j’ai voulu passer à autre chose. Depuis, j’essaie de nouveaux styles. Je suis ouverte à tout. Peut-être qu’un jour je vais me concentrer sur un genre en particulier…», partage-t-elle en souriant.
L’inspiration de Louise provient d’un peu partout. Des couleurs qu’elle aime, d’une image trouvée dans un livre, de son regard sur la société… Une de ses œuvres représente même son propre électrocardiogramme. Il y a aussi ses maisons colorées, de son propre aveu en réaction aux nouvelles constructions du centre-ville, où les matériaux nobles ont force de loi. Et plusieurs mains ici et là, «parce que c’est avec elles qu’on crée, qu’on donne, qu’on reçoit, qu’on accueille et qu’on rejette. Des spirales aussi, qui représentent la réalité de la vie. «Parfois, on a l’impression qu’on tourne en rond, qu’on ne va nulle part mais on a quand même fait de petits pas qui finissent par nous mener ailleurs», confie-t-elle.
Manon expose pour sa part une trentaine de tableaux, la plupart issus de ses plus récentes productions. Si chaque œuvre est indépendante des autres, on y voit clairement sa signature artistique. «C’est du «pur moi» tout le temps. Mon départ est toujours le même; mes premiers gestes sont posés avec de la peinture noire. C’est ce qui part la machine; je ne sais jamais à l’avance où j’irai. C’est le noir qui décide. Et je travaille beaucoup avec de l’eau. Si je ne vois rien, je continue à mettre du noir, mettre de l’eau, en enlever, jusqu’à temps que ça me parte.»
Les oiseaux et les poissons sont presque toujours présents dans les œuvres de Manon. En plus du noir, les couleurs rouge et ocre sont deux incontournables, qu’elle appose sur la toile lorsque la «demande» se présente. «Je ne provoque pas ces appels; j’attends qu’ils viennent. Il faut que ça coule, pas que je cherche», explique celle dont les tableaux sont idéalement réalisés en deux jours. «Sinon, le fil n’est plus là, la lumière est éteinte.»
Autre particularité de Manon, l’importance d’un aspect dramatique dans ses œuvres. «Si je vois que mon tableau s’en vient trop joyeux j’arrête, parce que je ne suis pas bien là-dedans. Je sais que je ne l’aimerais pas, qu’il va me taper sur les nerfs. Il me faut ce côté noir, tragique. Je ne cherche pas à transmettre quoi que ce soit et je ne suis pas non plus quelqu’un de dramatique. C’est juste que c’est ce qui m’attire. Et ce que je ressens, c’est ce que j’écoute», partage celle qui est attirée par les extrêmes, comme la ville et la campagne. «Je viens de Montréal et je demeure dans un rang en plein bois. Je m’ennuie de Montréal tout le temps, je suis mélancolique de Montréal mais je sais très bien que je ne suis plus capable d’y vivre au quotidien. En même temps, je ne me passerais pas de la campagne. Je vais toujours avoir besoin des deux.»
Lors du vernissage de leur exposition, qui a lieu ce jeudi 17 août à 18h, les deux artistes révéleront chacune une œuvre représentant un portrait de l’autre. Ces tableaux, qui seront sans doute de puissants symboles de leur amitié, viendront joindre ceux qui garnissent déjà les murs de l’espace Galerie du Centre sportif Mégantic.
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