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Le rideau est tombé une dernière fois. Les décors sont démontés, la salle a retrouvé son calme, les projecteurs se sont éteints. Quelqu'un se chargera-t-il de les faire briller à nouveau ? D'autres mordus de théâtre auront-ils l'audace de leur faire faire un autre bout de chemin?

Peut-être, mais ce ne sera pas moi. J'ai déjà donné. Par contre, des souvenirs impérissables ont déjà pris place dans ma mémoire. Ces visages stressés de comédiens qui en sont à leur première expérience sur scène, ces spectateurs, fidèles au rendez-vous, ces applaudissements qui résonnent dans cette ancienne église, plus habituée au silence et au recueillement qu'aux rires et aux pitreries...Voilà de quoi ma mémoire sera nourrie pour les prochaines années. Parce qu'on n'oublie pas facilement un défi aussi exigeant et plein de rebondissements pour l'homme de théâtre que je crois être (ceci dit, sans aucune prétention...).

De l'amertume et des regrets feront-ils partie de ces souvenirs? Assurément...

Espérer que des connaissances et même des amis viennent enfin assister à au moins une des centaines de représentations des 10 années d'existence du Théâtre de la Première Scène, et chaque soir se dire qu'ils ont sûrement eu un empêchement... se dire qu'ils ont probablement eu de la visite à la dernière minute, qu'ils étaient trop fatigués pour venir se divertir au théâtre. Et on espère les voir arriver la semaine suivante... en vain.

Espérer que les dizaines de personnes croisées au hasard de mes marches quotidiennes et qui m'assurent qu'elles vont essayer de venir nous encourager, et de se rendre compte que finalement, elles n'ont toujours fait qu'essayer de venir...et ce seront les premières déçues de savoir que le théâtre risque de ne plus revivre, et elles se diront qu'elles auraient donc du!

Accueillir des troupes de l'extérieur qui ont dû se taper une heure de route et parfois plus et devoir leur avouer que la salle ne sera qu'au dixième de sa capacité, parfois moins, et constater que malgré tout, ces comédiens auront livré une performance hors du commun, parce qu'eux, contrairement à certains professionnels, ont compris qu'un comédien digne de ce nom se doit d'être à la hauteur de l'assistance, même si celle-ci ne représente qu'une poignée de gens... On appelle cela du respect et du professionnalisme.

Devoir aller à la rencontre d'éventuels commanditaires et leur faire allonger un chèque de commandite, alors que je sais trop bien qu'ils sont sollicités sans arrêt, et souvent pour des causes humanitaires dont le but est d'aider des gens à survivre, alors que nous tentions seulement de faire rire... Et recevoir ce chèque qui nous permettra à nouveau de faire une certaine publicité. Et ces commerces et entreprises qui auront généreusement accepté de nous aider, n'auront pour toute reconnaissance qu'une brève annonce publicitaire dont bien peu de gens tiendront compte. Merci mille fois à ces petits commerces et entreprises qui ont souvent accepté de gruger dans leurs maigres bénéfices pour nous épauler. Votre générosité m'a fait beaucoup de bien.

Mais j'aurai également le triste souvenir de m'être vu refuser toute aide financière par des entreprises bien implantées ici, et sur lesquelles on comptait pour nous aider à survivre. Je ne leur en veux aucunement. Elles ont parfaitement le droit de choisir les causes auxquelles elles veulent s'associer et ce serait impertinent de ma part de leur lancer la pierre. Sauf que leur petit coup de pouce nous aurait parfois aidé à faire moins d'insomnie...

Il y aura aussi ces aveux de personnes mélancoliques, qui, après avoir assisté à une représentation, me diront candidement que cette soirée leur a fait le plus grand bien. Elles auront oublié, le temps de quelques heures, leur quotidien lourd à porter. Ces sourires et ces yeux rieurs à la sortie du théâtre, et qui traduisent mieux que les mots, la joie et le contentement d'avoir passé une belle soirée.

Mais il y aura aussi le souvenir de pièces moins populaires, de remarques négatives de la part de spectateurs qui n'ont jamais pris le risque de sortir de leur zone de confort dans la vie, et qui ignorent totalement le nombre d'heures de pratique et d'étude de texte qu'il faut pour en arriver à livrer un produit de la sorte. Et comme ils n'auront pas apprécié ce type de comédie, ils décideront de ne plus venir au théâtre, se disant qu'ils n'aiment tout simplement pas ça. A ceux là, je dis qu'il nous arrive tous un jour ou l'autre d'aller voir certains films qui ne nous plaisent pas, mais est-ce une raison suffisante pour ne plus mettre les pieds au cinéma? Poser la question, c'est y répondre. Et leur décision fera en sorte qu'ils passeront à côté de superbes comédies qui les auraient assurément réconciliés avec les arts de la scène.

Et il me restera un souvenir dont peu de personnes connaissent l'existence. Une tradition au théâtre que mon ami Alain Camiré a décidé d'implanter dans les premières années d'existence de cette salle. En effet, les soirs de représentation dont le nombre de spectateurs atteignait 100 personnes et plus, on allumait la croix du clocher. Et quelle joie dans le visage des comédiens quand, à l'entracte, on les informait que la croix du clocher était allumée. Ce sont leurs yeux qui s'allumaient également, sachant très bien la signification de cette symbolique.

Alors, si un soir, en repassant à Marston, je remarque que la croix est illuminée, j'aurai un petit pincement au cœur...et de beaux souvenirs referont surface, le temps de me dire que, finalement, tout ça en valait vraiment le coup!

Guy Gagnon

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