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Soutien et partage entre personnes trans

Miro, Andrée et Matt en compagnie de la travailleuse sociale Élise Nault-Horvath.
En octobre dernier, l’Écho rencontrait Matt, jeune homme de 20 ans bien dans sa peau, au terme d’un véritable parcours du combattant pour se libérer d’une identité de genre qui l’étouffait comme une prison. Il y a trois mois, Matt souhaitait la formation d’un groupe de soutien réunissant des personnes trans de la région de Mégantic. Et son appel a été entendu.
Peu après la parution de l’article de l’Écho, publié dans l’édition du 3 novembre 2017, le groupe a pris forme. Aujourd’hui, ils sont cinq à se réunir un lundi sur deux, en compagnie d’Élise Nault-Horvath, travailleuse sociale oeuvrant au sein de l’équipe de proximité. Deux d’entre eux, Andrée et Miro, ont accepté de partager leur réalité, souhaitant, à l’instar de Matt, démystifier un sujet qui, heureusement, est de moins en moins tabou.
Miro est la preuve vivante de l’ouverture à la réalité des personnes trans. Cet adolescent de 15 ans qui fréquente la polyvalente Montignac confie que certains sont venus l’aborder à la suite du témoignage de Matt dans l’Écho. «Des gens sont venus m’en parler, m’ont dit que c’était cool l’article sur les personnes transgenres», partage l’élève de 4e secondaire. Sa décision de vivre en gars a été prise à la suite de recherches intensives sur internet alors qu’il était encore en questionnement. «J’en suis venu au constat que je ne pouvais pas continuer de vivre en tant que fille. Ce qui m’a fait le plus de bien, c’est quand ma sœur m’a dit : cool, je vais avoir un frère!».
C’est sous son nouveau nom que Miro a débuté la présente année scolaire. «Au début j’étais vraiment stressé, je me demandais comment ça allait se passer. Mais je n’ai pas eu de problème, aucune intimidation. Les gens s’adaptent facilement. De nos jours je pense que c’est beaucoup plus ouvert.»
Plus ouverte la société? Certes oui. Il y quatre décennies, la notion de transgenre n’était même pas concevable. Y compris pour les personnes aux prises avec cette réalité. C’est du moins le cas d’Andrée, qui a senti sa «différence» vers l’âge de 8 ans. «Mais à l’époque, je ne veux pas être différent; on est dans les années 70… Sans raconter toute ma vie, disons que c’est allé tout croche parce que j’avais des questions pour lesquelles je ne pouvais pas avoir de réponses. Comme je me trouvais fuckée pis détraquée moi-même, j’avais peur qu’en allant voir un spécialiste, j’obtienne cette confirmation. J’aurais voulu avoir une maladie qui se guérit. J’ai voulu enlever ce malaise, j’ai tout fait pour ne pas être comme ça…» Aujourd’hui, Andrée s’assume pleinement. «Mais ça ne fait pas un siècle. Je suis hormonée depuis un an. Mon questionnement et mes rencontres avec d’autres personnes transgenres ont débuté il y a environ quatre ans», transmet cette résidante de Notre-Dame-des-Bois.
Élise Nault-Horvath informe que les membres du groupe de soutien ont entre 15 et 67 ans. «C’est intéressant d’avoir ces différences d’âges et de vécus au sein du groupe. Ça donne lieu à des échanges enrichissants. Tous n’ont aucune difficulté à respecter les trois règles de base: respect, ouverture et confidentialité.»
Le groupe a aussi sa page Facebook «Communauté Trans Mégantic», où sont partagées des informations crédibles sur la dysphorie de genre. Ce n’est toutefois ni un lieu d’échange ou d’intervention. Les personnes trans ou en questionnement souhaitant prendre part aux rencontres du groupe de soutien peuvent toutefois soumettre un message privé via cette page, ou contacter Mme Nault-Horvath au 819 583-0700.
Cette dernière mentionne aussi la possibilité d’une rencontre «grand public» et invite les membres de la population intéressés par l’idée à la contacter. Au sein du groupe, on est très ouvert à l’initiative. «L’idée c’est de donner l’opportunité de poser ses questions aux personnes qui vivent dans cette situation, de démystifier le sujet pour que ça devienne une normalité», souhaite Andrée.
Jusqu’à maintenant, Matt n’a reçu que des commentaires positifs à la suite de son «coming out médiatique». «Parmi les moments touchants, il y a ce monsieur d’un certain âge que je ne connaissais pas et qui est venu me parler parce qu’il avait lu l’article dans l’Écho. Il m’a posé des questions, il était vraiment intéressé. Je ne m’attendais pas à ça», partage-t-il, agréablement surpris.
Conclusion commune: le changement d’identité de genre prend des formes variant d’un nouveau nom à l’intervention chirurgicale. Une constante, le goût du bonheur. «La dysphorie de genre est différente d’une personne à l’autre. Il y a aussi toute une réflexion qui évolue là-dedans. Ce qui importe, c’est d’en arriver au degré de bien-être recherché», transmet Andrée.
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