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Transmission de savoir et traversée du miroir
Paris, 17 février 1673. Molière s’apprête à jouer sa 4e et dernière représentation du Malade imaginaire. À ce moment historique, marquant la fin de l’illustre comédien et dramaturge, se succède un récit complètement fictif signé Jean-Rock Gaudreault. Une rencontre entre le grand homme de théâtre et Louis, le fils du roi Louis XVI, qui veut apprendre à jouer. Jouez, Monsieur Molière!, pièce au langage classique qui porte des valeurs bien d’aujourd’hui était présentée dans l’après-midi du 29 mars aux élèves du premier cycle de la polyvalente Montignac.
La metteure en scène et directrice artistique de la compagnie théâtrale Mathieu, François et les autres…, Jacinthe Potvin, œuvre aux côtés de l’auteur depuis une vingtaine d’années. «Quand Jean-Rock m’a dit qu’il voulait écrire sur cette rencontre entre Molière et le fils de Louis XIV, j’ai trouvé l’idée géniale; c’est le fils du roi, il a tout ce qu’il veut mais il ne peut pas jouer. Il n’a pas de temps, pas d’espace. J’aime aussi tout ce que ça dit sur l’importance du jeu, l’importance de la création, le droit de jongler avec des idées, oser dire des patarafes, cette revendication d’une liberté de pensée, un droit à la parole, des valeurs que je trouve extrêmement riches», a-t-elle transmis à l’Écho au terme de la représentation, pour laquelle elle a qualifié d’exceptionnelle l’écoute des élèves de Montignac.
Pour celle qui a aussi mené une carrière de comédienne, la qualité du jeu des acteurs est primordiale. «D’autant plus que je travaille avec un auteur qui crée de beaux personnages plein de nuances et de profondeur.» Jacinthe Potvin s’est entourée de Normand Canac-Marquis (Molière), qu’elle connait depuis des années mais qu’elle n’avait jamais dirigé, et d’Alexandre Dubois, auprès de qui elle avait œuvré dans une autre production. Deux comédiens ne se connaissant pas au départ mais qui ont rapidement développé une joyeuse complicité.
Cette pièce de 75 minutes s’adresse tant à un public adulte qu’aux jeunes de 11 ans et plus. Le personnage de Louis, âgé de 12 ans, rejoint les adolescents, fait valoir Jacinthe Potvin. «En même temps il y a cette dimension de la transmission, de l’adulte qui transmet son savoir à quelqu’un de plus jeune. Même si Louis ne devient pas acteur, il ne perdra jamais ce qu’il a appris. Je trouve important qu’on reconnaisse qu’il y a des adultes qui, effectivement, nous transmettent des affaires qui sont puissantes. Et que comme ado, on a envie d’apprendre, on a envie de savoir.»
La pièce campe un Molière délinquant, une particularité qu’on attribue habituellement aux adolescents. «Je trouve cette dimension intéressante. Pour Louis, Molière est son idole. Or, son idole l’amène sur des chemins où il ne s’attendait pas d’aller et ça le provoque. La dimension de l’enfant-roi est intéressante aussi. C’est l’enfant-roi d’une royauté. Quand il dit, «si le soleil menace ma peau on m’érige un palais» et «je n’ai pas le temps de jouer», ça réfère aussi aux enfants qu’on «sursurprotège» et qui ont un agenda long comme le bras.»
Tant le propos que la grande qualité du texte de Jouez, Monsieur Molière se démarquent par leur magnificence. Jacinthe Potvin parlera également du décor, créé par Francis Farley-Lemieux, hybride entre loge et coulisses, qu’on ne devine qu’à la toute fin, alors que Molière entre en scène, tournant le dos au public. «Je trouvais importante cette traversée du miroir. Il y a aussi les costumes créés par Ginette Grenier et la musique originale de Catherine Gadouas, un mélange entre résonnance classique et quelque chose de beaucoup plus contemporain. Et lumière, qui est importante (André Rioux); je voulais qu’à chaque fois que Molière parle on soit dans une espèce de bulle, d’atmosphère, qui après se défait. Enfin, il y a tous les membres de l’équipe technique qui sont précieux. Je suis très chanceuse, je travaille avec d’excellents collaborateurs», termine la metteure en scène.
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