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Garneau déraille
J’ai souvenir encore du ministre fédéral Marc Garneau, un clou de chemin de fer en main, et prenant à témoin les deux premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau, que la sécurité ferroviaire était et resterait «sa» première priorité. Une «vraie» profession de foi! C’était pas plus tard que le printemps dernier, au centre-ville pour une importante annonce officielle concernant la voie de contournement ferroviaire. Même la température était triste ce jour-là.
Les gens de Mégantic ont vu neiger. Les paroles de politiciens, ils en prennent et ils en laissent, sachant fort bien que les gouvernements ne passent pas toujours de la parole aux actes. Et dans ce cas précis de ferme promesse de sécurité, l’avenir a donné raison aux sceptiques.
La récente décision du Bureau de la sécurité des transports (BST) de retirer le transport de liquides inflammables par train, comme le pétrole, de sa Liste de surveillance des matières dangereuses n’est pas passée inaperçue. Avant 2013, on ne pouvait pas compter sur le ministère des Transports du Canada pour prévenir les catastrophes et mieux serrer la vis aux transporteurs. Cinq ans plus tard, Garneau nous refait le coup de ses prédécesseurs. Les bottines ne suivent pas les babines.
Que pense la Fédération québécoise des municipalités de cette volte-face? «On ne comprend pas du tout les raisons qui ont mené le BST à prendre une telle décision. Pas plus tard que cet été, un train transportant du diésel et du propane a déraillé à Saint-Polycarpe. Heureusement, personne n’a été blessé, mais les risques sont toujours présents», note son président, Jacques Demers. Incompréhension tout à fait légitime quand on sait que plus de 500 municipalités au Québec sont traversées par une ligne de chemin de fer et qu’elles sont susceptibles de subir à leur tour un accident impliquant le transport de matières dangereuses.
Garneau qui fait la sourde oreille au monde municipal, ce n’est pas une nouvelle de dernière heure. Pas de quoi tuer la Une. Le personnage est presque devenu une caricature au fil du temps. Comme une girouette, il va vers où souffle le vent. Et le vent souffle d’ouest en est. Des States jusqu’aux Maritimes. Du Dakota-du-Nord jusqu’à Lac-Mégantic. En fait, Garneau a tout bonnement «obéi» à la logique trumpiste qui veut que la sécurité et l’environnement ont beau être des objectifs nobles, on s’en sacre, ça n’amène pas à manger.
Le journaliste Marvin Baker, du Kenmare News, au Dakota-du-Nord, suit le dossier de Lac-Mégantic de très près. Son environnement à lui c’est le pétrole de schiste. Il s’en excuse presque. Parce qu’il sait bien que le feu du centre-ville partait de sa région. Il est à l’affût. Un genre d’espion qui nous fournit des renseignements du front, là où la plupart des fermiers sont devenus des pétroliers. L’appât du gain, plus fort que tout. En septembre, il nous a envoyé un courriel qui avait toutes les allures d’un signal d’alarme. La Commission industrielle du Dakota-du-Nord prévoyait rien de moins que d’assouplir les règles concernant le transport de produits inflammables à la demande des pétrolières qui peinaient à répondre aux exigences. Trop sévères, vos règles! Ce qui a fait bondir Marvin. «The people of Lac-Megantic were the ones who struggled and now if the industrial Commission passes this new rule, another tragedy like this is just waiting to happen.» Traduction libre: «Les gens de Lac-Mégantic ont été les premiers qui se sont battus et maintenant si la Commission industrielle adopte de nouvelles règles, une autre tragédie comme celle-là nous attend.»
Marvin est d’autant plus inquiet que cette fameuse Commission n’est pas seule à vouloir lever le pied sur la réglementation américaine qui a été resserrée en 2015, deux ans après la tragédie. Le gouverneur de l’État, la Commission de l’agriculture et le Procureur général vont soutenir la demande des pétrolières et arranger le cadre règlementaire de manière à ce qu’il était autrefois, avant le choc méganticois qui les a tous fait mal paraître. La raison pour relâcher les règles est tout bonnement ridicule: «Notre directeur des ressources minières, qui est rien de moins qu’un «cheerleader» pour les compagnies pétrolières, a dit à la Commission que les compagnies ont parfois de la difficulté à suivre les règles, donc elles souhaiteraient que les règles soient assouplies.»
Lac-Mégantic compte des alliés aux États-Unis plus sincères encore que nos bonzes à Ottawa. La FQM a donc la réponse à sa question. Si Garneau veut tant assouplir les règles, en catimini, en passant discrètement la commande au BST, c’est qu’il n’est pas foutu de se dresser devant les pétrolières et les compagnies ferroviaires, au moment même où le transport de pétrole par train est en pleine croissance. Cinq ans après la tragédie de Lac-Mégantic, la municipalité est toujours à risque parce que nos cheerleaders à nous ont le plein pouvoir.
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