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«L'enfer serait un monde sans enfant»
Nicolas Gendron, comédien et metteur en scène de L’enfance de l’art, s’est librement inspiré des textes de Favreau écrit pour l’émission Sol et Gobelet.
Un voyage initiatique au pays où les mots fréquentent des horizons peu explorés dans un décor aux frontières éclatées. L’enfance de l’art-Doigts d’auteur de Marc Favreau est un bijou de texte et de jeu, à la fois rafraîchissant et percutant. Retour sur cette aventure vécue le 6 décembre, dans la Salle Montignac.
De la conception à la vieillesse en passant par cette «vie active», où les concepts de performance et production à tout prix sont habilement déconstruits, cette adaptation des textes de Favreau est une savoureuse satire, un juste mélange d’humour et de critique sociale. «L’enfer serait un monde sans enfant». Un extrait à la fois prémisse et fil conducteur, l’enfance étant avant tout une question d’esprit.
On retrouve avec bonheur, particulièrement si notre enfance date des années soixante-dix, l’univers dans lequel évoluaient Sol et Gobelet, émission dont s’est librement inspiré Nicolas Gendron, qui signe aussi la mise en scène de la pièce en plus d’y évoluer comme comédien.
Incroyablement d’actualité, le propos pourtant tiré de textes datant de presque cinq décennies pose une réflexion sensible sur l’instruction, le marché du travail. Sur le pouvoir de l’argent: «sans crier gare, tu deviens une locomotive, alors tu changes de train de vie». Sur les exigences d’une société qui laisse encore trop peu de place à l’art et aux artistes, comme si ces derniers étaient condamnés à vivre en marge de celle-ci. Tel un comédien errant, travailler dans le noir fait partie de ton clandestin.
Regard lucide aussi sur les services de santé, où l’hôpital est malade parce que congestionné, où les civières sortent de leur lit (c’est la grande perfusion). Où les docteurs sont rares; des «ovnipraticiens». Où les premiers soins seront les derniers. «Quand on sabre dans le collectif, on raccourcit le personnel.» Heureusement, «tous ceux qui partiront seront remerciés».
La société de consommation passe également dans la moulinette à mots. Quant l’abondance cause l’inflammation on sort la «ose» des prix. On arrose tellement que le dollar flotte et que le patron nage… Des mots aussi sur le pouvoir, symbolisé par ce personnage dans une brouette. Pouvoir dont on abuse, qui agonise et qui bascule. Arrive un nouveau premier ministre, selfie bien en main. Et le pouvoir reprend vie, puis se monte à la tête jusqu’à ce que sa gestion pose problème.
Passage également dans le système judiciaire, où le «pro-coureur» fait la poursuite, et celui qui parle pour toi est l’avocat de la «dépense». Mais tu t’en fiches t’es déjà «prévenu». Du côté de l’environnement, c’est plus rassurant; tout baigne dans l’huile.
Beaucoup de mots dissertés avec intelligence et verve grâce aux talents des comédiens de l’équipe d’Ex Libris, Maxime Beauregard-Martin, Frédérique Bradet, Gabriel Dagenais, Nicolas Gendron et Audrée Southière, qui ont aussi fait office de chanteurs. Les voix de Clémence DesRochers et Marcel Sabourin (ce dernier également sur écran géant) étaient par ailleurs intégrées à l’ensemble.
Élément de synchronicité, le spectacle présenté le jeudi 6 décembre comportait un extrait sur la solitude des aînés, faisant sans le vouloir écho au discours de la députée Catherine Dorion, prononcé dans la même journée à l’Assemblée nationale. Dans L’enfance de l’art, on parle «des vieux qu’on interruptionne, qu’on retraite fermé, à qui on donne leur appréhension de vieillesse. «On les laisse même plus marcher, on les roule. On leur donne un beau petit foyer modique; ils sont drôlement bien isolés.»
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