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Restaurée, la grande verrière de l’église Ste-Agnès reprend sa place

Bernardino Caetano met les dernières touches aux éléments de support des vitraux.
Mission accomplie pour l’équipe du Studio du Verre, du maître verrier Jeff Scheckman, présentement au travail pour la réinstallation des vitraux de la précieuse verrière de l’église Ste-Agnès de Lac-Mégantic. Dix mois d’une tâche minutieuse de restauration dans les règles de l’art de 49 vitraux dans l’atelier de la rue Bonsecours, à Montréal, et qui se conclue d’ici le 20 janvier avec la dernière touche.
«C’est un travail d’artisan comme dans le Moyen-Âge, sauf pour quelques outils électriques. Dans notre philosophie de restauration, on garde tout ce qui est original. On n’a utilisé presqu’aucun verre neuf», d’expliquer le maître verrier à l’Écho, lors d’une visite des lieux le 10 décembre.
Les vitraux situés dans la partie supérieure de la verrière n’ont jamais quitté l’église. Ils ont été restaurés sur place. Si la restauration en atelier a présenté un défi de taille, en raison de toute la délicatesse que ses artisans ont dû déployer pour conserver l’originalité de l’œuvre et de ses matériaux, l’installation finale n’en était pas moins risquée. «L’installation de la verrière en 1912 a été faite par des vitriers, pas par des verriers, de sorte que les vitraux n’ont pas été installés comme il faut par les ouvriers engagés à l’époque. Chaque pièce mettait beaucoup de poids sur les autres.»
Jeff Scheckman n’est pas un néophyte. Il a travaillé notamment dans la restauration de certaines œuvres de la Basilique Notre-Dame et l’Oratoire Saint-Joseph, à Montréal. Tout en étant l’une des plus grandes restaurations à son actif, la verrière de l’église Ste-Agnès demeure, en terme d’âge, la plus ancienne et aussi la plus précieuse en terme patrimonial sur laquelle il a travaillé. «On ne trouve pas d’œuvre comme ça ailleurs au Québec ni ailleurs au Canada. Il n’y a pas non plus d’autre histoire aussi fascinante que celle de cette verrière-là», n’hésite pas à affirmer le maître verrier.
Un bref rappel de son histoire. Fabriquée en 1849 à l’atelier de William Wailes, un fabricant renommé de vitraux établi à Newcastle, en Grande-Bretagne, pour être installée dans l’église de l’Immaculée-Conception à Londres, elle a été offerte en 1912 au curé Joseph-Eugène Choquette, lors de la construction de l’église Ste-Agnès. Elle est aujourd’hui reconnue comme œuvre patrimonial par le gouvernement du Québec.
Sur certains vitraux, note le maître verrier, la peinture sur verre n’était pas stable. De la grisaille couvrait une partie des superficies. «Sur environ 20% des tableaux, on risquait d’endommager la peinture. Notre plus grand défi était de restaurer les vitraux sans faire aucun dommage.»
À chaque étape du chantier, minutie et patience ont guidé chacun des gestes posés. Faut-il s’étonner que le métier de maître verrier puisse sembler en voie de disparition? «Ici, on a des problèmes à trouver des jeunes pour la relève. On n’a pas d’école pour enseigner le vitrail au Canada», déplore Jeff Scheckman. Un art plus vivant en Europe, où logent les grandes architectures du monde. L’art du vitrail date du 13e siècle.
Bernardino Caetano, un ouvrier d’origine portugaise mais né en France, découpe barlotières et vergettes, des éléments essentiels dans la structure de support aux vitraux. Un autre ouvrier, Stanislas, opérant dans les échafaudages, est Bulgare d’origine. Un seul Québécois parmi le groupe dirigé par Jeff Scheckman, lui-même un Américain du New-Jersey. «On a aussi des Français qui travaillent pour nous.»
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