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Voie de contournement: Nantes craint une dévaluation
Le maire de Nantes, Jacques Breton.
Le maire de la municipalité de Nantes, Jacques Breton, souhaite donner l’heure juste sur les impacts du tracé retenu pour la voie de contournement ferroviaire, bientôt mise en chantier. «À Nantes, il y aura des impacts et ils sont majeurs pour les 104 résidences du secteur Raypi qui se retrouvent à moins de 500 mètres de la future voie. Pour eux, il n’y aura aucun recours, aucune négociation possible.»
Le téléphone n’a pas dérougi à l’hôtel de ville de Nantes au lendemain de l’annonce, par la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, que l’ensemble du dossier était maintenant transféré entre les mains de Transports Canada, qui assurera la continuité du projet.
«Qu’est-ce que le maire va faire avec ça, m’ont demandé mes citoyens. L’annonce est passée comme quoi tout est accepté, que tout est en marche et qu’il n’y aura pas d’impact sur personne ou si peu, alors que c’est faux», rectifie le maire, rencontré le 16 octobre à son bureau.
Pour pouvoir quantifier l’impact sur la valeur des résidences qui se trouveront à proximité de la voie ferrée, Jacques Breton a posé la question à la firme d’évaluation Jean-Pierre Cadrin. «La perte de valeur d’une maison qui se retrouve du jour au lendemain à côté d’une voie ferrée peut varier de combien?»
L’évaluateur s’est basé sur deux cas concrets, une voie ferrée construite à Longueuil et une autre à Markham, en banlieue de Toronto, pour mieux déterminer la variante de dévaluation. Résultat: entre 5% de dévaluation à Longueuil et 25% à Markham.
«Le gars qui a une maison de
250 000$ à qui on dit qu’elle va valoir désormais 180 000$, sans aucun recours, ce gars-là n’est pas heureux. Ceci dit, je ne cherche pas un débat politique, je veux juste faire ma job de maire, défendre mes citoyens et rectifier les faits.»
Tout à fait conscient qu’il n’a pas le pouvoir de changer les choses et de «faire revirer la machine de bord», à cette étape-ci du dossier, surtout après deux audiences du BAPE, le maire Breton soumet la situation dans laquelle vont se retrouver de nombreux propriétaires du secteur Laval-Nord.
«Dans les années 80, quand le développement Raypi s’est mis à se remplir, c’était toutes des jeunes familles, des jeunes dans la trentaine qui, 40 ans plus tard, sont rendus dans un âge plus avancé. Le gars qui comptait sur sa maison comme fond de retraite vient d’en perdre jusqu’au quart du coût, au moment où il la mettra en vente.»
Élu municipal depuis 28 ans, dont deux mandats à la mairie, Jacques Breton dit avoir toujours préféré la négociation aux guerres de clochers. «Quand j’étais jeune, à l’école (au village) on se faisait dire : les ost… de Laval-Nord, et à Lac-Mégantic, on se faisait dire la même chose : les ost… de Laval-Nord.» Donc, l’inconfortable position d’un élu assis entre deux chaises, il l’a vécu !
Dans le dossier actuel, il refuse de s’emporter : «Quelqu’un qui est fâché ne livre pas un bon message!» Mais, il ressent l’injustice en rapport avec sa voisine: «La mairesse de Lac-Mégantic pourra dire: chez nous, on va augmenter la valeur de mon centre-ville de plusieurs millions, une fois enlevé le gros triangle de voie ferrée dans le milieu. Alors que moi, à Nantes, plusieurs de mes concitoyens vont perdre beaucoup d’argent!»
Entre 1 et 5 millions de dollars en valeurs foncières, si on calcule une valeur moyenne de 200 000$, et plusieurs milliers de dollars en taxes générales dans ce quartier résidentiel où le taux de taxe générale est établi à 1,02$, incluant deux règlements d’emprunts.
Il ne gardera pas un bon souvenir de toutes ces années, depuis 2016, où il s’est retrouvé autour de la table de discussions avec les intervenants politiques sur le dossier de la voie ferrée. Un homme en particulier, Luc-Alexandre Chayer, le haut fonctionnaire de Transports Canada, responsable du dossier: «M. Chayer avait un pouvoir énorme. Le ministre Marc Garneau lui avait donné quasiment carte blanche en lui disant: tu nous règles ça, faut que ça passe.»
Alors, l’impact, selon lui, sera visible dès le moment où les ouvriers occuperont le tracé retenu, couperont le 11e rang en deux, et que les résidents vivant à proximité entendront le train filer à 40 km/heure dans leur cour arrière. «Je parle avec mes citoyens
(trois résidences devront être déménagées) ; ils n’ont pas encore eu d’offre d’achat; en ville non plus!»
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