Interconnexion Appalaches-Maine: trois nations autochtones lèvent un drapeau

Le Bureau des
audiences publiques sur l’environnement (BAPE) vient de rendre public son
rapport relativement au projet de la ligne d’interconnexion des Appalaches-Maine.
Si la Municipalité de Frontenac a émis quelques réserves, ce n’est rien en
comparaison des divergences entre la Nation Wabanaki et la Nation
huronne-wendat quant à l’occupation traditionnelle du territoire alors que, de
leur côté, les Premières Nations Innue jugent carrément «inconstitutionnel» un
siècle de développement hydro-électrique sur leurs propres territoires, situés
au Nord, sans leur consentement.

Mise en
situation. En 2018, Hydro-Québec a été retenue à la suite d’un appel de propositions
de l’État du Massachusetts visant la livraison de 9,45 TWh, d’hydroélectricité
par année.

Le contrat
d’approvisionnement d’une durée de 20 ans a pour objet de fournir une quantité
d’électricité représentant 17% de la consommation annuelle du Massachusetts.
Pour livrer l’électricité, Hydro-Québec a développé un projet qui consiste à
construire une ligne aérienne de transport d’une tension de 320 kV permettant
de fournir jusqu’à 1 243 MW de puissance électrique. D’une longueur
de 103 km, la ligne relierait le poste des Appalaches à un point de
raccordement localisé à la frontière canado-américaine, dans la municipalité de
Frontenac. La ligne se raccorderait alors à celle du projet New England Clean
Energy Connect, actuellement à l’étude dans l’État du Maine.

Le mandat
d’enquête et d’audience publique a débuté le 20 juillet 2020, sous la
présidence de Michel Germain, avec la participation du commissaire Scott McKay.
En raison de la crise sanitaire de Covid-19, la première partie de l’audience
publique a eu lieu à Québec les 21 et 22 juillet. La seconde partie s’est
déroulée à Thetford les 18 et 19 août. Là-bas, la commission a reçu 24
mémoires, dont 14 ont été présentés et auxquels s’est ajoutée une présentation
verbale. Aucune rencontre publique ne visait spécifiquement le territoire de la
MRC du Granit où

le projet est
plutôt bien accueilli.

La municipalité
de Frontenac, à l’instar de la MRC des Appalaches, s’est manifestée aux
audiences pour exprimer ses préoccupations quant aux impacts de la ligne projetée
sur les paysages de la région. Le respect des activités forestières est également
une préoccupation de la Municipalité, dont l’économie reposerait en partie sur
cette industrie.

Par ailleurs,
la découverte de pointes à cannelures en 2003 a confirmé la présence de
chasseurs autochtones sur le territoire de cette municipalité remontant à plus
de 12 000 ans. Le respect de cette découverte archéologique constituerait
pour Frontenac un autre enjeu important.

Le parc de Frontenac

Dans l’autre
partie du territoire de la MRC, une perturbation serait à prévoir lors des
travaux de construction de la ligne, selon des intervenants. Pour diverses
raisons, des participants sont d’avis que le tracé qui traverse le Parc
national de Frontenac serait celui du moindre impact, et ce, même s’il
nécessite une modification des limites du parc. Dans son rapport, le BAPE fait
état d’un précédent qui serait créé par la modification des limites d’un parc
national et qui préoccupe des organismes qui estiment que des mesures de compensation
exceptionnelles seront requises de la part d’Hydro-Québec.

Autre
préoccupation particulière, le lac Thor, dans le canton de Stratford. Les
riverains craignent une accélération de l’eutrophisation, l’écosystème fragile
de ce lac étant un lieu de prédilection pour les espèces rares ou en voie
d’extinction.

Mésentente entre deux nations

Au Nord, les
Premières Nations Innue de Pessamit et Atikamekw de Wemotaci affirment
qu’Hydro-Québec a l’intention d’exporter de l’électricité acquise «inconstitutionnellement»,
sans consultation ni accommodement et compensation, lors de la construction de
centrales hydroélectriques sur leur territoire entre 1911 et 2204. Les deux communautés
considèrent qu’elles subissent toujours les perturbations économiques, culturelles
et sociales engendrées par cette exploitation et exigent des mesures de réparation
avant la réalisation de tout nouveau projet d’exportation aux États-Unis.

Mais il y a un
autre champ de bataille qui se dessine au Sud. La ligne traverserait une partie
du Ndakina, le territoire ancestral de la Nation Wabanaki dans laquelle
celle-ci pratiquerait des activités à des fins alimentaires, rituelles et
sociales.

Pour sa part,
la Nation huronne-wendat est préoccupée par la protection de son patrimoine
archéologique et culturel. La Nation souligne qu’elle n’a pas eu l’occasion
d’analyser si le projet avait des impacts sur l’occupation contemporaine et les
activités coutumières de ses membres. Elle propose différentes mesures, dont la
réalisation d’une étude sur l’occupation historique du territoire et d’une
autre sur le potentiel archéologique. Elle souhaite également participer aux
inventaires et aux fouilles sur le terrain.

Les Hurons
continuent de défendre la thèse de l’occupation du territoire par leurs ancêtres.
Ce serait, selon eux, «une perte immense pour la Nation si des secteurs
d’intérêt étaient perturbés ou détruits par les travaux à venir.»

Ce qui n’aide
pas à débrouiller l’imbroglio, c’est que les deux nations ont des intérêts
divergents: les Abénakis sont «absolument en désaccord avec l’inclusion de la
Nation huronne-wendat dans ce processus.» Les Abénakis n’accordent aucune
reconnaissance aux prétentions de la Nation huronne-wendat concernant les
secteurs du Nionwentsiö chevauchant le Ndakina.

Et dire que la
mise en service des nouveaux équipements est prévue pour 2022!

 

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