Lucie Pagé vient de publier son nouveau roman.
Médecin de profession, Marie-Jeanne est aux prises depuis 30 ans avec des médicaments qui ne l’ont toujours pas libérée de sa souffrance. D’abord convaincue que sa guérison doit absolument passer par la voie scientifique, elle se tournera vers des connaissances ancestrales, qui la mèneront jusqu’à une cérémonie d’ayahuasca. Cette plante médicinale lui ouvrira les portes vers la lumière et l’investissement d’une nouvelle mission: bâtir un pont entre le monde médical et les médecines ancestrales. Bienvenue dans l’univers de Marie-Lumière, le tout nouveau roman de Lucie Pagé. Un véritable plaidoyer sur le droit de guérir autrement.
Bien que les personnages de son roman soient fictifs, tout ce qui est mentionné dans le livre est vraiment arrivé, à elle-même ou à ceux dont elle a pu observer l’expérience. «J’ai été témoin de guérisons extraordinaires. J’ai vu quelqu’un arriver en chaise roulante et repartir en marchant… J’ai réalisé l’ampleur de ce qu’on ne connaît pas. On ne comprend pas l’étendue de tout ce qui est possible. La science est une façon très limitée de voir la vie. Je ne dis pas qu’elle n’a pas sa place mais elle ne doit pas prendre toute la place», partage l’auteure, qui a commencé sa carrière de journaliste dans le domaine scientifique. «J’ai toujours un esprit cartésien mais je travaille avec des gens qui ont des contacts avec l’autre dimension. Ça ne s’invente pas des choses comme ça. J’ai rapporté des faits.»
Pourquoi un roman plutôt qu’un reportage? «Les traumatismes, c’est personnel; il aurait fallu se mettre à nu. C’est plus facile de mettre des personnages à nu», transmet celle qui s’est guérie définitivement des symptômes potentiellement mortels de sa ménopause grâce à l’ayahuasca. Tout comme le personnage de Juliette, dans son roman Sexe, pot et politique, Lucie avait d’abord trouvé une façon de les éliminer grâce à l’huile de cannabis. Juliette, qui revient incidemment dans Marie-Lumière, à titre de personnage secondaire.
En décrivant dans son roman tout ce qui doit précéder une cérémonie d’ayahuasca (dont l’arrêt complet de médicament et l’élimination de certains aliments) et l’importance de faire appel à un chaman d’expérience, Lucie Pagé fait contrepoids aux divers reportages décriant les dangers de cette plante médicinale ancestrale de l’Amazonie. «On crache sur quelque chose qu’on ne comprend pas et qu’on n’utilise pas de la bonne façon. Mal utilisé, n’importe quel médicament peut être fatal!», dénonce-t-elle.
L’auteure de Marie-Lumière souhaite qu’on laisse la place aux savoirs ancestraux des peuples autochtones comme avenues de guérison. «Le message de ce livre, c’est il y a d’autres façons de guérir que par la médecine occidentale. Et la condescendance et l’arrogance qu’on a à l’endroit des plantes médicinales autochtones… on n’a pas d’affaire à cracher sur des médecines qu’on ne connait pas! En Occident, on traite trois couches de l’être humain alors qu’il y en a quatre. En plus du corps, du cœur et de la tête, les peuples autochtones traitent aussi l’esprit. Faisons une place à la table aux premières nations et écoutons-les! Et laissons la chance aux gens de guérir autrement!», transmet cette bois-damienne d’origine, qui vit en alternance au Québec et en Afrique du Sud, pays où «tu n’as pas besoin de convaincre personne qu’il existe un monde spirituel».
Athée, elle établit une nette différence entre spiritualité et religion. «Avec la religion, tu regardes ce que l’autre a vécu de l’extérieur. La spiritualité est une expérience intérieure. On a grandi avec la croyance que si la science n’est pas capable d’expliquer une guérison, elle n’existe pas. Pour ma part, j’ai demandé à la plante (ayahuasca) de me guérir et j’ai des preuves physiques de ma guérison.» L’écrivaine mentionne du même souffle que la dimension énergétique explorée par la physique quantique, «est en train de confirmer ce que les yogis disent depuis 15 000 ans».
Lucie Pagé souhaite que la société occidentale s’ouvre davantage aux valeurs spirituelles des peuples autochtones et moins à la recherche de profits. «Lorsqu’il regarde une forêt, un occidental calcule combien d’argent elle peut rapporter. Les premières nations y voient l’esprit de la forêt. Si on a encore une forêt et de l’eau buvable aujourd’hui, c’est grâce aux premières nations, surtout les femmes, parce qu’elles comprennent que l’arbre a un esprit, que l’eau a un esprit, que tout est vivant. Que l’humain n’est pas plus important qu’un papillon et qu’on fait tous partie d’un écosystème. La COVID est là pour nous faire réaliser la relation qu’on a avec les autres, avec la Terre-Mère. Changer le monde c’est simple; faut juste se changer soi-même.»
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