La valeur de la vie selon Emy

La valeur de la vie selon Emy - Claudia Collard : Actualités Société

En plus d’avoir pris part à des documentaires et d’être paneliste lors d’un sommet sur la santé mentale, Emy Carrière Tassé figure parmi les 150 leaders canadiens engagés pour la santé mentale. Elle a aussi tourné un court métrage sur le sujet avec Mara Tremblay, qui sortira au printemps.

Emy aura bientôt 20 ans. Mais ses paroles sont empreintes d’une sagesse qui n’a rien à voir avec son jeune âge. Emy a déjà beaucoup appris de la vie, qui n’a pas toujours été tendre avec elle. En fait c’est peut-être à cause de cette vie qu’elle en connaît la valeur aujourd’hui. Après deux tentatives de suicide et des troubles de santé mentale avec lesquels elle a appris à composer. Parce que oui, c’est possible d’aller mieux.

 C’est à l’âge de 9 ans que ses symptômes de phobie sociale ont commencé à se manifester. «J’avais l’impression que tout le monde me regardait et me jugeait. J’avais de la difficulté à fonctionner en société; chaque fois que je devais sortir je suais ma vie. À 11 ans, j’ai commencé à m’automutiler. Ça rendait ma douleur plus concrète», raconte celle qui dont le milieu familial, à l’époque, était aux antipodes de la bienveillance. 

«Je vivais beaucoup de violence à la maison. En me coupant, je savais où ça faisait mal pour vrai. C’est tellement trop à l’intérieur…» Cette autodestruction est allée en empirant au fil des ans. «Au secondaire, j’analysais absolument tout ce que je disais, je m’inquiétais de ce que les autres pensaient. Mais de l’extérieur, ça ne paraissait pas. Je savais bien m’exprimer, j’étais fonctionnelle. Les gens ont l’impression que ceux qui ont une phobie sociale vont aller se cacher dans un coin… ce n’est pas mon cas.» 

Sa joie de vivre s’étant évaporée depuis longtemps, Emy a fait sa première tentative de suicide la veille de ses 16 ans. Un geste planifié depuis six mois. «J’ai voulu m’ouvrir les veines. Ça n’a pas marché puis j’ai cliqué; je ne voulais pas mourir.»

Emy s’est alors tournée vers son père, qui lui avait déjà proposé son aide par le passé. Mais elle avait refusé de s’ouvrir à lui… jusqu’au jour fatidique. Hôpital, points de suture et transfert en pédopsychiatrie à Rivière-des-Prairies, où elle a été bien accueillie. «C’est là que je me suis rendue compte que certaines de mes actions s’expliquaient par des traumatismes non résolus. Je gérais ma vie de manière catastrophique 24 h sur 24. Je me levais le matin et j’étais stressée jusqu’au coucher», relate celle qui présentait la majorité des symptômes liés au trouble de personnalité limite (TPL), résultante de son milieu de vie déficient. «Soit j’avais envie de mourir, soit j’étais la personne la plus heureuse du monde. Ça part d’une peur de l’abandon; j’ai été souvent laissée seule à moi-même et ça se répercutait ailleurs. J’avais tellement peur de perdre mes amis que je mettais fin à la relation ou je faisais tout pour qu’elle prenne fin», confie Emy, qui vit depuis quatre ans à Lac-Mégantic avec son père. «Mon père a toujours été là pour moi», dira-t-elle plusieurs fois. 

Malgré la thérapie entamée, la médication qui lui était alors prescrite lui nuisait au lieu de l’aider. Au point où une overdose de ces médicaments a servi à sa deuxième tentative de suicide. Comme si ce n’était pas assez, son séjour en pédopsychiatrie à Sherbrooke ne s’est vraiment pas bien passé. «J’ai vraiment été laissée à moi-même», raconte celle qui a ensuite trouvé en elle des forces insoupçonnées. 

Il lui a fallu beaucoup de temps avant de récolter le fruit de ses efforts. «Le plus souffrant n’était pas d’aller mal, c’était d’essayer d’aller mieux. Quand tu enclenches ce processus, le corps a tellement peur qu’il se retient encore plus fort. Ça m’a pris presqu’un an avant de voir les effets de ma médication et de ma thérapie.» La preuve qu’il ne faut pas lâcher et espérer des résultats instantanés. Car une autre épreuve l’attendait… 

En janvier 2019, Emy vit une explosion de souvenirs jusque-là enfouis. Paranoïa, confusion, dissociation, images qui se déforment… «J’avais l’impression d’être dans un rêve; je ne savais pas ce qui était vrai». Diagnostic: trouble panique avec pseudos hallucinations. 

À travers ce périple, Emy poursuivait et réussissait ses cours au cégep. «J’ai tout donné à l’école; c’était la seule affaire qui était concrète», partage celle qui souhaite devenir kinésiologue. 

Thérapies, lectures, méditation et saines habitudes de vie, en plus du soutien bienveillant de ses proches, dont son père et de son chum, font aujourd’hui d’Emy une fille rétablie. Certes, elle aura toujours à composer avec sa réalité mais son message est avant tout porteur d’espoir. 

Que dirait-elle à un jeune ayant des idées suicidaires? «Je lui dirais de ne pas avoir peur d’en parler. Il n’y a rien de grave à parler de suicide. Ce n’est pas grave d’avoir des émotions, de se sentir en colère, triste, d’avoir envie de mourir… Ce ne sont pas les émotions qui sont dangereuses, c’est l’importance qu’on leur donne. Le fait de cacher nos émotions, c’est plus souffrant que d’y faire face. En les nommant, tu vois à quel point ce n’est pas dangereux.» 

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