Tony de Melo présente son exposition jusqu’au 3 décembre à la Galerie Métissage.
Si la célébrité provoquée par le nombre de vues sur le Net est éphémère, le véritable talent traverse le temps. C’est à partir de cette réflexion que Tony de Melo a créé les tableaux de l’exposition Épreuves et mésaventures: la rencontre d’Oscar et Walter, en montre à la Galerie Métissage jusqu’au 3 décembre. Un hommage à deux grands artistes de la fin du 19e siècle et avant tout «une preuve d’amour», témoigne le principal intéressé.
Depuis sa retraite de l’enseignement en arts plastiques et en histoire de l’art, Tony de Melo a délaissé la photographie et le dessin pour se consacrer exclusivement à la peinture. Celui qui possède des ateliers à Montréal et Bury a consacré quelques années à la présente exposition. En raison des consignes sanitaires, celle-ci a dû être reportée quelques fois avant de pouvoir être présentée au public, laisse entendre Jo Cooper, propriétaire de la Galerie Métissage.
À la recherche d’un sujet pertinent et estomaqué par les absurdités déployées sur les réseaux sociaux au nom de la renommée, Tony de Melo a choisi de mettre en valeur le travail de l’écrivain Oscar Wilde et de l’illustrateur Walter Crane, dont les œuvres respectives sont encore appréciées aujourd’hui. «Le baromètre pour évaluer le talent, c’est le temps. C’est un travail qu’on est en mesure d’apprécier des générations plus tard.»
Grand admirateur des deux artistes qui ont tous deux évolué dans l’Angleterre de la fin du 19e siècle sans jamais se croiser, Tony de Melo a choisi de provoquer la «rencontre» entre Oscar Wilde et Walter Crane, par la conception d’une série de tableaux, reproduisant des extraits du procès du premier et des illustrations du second.
«Oscar Wilde a été condamné à deux ans de travaux forcés parce qu’il était homosexuel, ce qui était un scandale à l’époque. Tous ses amis l’ont abandonné. Il est décédé seul, dans une maison de chambre à Paris. Aujourd’hui, il est considéré comme un grand écrivain de la littérature anglaise et plusieurs de ses pièces de théâtre ont été mises en scène et adaptées au cinéma. De son côté, Walter Crane est mort dans les honneurs entouré de sa famille. Mais à part ses illustrations pour des livres d’enfants, son art est ensuite tombé dans l’oubli; c’est tout récemment qu’on recommence à s’intéresser à son œuvre.»
Ces deux artistes aux parcours différents sont unis par leur immense talent dans les œuvres de Tony de Melo. S’y marient autant que s’y opposent le jugement impitoyable de l’homosexualité et les illustrations de Crane, d’où se dégagent douceur et le non-jugement. Un des tableaux en exposition met d’ailleurs en relief la lettre de l’amant de Wilde, qui a servi de «preuve» au procès, et un ange tiré d’une carte de Saint-Valentin. Si l’injustice de la Justice frappe au fil des tableaux, chacun suscite aussi réflexion et fascination.
«Parfois, le texte est très pertinent à l’image, d’autres fois, il y a juste un petit lien. Et certaines fois, c’est moi qui impose un lien», partage Tony de Melo, qui souhaite aussi démontrer par son exposition que «le talent ne se définit pas par l’orientation sexuelle mais par la contribution des gens à la société. J’ai choisi un artiste hétérosexuel pour illustrer l’infortune d’un artiste homosexuel. C’est une forme d’ironie, pour mettre un peu d’humour dans tout ça.»
Située au 6361 Salaberry, la Galerie Métissage est ouverte du jeudi au dimanche, de 10h à 17h.
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