L’auteur Pierre Poulin s’est prêté à une longue séance de signature d’autographes.
L’ouvrage que Pierre Poulin a mis deux ans et demi à écrire vaut son pesant d’or en préparation des célébrations du 150e anniversaire de Lac-Drolet qui auront lieu en 2022. Deux tomes de 744 pages font défiler dans un ordre chronologique les origines de Saint-Samuel du canton de Gayhurst, le premier nom de la municipalité, jusqu’à aujourd’hui. «Merci d’avoir eu une confiance aveugle et d’avoir réservé des livres sans les voir», a lancé l’auteur lors du lancement des Petites chroniques de mon village, le 13 novembre.
Pierre Poulin est un handicapé visuel avec basse vision. La recherche d’informations dans laquelle il a plongé à partir de nombreuses archives, dont celles de l’Écho de Frontenac, est un «véritable travail de moine», reconnaît sa sœur Diane, qui lui a été d’un soutien inconditionnel, tout au long du processus. C’est elle la mieux placée pour expliquer l’exercice de recherche et d’écriture pour un non-voyant, un peu comme seule une scientifique pouvait résoudre le mystère du caramel dans la Caramilk.
«D’abord, tous les journaux utilisés sont transférés en fichiers sur l’ordinateur. Les méthodes d’édition au siècle dernier ont mal vieilli et il est très difficile d’en faire la lecture dans son format original, alors l’utilisation d’une visionneuse s’avère très utile pour grossir les caractères. Une fois que ça devient lisible pour Pierre, celui-ci en fait la lecture et un autre appareil enregistre les mots lus et les traduit en mots écrits qu’il utilisera pour sa rédaction.»
Ce jour-là, la salle municipale de Lac-Drolet était remplie à pleine capacité. Jusqu’aux nonagénaires, qui ont mis leur mémoire à contribution pour accompagner Pierre Poulin dans cette aventure un peu particulière. Parmi eux, Émilienne Beaudoin, avec ses albums personnels, et Josaphat Roy qui a fêté ses 95 ans cet été. Ce voyage à travers les 150 ans de Lac-Drolet, il l’a fait en première classe, depuis son appartement du Village Harmonie, la grande résidence où il habite avec ses frères Donat et Sylva. «Pierre m’appelait régulièrement presque chaque semaine. Je considère ça comme une récompense d’avoir encore une bonne mémoire», confie l’homme qui dit ne pas vivre pour autant dans la nostalgie. Maître-horloger de métier, le temps il connaît ça. Il répare encore montres, horloges et bijoux à l’occasion, du moins pour les autres résidents de l’Harmonie. Il n’a rien oublié de son passé, à trimer dur à Saint-Ludger dans les années 40, puis partageant son temps entre le travail de la terre et les chantiers dans le Maine, les six autres mois. «Déjà, dans les années 50 et 60, je connaissais pas mal de monde à Lac-Drolet et les environs.» Son rapport avec le passé, c’est du vécu… longtemps! «Comme y disent, les Roy, c’est pas mourables !» Voilà qui expliquerait sa longévité.
Également dans la salle, un ancien maire de Sainte-Cécile-de-Whitton très attentif. Maurice Guay a aujourd’hui 76 ans, de ces âges qu’on affiche aujourd’hui fièrement comme un privilège de la vie. «Sur les 16 enfants de la famille qui habitions le 10e rang, on est 11 à avoir été baptisés ici (à Lac-Drolet).»
La pro-maire de Lac-Drolet, Nathalie Harton, y a vu un bel événement en marges des 150 ans de Lac-Drolet, l’an prochain, au sortir de la pandémie, souhaite-t-on. «Lac-Drolet comme communauté a toujours su s’adapter», a-t-elle livré, tout en rendant hommage au travail minutieux de Pierre Poulin pour avoir ainsi mis en commun l’histoire collective de la municipalité.
«J’ai peut-être trop parlé de ma famille et parfois commenté ce qui n’avait pas à l’être. Ne m’en tenez pas rigueur, ce livre est un peu comme mon bébé et je me devais de le faire car je suis ce que je suis à cause de ma famille, l’environnement qui m’a façonné et du village où j’ai grandi», écrit l’auteur dans ses remerciements, à la fin.
«Pierre a toujours été un grand cachotier, partageait son frère Gilles, qui animait la rencontre de samedi avec l’auteur. Ce n’est peut-être qu’un début», glissait-il. Pierre Poulin n’entend pas abandonner ses bonnes habitudes de mettre le nez dans les archives, jusqu’à la Grande bibliothèque de la BanQ (Bibliothèque et Archives nationales) à Montréal. Après Lac-Drolet, re-parcourir l’histoire de Saint-Ludger, le village voisin, allait de soi. «J’ai commencé déjà 200 pages!»
{text}