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Un projet qui n’a pas sa raison d’être!

Merci à Mme Josée Galipeau d’avoir formulé ouvertement (Opinion, édition du 19 novembre 2021, page 4) ce que plusieurs partagent au sujet du projet de la voie ferroviaire.

Récapitulons l’historique de ce projet né à la suite de la tragédie de 2013. Au début, les expropriés avaient à prendre connaissance de différents tracés, les étudier et choisir lequel était le plus apte à faire le moins de dommages. Subitement, on apprend que M. le pro-maire du temps est mandaté afin de rencontrer le ministre des Transports à Ottawa pour, au nom de la Ville, lui demander de mettre toutes les propositions de côté et d’adopter le tracé no 1, car la Ville voulait faire vite. Dès ce moment, il est mentionné que ce tracé comporte deux problèmes majeurs, soit le développement Lafontaine et la ferme Conrad Boulanger. Mais depuis, nous les expropriés, nous réalisons qu’il y a bien plus que ces deux points qui sont des problèmes écologiques, environnementaux et humains.

Disons d’abord qu’au tout début, ce tracé devait prendre environ 85 hectares de terrain dont 42 hectares de milieux humides. Juste chez nous, soit la ferme Boulanger, au début la demande était de 2,83 hectares, soit l’emprise maximale, selon le représentant du ministère des Transports. En date d’aujourd’hui, la demande est rendue à plus de 15 hectares. Pour votre information, 1 hectare équivaut à 2,47 acres.

Mais pour les autorités, il faut que la voie ferrée sorte de la ville, soi-disant que c’était pour guérir la santé mentale des Méganticois, mais en même temps, un certain comité travaillait pour entre autres ériger un cinéma Imax afin de pouvoir diffuser en trois dimensions la tragédie à plusieurs reprises durant la période touristique. Quel bel attrait ! Quelle belle façon de guérir une population traumatisée par cette affreuse tragédie ! Heureusement, ce projet n’a pas eu l’assentiment de la population et finalement il a été écarté.

Lors d’un premier BAPE, un vote avait été demandé à savoir si nous tous étions pour conserver le statu quo ou pour une voie de contournement. À ce moment, moins de 40% de la population était pour la voie de contournement. Ce n’est qu’après avoir lancé l’idée à la grandeur de la province que le pourcentage a augmenté. M. Sayed, président du BAPE, a déploré le fait de n’avoir pu se pencher sur les différents tracés. Donc, impossible de comparer si les répercussions auraient été favorables à un plus qu’à un autre.

J’entendais dernièrement M. Robert Bellefleur à l’émission Enquête, en date du 11 novembre, dire: «À chaque nuit, moi je me fais réveiller par le bruit infernal des convois de train.» M. Bellefleur, quelle est la différence, d’après vous de vous faire réveiller et un autre qui n’a pas choisi de vivre près d’une voie ferrée se faire réveiller par ce même bruit? Un choix! Vous avez choisi de vous établir près d’une voie ferrée et vous avez à en assumer les conséquences. Tandis que l’autre a choisi un endroit quiet et aurait normalement le droit d’y vivre en paix, car c’est également un choix qu’il a fait et si ce projet se réalise, ceci lui serait imposé… Grosse différence. M. Bellefleur se scandalisait à savoir que même si la voie de contournement ferroviaire Mégantic avait été demandée avant le REM (Réseau électrique métropolitain) et la réfection du pont Champlain, que ces deux projets étaient pour être réalisés avant. Pourtant, pas si difficile à comprendre! Le pont Champlain était devenu non sécuritaire et le tracé pas très compliqué, ils n’ont d’autre choix que de traverser le fleuve, ce qui en est du REM, un peu plus complexe, sa nécessité est de beaucoup plus importante que la voie ferroviaire. C’est un projet qui va desservir 190 000 personnes par jour, seulement avec la phase 1 et ce qui en plus n’est pas un tracé qui va servir comme il en est le cas pour la voie ferrée à une compagnie qui va profiter de ce cadeau pour en faire des millions $ avec le transport de produits dangereux, après avoir eux-mêmes refusé de reconnaître leur part de responsabilité dans la tragédie. Si ce projet de la voie ferrée prend autant de temps à prendre vie, à mon avis, c’est que la fondation n’a pas été basée sur le respect mais juste sur l’urgence de sortir le train de la ville au plus vite.

À force de vouloir aller trop vite, le danger de prendre le champ est présent. C’est ce qui est arrivé et maintenant la Ville n’a qu’à faire son mea culpa, car c’est certain que s’ils avaient pris le temps d’étudier, avec humanité et respect, différentes façons de solutionner ce projet, on n’en serait pas à ce point. Ce tracé qui est prévu, en plus des deux points mentionnés préalablement, comprend plusieurs anomalies, tel que détruire des milieux humides jugés à haute teneur écologique, des érablières lourdement endommagées, des entrées privées fermées à leurs propriétaires qui auront à passer chez un voisin chaque fois qu’ils voudront accéder ou sortir de chez eux. Une plantation sera réduite presque à néant, des maisons à être démolies ou déménagées, dont une construite par l’arrière-grand-père du propriétaire actuel. Si ce n’est pas du patrimoine ça, c’est quoi ? Et encore plus, il y a un réel danger de contaminer la nappe phréatique qui abreuve les résidents de Lac-Mégantic et de Laval-Nord. C’est un point à être obligatoirement privilégié. C’est maintenant qu’il faut y penser, l’eau c’est précieux et en 2021 tout le monde sait ça. On se doit tous ensemble d’éviter ce qui peut l’altérer.

Vous savez qu’il y a bien de la poussière de retombée depuis la tragédie. La preuve des personnes qui avaient dit bien haut et fort: «Moi, si la voie ferrée de contournement ne se fait pas, je quitte Mégantic». Et pourtant, ils sont là. C’est à croire que pour eux aussi la poussière est retombée.

Avec tout ce qu’on entend, on peut ressentir qu’il y a, à l’exemple de Mme Galipeau, de plus en plus de personnes sensibilisées et qui prennent conscience que ce projet de tracé est vraiment insensé et dangereux pour la planète et pour l’avenir des Méganticois, en plus de coûter un prix exorbitant qu’il nous faudra payer avec nos taxes (60% fédéral- 40% provincial). Alors qu’il y a sûrement des possibilités de trouver des solutions sécuritaires à coût moindre, plus écologiques, meilleures pour l’environnement, plus respectueuses et plus humaines. Je m’en fais parler à chacune de mes sorties. Les personnes me demandent qu’est-ce que l’on peut faire pour vous aider. Et bien, manifestez-vous, car il est faux de croire que ce sont juste les expropriés qui sont affectés par ce projet. Défendez-vous aussi vos droits de ne pas avoir à payer pour un projet qui n’a pas sa raison d’être, tel que présenté. 

Yolande Boulanger

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