Le petit Léo et moi

La semaine dernière, j’ai croisé mon petit Léo sur le boulevard des Vétérans. Pour vous mettre en contexte, il faisait doux dehors et, curieusement, on pouvait subtilement entrevoir le printemps à travers cette magnifique journée de décembre. La nature, quoi que bouleversée, nous inondait non pas d’eau, mais bien de soleil.

Mon petit Léo frisé, je le connaissais depuis déjà quelques années. Personnellement? Non. Mais, je savais lorsque quelque chose clochait. Il n’en fut pas une ni deux pour que je sache que mon petit homme se faisait attendre pour dîner. Le fait est qu’il risquait de ne pas manger ce midi-là s’il n’arrivait pas à l’heure. Moi qui étais à pied, je n’ai pu que lui offrir de le raccompagner chez lui. Donc, à deux, nous avons couru jusqu’à bon port.

En chemin, du haut de ses trois pommes, il me partageait ses inquiétudes. Qu’est-ce qui pouvait bien chicoter un si petit homme comme mon petit loup? Eh bien, plus de trucs que je ne pouvais l’imaginer. Le cœur gros, il m’a annoncé que sa petite sœur malade allait devoir rester à l’hôpital encore un petit bout de temps et que son grand frère ne voulait plus du tout aller prendre son bain. Tout comme vous, j’ai rapidement compris que cet égarement dans le parc sur l’heure du dîner, même pour un gentil garçon aussi discipliné que Léo était plus que justifié. Il avait besoin d’air. À cet âge, il avait bien droit à un peu de liberté.

Contrairement à ce que vous pensez peut-être, Léo est un adorable vieillard et non pas un enfant. Il vivra son 72e printemps dans quelques mois. Il vit seul depuis déjà plusieurs lunes dans une résidence pour personnes autonomes. Assez grand pour aller faire son épicerie et payer les factures salées qu’implique la vie en dehors de son chez-soi, mais pas assez pour manger à l’heure qui lui plaît il faut croire.

À cet âge pourtant plus que respectable, je croyais que l’on pouvait avoir le loisir de déterminer si l’on suivait un horaire ou bien non. Il semblerait que la décision s’impose d’elle-même. Il y a des heures pour manger trois fois par jour, des heures pour aller nager et, plus particulièrement ces temps-ci, des heures pour sortir, tel un détenu. En quelque sorte condamné à attendre au lendemain. La comparaison est plus que chiante.

Alors que certains pays ont dans leur culture de vivre avec leurs aînés jusqu’à ce que mort s’ensuive, nous, on place nos vieilles et nos vieux là où ils seront bien. On les place justement. Voilà un bien mauvais choix de mots. Ce n’est pas comme si notre langue manquait de variété. Alors que l’on accueille, que l’on héberge et que l’on dorlote nos animaux dans les hôpitaux vétérinaires, on place, on case nos vieux.

Bien conscient du fait que cette magnifique machine qu’est le corps humain ne vieillit pas toujours dans la joie et l’allégresse des plus totales, il faut parfois recourir à une aide externe. Et j’en suis bien conscient. Ne me lancez pas de roches ni de tomates, je le sais bien que la maladie et un tas d’autres circonstances peuvent mener au déménagement en résidence. Mais, il en reste tout de même que ces gens qui ont bâti nos routes, ces gens qui ont éduqué nos parents et qui ont fait de leur mieux pour que nous soyons bien aujourd’hui ne mériteraient-ils pas mieux? Nous vieillissons naturellement toutes et tous un peu plus chaque année. Et je rêve du jour où il y aura seulement une différence d’âge entre Léo et moi et non pas une différence de qualité de vie aussi marquante. Les solutions sont là. Qu’attendons-nous pour rendre plus heureux mon petit homme? 

Jessy Grenier

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