Pour les besoins de son documentaire Mégantic, le cinéaste Philippe Falardeau a suivi Yolande Boulanger jusqu’à la soirée de consultation qu’elle avait organisé au CSM, le 24 mai.
À eux seuls ils n’arrêteront pas le train de rouler, ils s’en doutent bien! Mais les opposants au tracé de la future voie de contournement ferroviaire poursuivent la mobilisation. Leur seule bouée de secours, l’Office des transports du Canada n’a pas encore donné le feu vert à la réalisation du projet qui frôle désormais le demi-milliard de dollars d’investissements en fonds publics.
Le soir du mardi 24 mai, la productrice agricole de 84 ans, Yolande Boulanger, a gagné son pari en rassemblant tout près d’une centaine de personnes à la salle Bestar du Centre sportif Mégantic, pour une nouvelle soirée d’information, après celle tenue à Frontenac, pour entendre le consultant Joelle Chotte. La contribution volontaire demandée aux participants a largement suffi pour payer à la Ville les frais de location de la salle.
Un observateur attentif, le cinéaste Philippe Falardeau. Après une journée passée chez Yolande Boulanger pour enregistrer des séquences pour les besoins de sa série Mégantic qu’il prévoit boucler au printemps 2023, lui et son équipe ont filmé la séance d’information. «C’est le projet le plus émouvant de ma carrière», a-t-il laissé entendre. Le cinéaste a d’ailleurs réservé à son agenda le reste de l’année 2022 pour finir le tournage commencé avant la pandémie.
«Le choix est déjà fait et on ne peut pas le changer», s’est fait répondre Joelle Chotte quand il a présenté à Transports Canada les conclusions de l’analyse qu’il a fait du rapport Aecom, qui a conduit au projet de voie de contournement ferroviaire. Un tracé qu’il juge lui-même «catastrophique», en raison des inquiétudes qu’il suscite sur le plan environnemental, notamment. Selon lui, plusieurs arguments du rapport Aecom sont «faux». «On devra creuser sur 70% du tracé en territoire de Frontenac, menaçant des zones humides et la nappe phréatique. Ils ne savent pas très bien quelles sont les conséquences à long terme. Creuser et dynamiter le roc risque d’accélérer le processus d’infiltration dans les failles», énonce-t-il.
Un citoyen de Woburn, Raoul Proteau, est catégorique: «Je les ai prévenus de la présence d’une nappe phréatique de 500 millions de gallons d’eau derrière le cinéma. Ils ne l’ont mentionné nulle part dans leurs rapports. Moi, s’il arrive quelque chose, je ne l’oublierai pas.»
Le nombre de carottages prélevés dans le sous-sol, le long du tracé projeté, a été plus important que prévu au départ, ce qui laisse songeurs les opposants au projet.
Parmi les «aberrations» des promoteurs, dit Joelle Chotte, l’argumentation voulant que le tracé va revaloriser de 5% les valeurs des propriétés longées par la voie ferrée. «C’est un mensonge, n’hésite-t-il pas à affirmer. C’est un mauvais projet, voilà tout! J’incite la population à dire à ses élus, nous, on n’est pas d’accord!»
«Faut pas lâcher! C’est à nous de nous réveiller», est intervenu l’avocat Jean-Claude Boutin. Celui-ci a accueilli comme une bonne nouvelle qu’après Frontenac et Nantes, la population de Lac-Mégantic sera sondée. «Le sondage de Mégantic est en préparation», a assuré le pharmacien Kurt Lucas. «Ça va nous prendre des volontaires», a dit pour sa part la citoyenne Yolande Boulanger. Ce n’est plus qu’une question de jours avant de connaître le résultat de l’exercice qui a été mené auprès de la population de Nantes qui devait répondre à la question de type référendaire: «Êtes-vous pour ou contre le tracé de la voie de contournement tel que proposé?»
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