Sur la terrasse de La Source, à Saint-Romain, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, entouré de ses candidats Jonathan Poulin dans Beauce-Sud (à gauche), Christian Gauthier dans Lotbinière-Frontenac et Mathieu Chenard dans Mégantic.
Les conservateurs d’Éric Duhaime pourraient bien brouiller les cartes dans l’élection du 3 octobre. «J’ai l’impression que quelque chose se lève. Les gens ont une écoeurantite au Québec. La vague de changement qui est en train de se préparer, il y a des gens qui ne la voient pas venir, mais vous êtes au cœur de cette vague», a lancé le chef devant plus de 250 partisans venus l’accueillir à Saint-Romain, le 7 septembre.
Premier grand rassemblement politique de la campagne dans la circonscription de Mégantic, tous partis confondus, le 5 à 7 à La Source a permis au candidat conservateur Mathieu Chenard et son voisin de Beauce-Sud, Jonathan Poulin, de prendre un bain de foule en compagnie de leur chef.
Avec ses 60 000 membres et l’appui de nombreux donateurs, le Parti conservateur du Québec surprend les sondeurs depuis le début de la campagne. «On a le vent dans la face», reconnaît Éric Duhaime, conscient de s’allier chaque jour de campagne un plus grand nombre de «votes discrets», qui ne s’expriment que dans l’isoloir. Si le chef capitalise sur la grogne populaire après deux ans de pandémie, il constate que son discours accroche même les anglophones. «Les anglophones à Montréal sont aussi écoeurés. Je remarque un changement de ton. Je sens que le message commence à passer.»
François Legault et la Coalition Avenir Québec ne sont pas sa seule cible. «Je vois quatre partis irresponsables (CAQ, Parti libéral, Parti québécois et Québec solidaire) en matière fiscale. Ils sont en train de léguer aux générations futures une montagne de dettes. Legault est prêt à endetter la prochaine génération pour payer la prochaine élection», lance-t-il à ses troupes.
Présents ce jour-là, des anti-vaccins et des complotistes certes, mais surtout des gens de la classe moyenne, des agriculteurs, des travailleurs prêts à sortir leur carnet de chèques pour participer à la caisse d’un parti dont le message semble les rejoindre de plus en plus, à mesure que la campagne avance au calendrier.
En Beauce, une semaine plus tôt, Éric Duhaime avait mis la table pour les régions rurales, concernant la position de son parti sur les armes à feu: «On ne s’attaquera pas aux honnêtes propriétaires de fusils, on va s’attaquer aux criminels qui font entrer des guns illégalement chez nous !»
Mathieu Chenard, le candidat conservateur dans Mégantic, sent-il sur le terrain qu’il se passe quelque chose? «J’ai assez fait de porte à porte, depuis le début de la campagne, c’est surprenant. Il y a eu plus de monde impacté par les mesures (sanitaires) qu’on pense. Il y a du monde qui ont gardé ça pour eux autres. Quand les gens que tu rencontres te disent leurs besoins et leurs raisons de te supporter, t’as comme un devoir de te battre pour eux. Ils retrouvent de l’espoir.»
À sa première expérience en politique, Mathieu Chenard avoue d’emblée qu’il n’est pas à l’aise devant les foules, mais qu’il performe davantage en entrant chez les citoyens. «Mon père vient de Stratford, ma mère de Weedon. Je ne viens pas d’une famille de politiciens. Cela fait 20 ans que je suis en affaires. On commençait, ma blonde et moi, à penser quitter le Québec à force qu’on était tannés. Quand j’ai vendu ma compagnie (produits de granit) en juin, une fenêtre s’est ouverte. Ma blonde a dit: on va aller se battre pour le Québec, on l’aime notre Québec. Ça ne me rentre pas dans le tête qu’on ne peut pas remettre ça d’aplomb.»
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