J’ai participé à la consultation publique au sujet de l’hydrologie et les mesures d’atténuation des impacts potentiels du projet de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic. J’y avais été invitée en tant que propriétaire de puits d’eau potable situé près des zones de travaux de construction de la future voie de contournement ferroviaire. Seulement à la lecture de ma lettre d’invitation, plusieurs questionnements et inquiétudes se sont soulevés. J’ai été estomaquée de constater l’ampleur des travaux et des impacts présentés à la consultation. Une grande anxiété se propage en moi à l’idée que notre coin de paradis, un milieu sain et calme, serait bafoué, terni et détérioré par un chantier de grande envergure. Quel avenir se dessine pour nos enfants? Et pour notre quartier?
Lorsque je consulte les plans des aires d’influence des travaux potentiels à long terme, je remarque que mon adresse est située à la limite extérieure de l’APLT. Dois-je m’inquiéter d’être exclue des mesures d’atténuation prévues au suivi des puits d’eau potable? Je me questionne grandement aussi sur les raisons pour lesquelles les résidents de Lac-Mégantic s’approvisionnant dans la même nappe phréatique que moi, n’ont pas été invités à cette consultation publique.
À maintes reprises, ils mentionnent que ce sont les puits de surface qui seront le plus affecté par l’assèchement des sols, ce sera donc mon cas. Dans leur plan, ils ne font mention que d’un plan 1D en horizontal, soit selon la distance de 200m mais ne considère pas les pentes. Les prévisions actuelles sont-elles représentatives de la réalité des reliefs? Le nombre de puits de suivi ainsi que leur emplacement sont-ils suffisants pour bien objectiver la situation de mon puits et ceux de mon quartier? Quels sont les réels risques d’atteinte en approvisionnement d’eau potable en quantité ainsi qu’en qualité? Les mesures d’atténuation me semblent insuffisants voire loin de répondre à une norme «essentielle». De plus, je considère la période des mesures d’atténuation de 2 ans suivant la fin des travaux non raisonnables, même inacceptable. Je veux que l’on me garantisse un risque NUL! L’eau, c’est un besoin essentiel. On va brimer mon droit d’accès à l’eau potable.
Je n’ai retrouvé aucune mesure pour couvrir les réparations ou le nettoyage de ma plomberie et mes appareils électroménagers utilisant l’eau. Lorsque j’ai posé la question devant l’audience, on m’a répondu que ma question était hors sujet avec un sourire moqueur en coin. Que ferais-je en fait s’il y a arrivée de boues dans mon puits, associées aux travaux de creusage et ou de dynamitage? Ou si la boue se rend dans mon système de traitement des eaux? Si mon puits venait qu’à être remplacé et un système des traitements des eaux est réinstallé, mes installations septiques accepteront-ils les nouveaux rejets de «back wash»?
Dans le même ordre idée, comme il y aura assèchement des sols, il y aura des risques de tassement des sols. Aucune mesure n’est présentée pour ce risque. En effectuant des recherches auprès du BAC, il mentionne qu’aucune couverture n’est prévue dans aucun groupe d’assurance pour les risques de tassement des sols. Je me demande alors: vers qui je pourrai me tourner en cas de problème tel que bris de mes bâtiments? Quel impact ça aura sur ma valeur immobilière et celle de mon quartier? Est-ce que je réussirai à vendre ma maison s’il y a risque de tassement des sols, assèchement des puits et contaminations des eaux? Je peux extrapoler puisque les zones précises impactées ne sont pas mentionnées clairement au plan.
Par ailleurs, il est prévu des mesures de protection de la circulation routière durant les travaux. J’ai raison de craindre pour la sécurité de mes enfants lors des trajets d’autobus, car ils semblent proposer des voies de contournement autour des travaux plutôt qu’un détour vers une voie publique sécuritaire. Qui assumera les frais supplémentaires associés à ces coûts? Pourra-t-on proposer une durée de trajet raisonnable aux enfants demeurant aux adresses les plus éloignées? Comme mère de famille, c’est raisonnable de s’en inquiéter. Je vous épargne les effets directs sur mes trajets en voiture seulement pour le travail. On prévoit minimalement 36 mois de travaux pour la VC. Les récents travaux de réfection de la rue Laval ont occasionné bien des casse-têtes aux résidents, aux utilisateurs de la route et des commerçants et ça n’a duré que 6 mois. Imaginez dont l’impact de la durée des travaux prévus pour la voie de contournement ferroviaire. N’avons-nous pas eu assez de chantier depuis 2013? Peut-on se reconstruire différemment, dans l’harmonie et le respect mutuel?
L’un des critères d’admissibilité du projet établis par L’Office des transports est que la demande d’un CONTOURNEMENT de voie ferroviaire doit répondre aux intérêts de sa localité. La conclusion que je peux en faire est qu’il est inabordable, inutile à la majeure partie de la population de Frontenac, et dommageable à un niveau irréversible sur notre environnement. Ce n’est pas seulement ma famille et mon quartier, mais bien toutes nos générations futures qui en seront impactées tant au point de vue de la dette financière que l’empreinte écologique. Je sympathise avec les gens endeuillés à la suite de la tragédie ferroviaire de 2013 et j’aurais préféré croire que ce projet aurait panser ces blessures alors que ce ne sera jamais le cas. Peut-on réellement mesurer les impacts psychologiques et en évaluer la valeur financière? Peut-on davantage le faire pour les impacts sur l’environnement? Renseignez-vous, gens de Lac-Mégantic, vous êtes plus touchés que l’on vous fait croire!
Maude Lambert, propriétaire d’un puits à Frontenac
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