Alexandra et Marie-Pier Jacques, respectivement présidente et vice-présidente ainsi que directrice des ressources humaines de Portes Lambton. (Photo Yvan Rouillard)
À la suite de son décès en 2011, Alexandra et Marie-Pier prenaient la relève de leur père, Roger Jacques, devenant respectivement présidente et vice-présidente de Portes Lambton. Deux femmes, de 35 et 25 ans, dans un milieu d’hommes d’une autre génération. À une époque où l’économie était encore chancelante. Douze ans plus tard, l’entreprise de 130 employés figure au 4e Palmarès des entreprises au féminin de la revue Premières en affaires.
Ce récent titre, dans la catégorie des moyennes entreprises de 10 M$ à 50 M$, est pour elles la consécration de tous les efforts déployés au cours des 12 dernières années. Des embûches, elles en ont eu à traverser. Et d’autres défis s’en viennent, qu’elles sont prêtes à relever. Les sœurs Jacques ont la persévérance dans le sang.
Qui ne risque rien n’a rien. C’est ce que s’est dit Alexandra lorsque son père lui a demandé de prendre le relais. «J’avais déjà mon entreprise. Mon père m’a dit, ce sont des grands souliers mais si j’avais ton âge je foncerais. Ma sœur était encore à l’école mais elle m’a suivi dans toutes les rencontres de direction. «Au départ, mon chemin n’était pas d’être entrepreneure mais, à force d’être impliquée dans les opérations, j’ai décidé de prendre ma place», confie Marie-Pier, directrice des ressources humaines, un poste créé à son arrivée et répondant à un réel besoin, mentionne Alexandra.
«On s’est dit, notre produit est solide, il faut être solides. Oui il y a eu beaucoup d’embûches; à l’interne, au niveau des fournisseurs, sur le plan livraison, sur toutes sortes d’affaires. Mais on a gagné notre crédibilité. Il fallait être égales à ce que notre père était, à sa droiture; ce qu’il disait, il le faisait», ajoute la présidente de l’entreprise.
Aujourd’hui, le manufacturier de portes et bâtis intérieurs en bois de haute qualité, destinés aux marchés commercial, architectural et institutionnel, rayonne à l’international et l’entreprise est renommée pour la qualité de son service. «Ce qui a fait notre force c’est d’avoir su s’entourer de professionnels dès notre entrée en poste. De s’être dit qu’on n’a pas la science infuse. On a fait appel à un psychologue industriel, des conseillers, des coachs, des mentors… On a travaillé à bâtir des relations. On a voyagé énormément pour rencontrer les clients. On fait des sacrifices au niveau de la famille», relate Alexandra.
«Quand mon père était dans ses derniers moments il avait une préoccupation: marcher l’usine pour parler à ses employés. On a essayé mais ça n’a pas été possible. Je suis là pour les humains, parce mon père n’a pas pu finir ce qu’il avait à finir avec ses employés. Quand j’ai pris la décision de me joindre à Alexandra aux Portes Lambton, c’était pour prendre soin d’eux. Parce que du bureau jusqu’à l’usine, du mécano au concierge, tous sont égaux tous occupent un poste important. Portes Lambton ce n’est pas juste une entreprise, c’est un milieu de vie», partage Marie-Pier, qui détient une formation en psychologie.
En regardant derrière, Alexandra et Marie-Pier conviennent que chaque étape était nécessaire. Chaque détail, chaque chiffre questionné dans ses moindres recoins était nécessaire. «On a écouté beaucoup ce que le marché disait de nous pour revenir à l’intérieur et s’y prendre autrement», se souvient Marie-Pier. «On ne savait jamais quelle brique allait nous tomber sur la tête. Si on nous avait dit à l’avance tout ce qu’on aurait à accomplir, on se serait découragées. Et comme on veut continuer à grandir, il faut demeurer humbles… et innocentes!», lance Alexandra en riant.
Blague à part, une évidente fierté se lit sur le visage des deux entrepreneures, fierté proportionnelle aux efforts déployés. À ce jour, Portes Lambton peut se targuer d’avoir des clients partout au Canada et aux États-Unis, un bureau de ventes du côté américain et des fournisseurs en Europe et en Asie. D’avoir fait une place aux femmes, permettant notamment aux jeunes mères de famille d’avoir un horaire à adapter à une réalité que les sœurs Jacques comprennent fort bien. Et si le recrutement de la main-d’œuvre demeure un défi comme partout ailleurs, les efforts sont constants pour faire de Portes Lambton un employeur de choix et y maintenir un sentiment d’appartenance déjà bien présent.
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