À la fenêtre de la chambre aménagée pour le soin d’aide médicale à mourir, la directrice générale de la Maison La Cinquième Saison, Dominique Bilodeau.
Désormais, les personnes qui souhaitent recevoir l’aide médicale à mourir et qui répondent à toutes les exigences requises par la loi peuvent obtenir le service à l’intérieur de la Maison La Cinquième Saison, même s’ils n’y demeurent pas pour un séjour de fin de vie.
«Dans la dernière année, on a eu des demandes d’informations de la part de médecins et des gens qui ne voulaient pas venir ici en séjour mais qui voulaient tout de même recevoir l’aide médicale à mourir ici, plutôt qu’à domicile ou à l’hôpital. Donc, dans le même avant-midi, pouvoir entrer chez nous, dans une chambre aménagée à cette seule fin, recevoir l’injection de son médecin traitant, accompagné de notre équipe de soins et repartir avec le personnel d’un centre funéraire. Sans aucuns frais pour la famille.»
La directrice générale de la Maison La Cinquième Saison, Dominique Bilodeau, et les membres du conseil d’administration ont longuement réfléchi à cette option au cours des derniers mois. «Nous, on a des lits de soins palliatifs subventionnés, et donc, on reçoit des gens avec un pronostic de vie de trois mois et moins. On ne peut pas réserver de places. Pour les admissions, on procède généralement du cas plus précaire au cas moins précaire.»
La Maison La Cinquième Saison a conclu, après analyse du dossier, que si l’établissement recevait des demandes pour l’aide médicale à mourir, c’est parce qu’il y avait un besoin. «C’est quelque chose de décéder à la maison, pour les membres de la famille du défunt qui y habitent. Souvent, la seule autre option c’est d’aller à l’hôpital.» Encore faut-il que le centre hospitalier dispose d’une chambre seule qui est libre au moment de l’arrivée du patient en fin de vie et que le personnel puisse lui consacrer du temps. «Quand on a poussé la réflexion avec eux, l’hôpital était plein!» Et le personnel sans doute débordé.
L’espace physique nécessaire a été trouvé. «On avait une chambre qui était utilisée à peine quelques fois par année par les familles de nos résidents qui désiraient y loger. On s’est dit que ça rendrait un meilleur service si on l’aménageait exclusivement pour les soins d’aide médicale à mourir à l’externe.»
La Maison La Cinquième Saison va souligner ses 10 ans d’existence en 2023. La distinction entre les soins palliatifs de fin de vie et l’aide médicale à mourir est importante, soutient Dominique Bilodeau. «On rend l’aide médicale à mourir disponible. On veut être à la fine pointe de tout ce qui existe en soins de fin de vie. Au début, l’établissement était perçu par certaines personnes comme un «mouroir». Mais la perception des gens a beaucoup évolué. Ce n’est pas un «mouroir». On évolue avec la population. En fait, on est là pour eux. On a un très bon conseil d’administration, d’abord à l’écoute de la population. Nos administrateurs mettent de côté leurs opinions et leurs croyances personnelles. Leurs décisions sont prises en concordance avec les besoins de la population.»
Au Québec, la Loi fixe des conditions très restrictives auxquelles une personne doit répondre pour recevoir l’aide médicale à mourir, peu importe le lieu où elle reçoit des soins. Parmi les critères: être assurée au sens de la Loi sur l’assurance maladie; être majeure; être apte à consentir aux soins, c’est-à-dire être en mesure de comprendre la situation et les renseignements transmis par les professionnels de la santé ainsi que de prendre des décisions; être atteinte d’une maladie grave et incurable; avoir une situation médicale qui se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités; éprouver des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu’elle juge tolérables.
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