Oscar Brochu

Faire du Défi Mont-Gym un happening de la santé

Faire du Défi Mont-Gym un happening de la santé - Rémi Tremblay : Actualités Santé

Trois générations: Étienne Gélinas, Théodore Gélinas 2 ans et demi et Bernard Gélinas, en piste.

Le dimanche 10 septembre se tiendra la 13e édition du Défi Mont-Gym, dans les rues du village de Lac-Drolet. Au programme, marche et course sur des parcours de 5, 10 km, un demi-marathon de 21,5 km et un défi de 1 km pour les enfants. Le comité organisateur met tout en place pour accueillir plus de 500 participants venus des quatre coins de la MRC du Granit.

Impossible de trouver plus convaincant qu’un convaincu de la trempe du doc Bernard Gélinas. Les portes s’ouvrent sur le message qu’il est allé livrer au cours des dernières semaines, en compagnie d’Annie Hamel, autant aux autorités scolaires qu’aux chefs d’entreprises. La santé des jeunes Québécois se dégrade de manière inquiétante. Il est temps qu’ils bougent, mais pas seulement eux. Les adultes aussi.

Autour d’une table qui lui sert de «bureau» dans le Yuzu Sushi de l’un de ses gars, rue Laval, Bernard Gélinas se montre volubile. «Voilà trois ans, on a parti le Défi scolaire. Avant, l’événement accueillait 150 à 180 marcheurs et de coureurs, bon an mal an. Avec le Défi scolaire on a ajouté 84 élèves du primaire dès la première année, et 128 la deuxième année, en comptant la participation de 14 élèves de Montignac. Alors, on s’est dit que pour 2023, on allait viser 400 participants. Là, il est arrivé trois affaires qui sont venues nous chercher. La première, un coureur qui travaille chez Tafisa est venu me voir au bureau et m’a dit: Mégantic, c’est rendu un village fantôme. En s’entraînant, il a remarqué que des enfants qui jouent à la cachette, qui se promènent à bicyclette ou qui jouent au hockey dans les rues, il n’en voyait plus aucun. Ça m’a «shaké» un peu.»

Peu après, cet autre témoignage d’une patiente: «Mon chum (un prof d’éducation physique) a développé une espèce de toc, de manie. On part, on arrête à la patinoire de Frontenac, il regarde combien il y a de jeunes sur la glace; pis après, on s’en va sur à la patinoire de l’école Sacré-Cœur et il se met à sacrer.» Ce qu’il appelle sa «deuxième claque sur la gueule». «Moi, dans mon temps, on était 20 sur la glace. On embarquait sur la patinoire à 8h du matin et mon père venait nous chercher à 8h du soir. On arrivait à la maison les pieds gelés.»

Le troisième signal d’alarme, et sans doute le plus choquant, lui est venu d’un article de La Presse, de décembre 2022. «En 1982, un kinésiologue, Luc Léger, a évalué la santé des jeunes québécois. Il est allé dans les écoles, il a fait six villes : Sherbrooke, Montréal, Laval, Trois-Rivières, Québec et Saguenay. Il a vu 3700 jeunes du primaire et du secondaire. Il a calculé deux choses : le test Léger navette (courir 20 mètres) et le test de capacité VO2 max. Quand t’es jeune, ça ne prédit pas ton espérance de vie, mais ça prédit que t’es mieux d’être chum avec les docteurs, parce que tu risques de les voir souvent. Il y a un seuil minimum en bas duquel il ne faut pas aller. C´’est pas bon pour ton avenir.»

Résultat de l’étude: aucun jeune québécois ne se trouvait en bas du seuil minimum. Puis, de 2012 à 2017, un médecin chercheur de Sherbrooke, Mario Leone, qui était tanné d’entendre que les jeunes n’étaient pas en forme, a repris la même étude, est allé voir les mêmes écoles, rencontrer 3700 jeunes gars et filles, et a comparé les deux résultats. Et c’est là que ça devient préoccupant: les jeunes sont 30% moins bons qu’avant dans leur capacité fonctionnelle. Chez les garçons de 17 ans, 58% ont un niveau qui les expose à des problèmes de santé. Chez les filles du même âge, c’est 70%. Ce bulletin de santé à 17 ans n’augure rien de bon. «Ça ne dit pas que tu vas mourir à 40 ans, ce que le médecins disent c’est que les maladies qu’on soigne présentement chez les 65-75 ans, on va les soigner à 35-40 ans. J’étais découragé, mais au lieu de s’apitoyer sur notre sort, ça nous a crinqués ben raide. Là on s’est dit: c’est pas 400 qu’on veut au Défi, c’est 500!»

Pour le volet Défi scolaire, l’équipe du doc a crinqué les profs en leur envoyant des mails régulièrement. Annie Hamel prend la parole. «On ne veut pas d’argent. Le Défi scolaire, c’est gratuit. Ils sortent avec une médaille de participation, un chandail, ils ne payent rien. Pour certains jeunes, c’est une belle expérience sportive. On voudrait que le Centre de services scolaire des Hauts-Cantons s’engage à donner l’information aux profs, mais pas juste aux profs: aux professionnels, aux concierges, aux secrétaires d’école, parce que tous ces gens-là doivent faire de l’activité de toute façon. Tous les profs vont être au courant et vont motiver les élèves.»

Côté citoyen adulte, la question s’est posée: «Qu’est-ce qu’on peut faire pour que monsieur et madame tout le monde s’inscrive en plus grand nombre?». Pas juste de s’inscrire, mais de participer à l’événement. Nouveau cette année, le Défi Mont-Gym a obtenu sa charte d’organisme à but non lucratif. Il a fondé le Club des visionnaires. «Ce sont huit compagnies de la région, de gros joueurs. On leur a demandé deux choses: de l’argent, de gros montants d’argent, mais on est allé beaucoup plus loin, on leur a demandé une espèce d’engagement; ce qu’on leur a dit: toi, ta famille c’est tes employés, les conjoints, les enfants, tes fournisseurs, tes clients; c’est ça ta famille. Tu trouves que c’est très important que ton monde soit en forme. Tu vas payer leurs inscriptions. Plus que ça, tu vas les encourager, trouve la façon que tu veux. Ce qu’on veut, c’est que le Défi Drolet devienne un happening de la santé.»

Et qu’il fasse boule de neige. «On veut se servir du Défi Mont-Gym et de la MRC pour faire bouger les choses localement et qu’à un moment donné une autre MRC emboîte le pas.» Pas encore convaincu? Il suffit de voir la part que prend la santé sur le budget total du Québec. Maintenant, 43%! Pourquoi attendre qu’il monte jusqu’à 60%? «Ce qui est clair, c’est que la santé des Québécois ne s’améliore pas, elle se dégrade et ça fait peur. On en finit plus comme docteurs de soigner les gens. Le plus bel exemple, c’est moi; il y a dix ans je serais mort; ils ont trouvé une façon de traiter mon cancer. Les gens ne meurent plus, mais en ne mourant plus, ils consomment plus. Des gars de plus 90 ans encore dans leur maison, j’en vois dix par jour. Ils ont fait un AVC à 75 ans, un cancer de la prostate à 78, puis ils me racontent : je me suis fait une nouvelle blonde de 72 ans, et ça leur prend du Viagra. Ça a coûté cher à la société pour les rendre jusque-là, mais ils ont gagné encore une belle qualité de vie. Y’as-tu moyen de construire sur une bonne santé avant plutôt qu’après la maladie?» 

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