Le président de la Fabrique de la Paroisse Saint-Joseph-des-Monts, Raoul Perron, devant l’église centenaire Saint-Augustin de Woburn.
La décision de l’archidiocèse de Sherbrooke est sans appel, l’église Saint-Augustin de Woburn, inaugurée en 1923 et reconnue au répertoire du patrimoine religieux du Québec, est mise en vente. La Paroisse Saint-Joseph-des-Mont sollicite des soumissions pour son acquisition. La pandémie aura contribué à donner le coup de grâce à cette église qui traînerait une dette de 50 000$.
Président de la Fabrique depuis 2021, l’ex-maire de Woburn Raoul Proteau ne s’en cache pas, il se dit plutôt amer de la façon dont l’archidiocèse a scellé le sort de l’église paroissiale, sans trop d’égards envers les paroissiens. «Ça fait longtemps que c’est décidé par l’archevêché (Sherbrooke). Déjà en janvier ou février 2021, l’archevêché a appelé celui qui était curé à l’époque, Francis Morency, pour lui signifier que l’institution mettait la clé dans la porte à Woburn. Et je leur ai dit: s’il y a quelqu’un qui doit mettre la clé dans la porte (de cette église), ce sera moi.»
Reconnaissant que sa relation avec l’archidiocèse «n’est pas excellente», Raoul Proteau n’en est pas moins conscient que l’avenir de l’église se jouait en cette année du centième anniversaire. Il décrit la situation financière comme «une faillite technique» depuis la pandémie, malgré les centaines de milliers de dollars en subventions que le bâtiment avait bénéficiés dans le passé pour sa réfection.
Sa sauvegarde était possible, selon lui, mais au prix de mesures administratives qui auraient permis d’absorber la hausse fulgurante des frais de chauffage, d’électricité et d’assurances du bâtiment. À elle seule, la facture d’assurance est passée de 5 000$ à 10 000$. L’augmentation totale des frais annuels se situerait autour de 15 000$, mais le président de la Fabrique comptait sur un effort des autorités religieuses à qui il avait demandé, il y a deux ans, une exonération de la taxe de 7% qui va directement dans les coffres de l’archidiocèse, à même la contribution volontaire annuelle et les offrandes des messes et des cérémonies religieuses versées par les paroissiens. «Pour nous donner une chance, il faut que vous soyez prêt à faire vous-mêmes des sacrifices», leur avait-il signifié. Sa requête a été rejetée.
L’hiver dernier, par mesure d’économie, l’église de Woburn avait fermé ses portes et les fidèles se rendaient à Piopolis, la paroisse voisine, pour assister aux offices. «Avant la messe, il faut partir le chauffage dans l’église. Mais avec une assistance de 25 personnes, ça ne se réchauffe pas vite!» Et la difficulté pour l’Église catholique d’assurer la relève des prêtres qui partent à la retraite ou qui tombent au combat en raison des lourdes charges paroissiales sur leurs épaules n’aide pas à dissiper les nuages qui s’amassent au-dessus des petites églises paroissiales.
M. Proteau garde le souvenir d’une lointaine époque où les familles de Saint-Augustin de Woburn avaient été sollicitées pour un montant de 100$ chacune pour leur église. «Elles s’étaient toutes sacrifiées. Et maintenant, notre église n’est pas en train de tomber, elle est en faillite technique.»
La municipalité aurait suggéré d’acheter le bâtiment pour 1$, mais l’offre n’est pas acceptable à ses yeux. «Je leur ai dit, l’église sera vendue pour le montant de la dette; on ne laissera pas la dette à personne d’autre», insiste-t-il, rejetant l’idée que les autres communautés de la Paroisse Saint-Joseph-des-Monts absorbent ce montant. La Paroisse Saint-Joseph-des-Monts gère également l’église Saint-Ambroise de Milan, celle de Notre-Dame-des-Bois, Saint-Léon de Val-Racine, l’église Saint-Paul de Scotstown, l’église Saint-Zénon de Piopolis, l’église Saint-Pierre de La Patrie et l’église Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste de Chartierville, actuellement en processus de vente et dont l’appel de propositions s’est terminé le 6 octobre.
Estimant n’avoir aucun allié à l’intérieur même de l’archidiocèse, M. Proteau a perdu tout espoir. La dernière messe dans son église a été célébrée le 27 août, jour de la fête de Saint-Augustin, le patron de la paroisse, lui aussi bien impuissant devant ce qui deviendra un fait accompli dès la fin du mois d’octobre, le 31 à 17h, date limite pour la réception des soumissions. Fin septembre, il y a lui-même officié un dernier adace, une assemblée dominicale en attente d’une célébration eucharistique.
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