Nous vous écrivons aujourd’hui pour partager notre tristesse et notre colère par rapport à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza et, plus largement, au déplacement forcé de millions de personnes à travers le monde. Imaginons deux minutes devoir quitter notre lieu de vie, notre terre natale, à la pointe du fusil, sous les bombes, le ventre vide, vers… nulle part. Inimaginable, n’est-ce pas? Eh oui, en tant que Québécoises et Québécois de telles souffrances humaines nous sont épargnées. Notre position géopolitique vient avec des privilèges et nous sommes nés du bon côté de la clôture.
Ce qui n’est pas le cas des personnes nées en Ukraine, en Palestine, en République démocratique du Congo, au Soudan, en Colombie, ou encore en Arménie. Et ce n’est pas un hasard si ces peuples traversent de telles tragédies. Les populations subissent ces atrocités parce que des états ou des compagnies pillent leur territoire ou veulent accaparer les ressources naturelles comme le pétrole, le cobalt, le lithium. Bien souvent, on évoque que ces conflits sont religieux ou ethniques sans nommer les intérêts économiques qui sont en jeu.
Par exemple, si le gouvernement israélien s’en prend au peuple palestinien, c’est dans l’intention d’accaparer le grand territoire qui s’étend de la Méditerranée (bande de Gaza) à la Cisjordanie. Pourquoi? Pour le pétrole et ses retombées économiques et l’eau, une ressource rare dans cette partie du monde. En d’autres mots, il s’agit d’accaparer le territoire de la Palestine en écrasant le peuple de plusieurs façons: déportation, expropriation (en Cisjordanie), incarcération, assassinat à ce jour de 10 700 civils dont plus de la moitié sont des enfants.
Un autre exemple, celui du drame qui se joue depuis des décennies en République démocratique du Congo. 6,9 millions de personnes ont été poussées à l’exode et y vivent une des plus grandes crises humanitaires au monde. Pourquoi? Parce que le territoire dispose de ressources naturelles d’immense valeur comme le diamant, le pétrole, mais aussi 80 % de la production mondiale de coltan, principalement utilisé dans la production des téléphones intelligents. La guerre pour le contrôle de ces ressources s’est intensifiée depuis octobre au point où un massacre silencieux se déroule dans la région du Kivu.
Alors, pourquoi les atrocités commises à des kilomètres de la MRC du Granit nous accablent-elles autant? Parce qu’il est impossible d’être témoin de cette barbarie sans dire un mot et sans ressentir une profonde indignation. Parce que nos gouvernements du Québec et du Canada ne demandent pas de cessez-le-feu. Parce que le Québec et le Canada, par leur silence et leur inaction, nous rendent tous et toutes complices de ces actes inhumains commis sous nos yeux. Pour cette raison, informons-nous, exigeons des cessez-le-feu et que le Canada impose des sanctions économiques aux auteurs de ces crimes, peu importe qu’ils soient des états et compagnies, et boycottons leurs produits. Écrivons à nos élus pour réclamer que nos gouvernements plaident sur la scène internationale contre ces crimes contre l’humanité. Exigeons que le Canada et le Québec s’engagent véritablement sur le chemin de la paix et de la justice.
Clara Lamy
Édouard Germain
Johanne Carbonneau
Woburn
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