Mouvement de solidarité des personnels en santé et en éducation, des centaines de grévistes ont pris la route vers le bureau du député de Mégantic, François Jacques, au centre-ville de Lac-Mégantic, le 22 novembre en fin d’avant-midi, pour exposer publiquement leurs revendications, à la deuxième des trois journées de grève appelées par les grandes centrales syndicales représentant les employés de l’État.
Point culminant, le jeudi 23 novembre, alors que tous les syndiqués du front commun étaient attendus à Sherbrooke à une grande manifestation, avec point de départ et arrivée au Cégep de Sherbrooke. Des discours étaient prévus coin Wellington et King à 11h20.
Les 13 600 syndiqués du front commun (SCFP-FTQ, CSN et APTS) se sont mis en grève les 21, 22 et 23 novembre, alors qu’environ 5 700 employés syndiqués de la FIQ leur emboitent le pas les 23 et 24 novembre. Jeudi, le 23, ils étaient donc 19 300 membres syndiqués à faire la grève en même temps.
Des statistiques qui aident à mieux comprendre les enjeux de cette négociation, la moyenne salariale des employées et employés du secteur public membres du front commun est de 43 916$. Le retard salarial à combler est de 11,9%. La proportion de femmes parmi les membres du front commun: 78%.
Parmi les différentes catégories des employés syndiqués en grève, du 21 au 23 novembre: le personnel paratechnique, les services auxiliaires et métiers (SCFP), représentant environ 5 700 employés; le personnel de bureau, les techniciens professionnels de l’administration (CSN), soit environ 3 000 employés; les techniciens professionnels de la santé et des services sociaux (APTS), environ 4 900 employés; et les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), représentant environ 5 700 employés.
Les services essentiels ont été maintenus lors de la grève, a assuré la direction du CIUSSS de l’Estrie-CHUS. La direction et les organisations syndicales se sont entendues sur des horaires de grève respectant les taux établis pour le maintien des services essentiels. «Les services essentiels nous ont amenés à revoir la planification de nos rendez-vous, en tenant compte des horaires de grève des membres des équipes», signalait la direction. Ainsi, à moins d’avoir été avisées d’un report, toutes les personnes devaient donc se présenter à leur rendez-vous, incluant les chirurgies, à l’heure convenue.
Dans ce contexte de grève dans le milieu de la santé, un ralentissement des services téléphoniques et en présence dans les différents établissements en Estrie devenait inévitable. «Des ralentissements peuvent aussi survenir dans les soins à domicile et autres services reçus à l’intérieur comme à l’extérieur des installations, partout sur le territoire. Par contre, les services des unités de soins intensifs et des urgences sont maintenus à cent pour cent en vertu des ententes sur les services essentiels.
«Nous sommes conscients et sensibles aux impacts que cette situation pourrait avoir sur nos usagers. Soyez assurés que nous travaillons en collaboration avec les organisations syndicales et le ministère de la Santé et des Services sociaux afin de limiter les effets de cette grève sur la population», communique le directeur des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Yann Belzile.
En éducation, les membres du Syndicat de l’enseignement de l’Estrie se sont prononcés à plus de 95% en faveur de l’utilisation de la grève pour améliorer leurs conditions de travail. Mardi, l’action a été menée devant la Polyvalente Montignac et le Centre des services scolaire des Hauts-Cantons, rue Dollard.
Pour Richard Bergevin, président du SEE, le personnel de l’enseignement fait face à un gouvernement qui ne réalise pas l’ampleur des besoins du réseau. Il rappelle qu’en Estrie, il y a encore en moyenne une dizaine d’élèves par classe au primaire qui ont besoin d’interventions fréquentes pour les difficultés qu’ils vivent. «Alors que le gouvernement se targue de faire une offre salariale généreuse, en réalité celle-ci ne couvre même pas le coût de la vie. Mme Lebel doit cesser ses fanfaronnades sur les médias sociaux et travailler avec nous pour améliorer la composition de la classe, alléger la tâche et améliorer la rémunération. Il faut rendre la profession attrayante.»
Parmi les manifestants brandissant des pancartes aux abords de la rue Laval, près du terrain de la Polyvalente Montignac, Julie Bolduc, la présidente du syndicat du personnel de soutien du Centre de services scolaire des Hauts-Cantons, affilié à la CSN. Son syndicat défend 200 membres à Lac-Mégantic, 620 à travers les Hauts-Cantons. «On a les données du Conseil du trésor qui sont sorties dernièrement sur le salaire moyen de nos membres dans le soutien. Salaire moyen de 23 000$ par année. Ces gens-là cumulent un deux trois emplois pour être capables de mettre du pain sur leur table. Ce qu’on veut, c’est éliminer le plus possible la précarité et des augmentations de salaire. Le réseau est en train de s’écrouler, il manque beaucoup de gens. On en est au stade où les choses doivent changer. L’an dernier, on l’a documenté, c’est 63 démissions juste dans le soutien scolaire. Ils quittent pour aller travailler au privé et avoir de meilleures conditions de travail. Cette année, depuis la rentrée scolaire c’est en moyenne deux démissions par semaine qu’on a. Juste les techniciens informatiques, à l’heure actuelle, sur une équipe de 11 pour desservir les écoles, j’ai seulement quatre personnes pour assumer les tâches.»
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