(Photo François Demers)
Devant l’ASTROLab, la SÉPAQ a tout prévu pour que les enfants participent pleinement à la fête. (Photo Rémi Tremblay)
Face à la scène installée dans le stationnement de l’accueil du parc national du Mont-Mégantic, la foule suit en direct sur écrans géants la folle escapade de la Lune vers le Soleil. (Photo Rémi Tremblay)
Trois minutes 28 secondes d’extase à regarder le Soleil droit dans l’œil et en silence. (Photo Rémi Tremblay)
LAC-MÉGANTIC- Le parc des Vétérans noir de monde venu de partout pour observer l’éclipse. (Photo Suzanne Poulin)
LAC-MÉGANTIC- Effervescence palpable dans le parc. Paraît-il que les chiens ont aboyé lorsque la nuit est soudain tombée en plein jour. (Photo Suzanne Poulin)
LAC-MÉGANTIC- Un chasseur d’éclipse du Michigan installe son matériel. (Collaboration Muriel Lassagne)
LAC-MÉGANTIC- Confortablement installés pour un spectacle céleste à grand déploiement. (Photo Suzanne Poulin)
LAC-MÉGANTIC- Ces enfants observent avec attention le phénomène qu’ils auront peut-être la chance de revoir en 2106! (Photo Suzanne Poulin)
Mont-Mégantic, de la Terre aux étoiles, au Soleil et à la Lune. Tous se souviendront où ils étaient le 8 avril 2024. (Photo Rémi Tremblay)
Boucar Diouf et son fils Anthony répondant aux questions d’une journaliste de Radio-Canada. (Photo Rémi Tremblay)
À gauche, Sébastien Giguère, coordonnateur scientifique et responsable de l’éducation au parc national du Mont-Mégantic, en compagnie de l’astronaute canadien Steve MacLean, de l’Agence spatiale canadienne, qui a amené dans l’espace un fanion à l’effigie
LAC-MÉGANTIC- Regroupement familial autour d’un télescope. (Photo Suzanne Poulin)
LAC-MÉGANTIC- Pieds dans la neige et têtes tournés vers le Soleil. (Photo Suzanne Poulin)
Dans leur trop rare rendez-vous, le Soleil et la Lune ont montré leur côté sombre aux Terriens présents tout le long de la bande de totalité de l’éclipse solaire du 8 avril, en Amérique du Nord, totalement éblouis par le spectacle. Au pied du Mont-Mégantic, une foule estiée entre 2500 et 3000 personnes a assisté en premières loges au phénomène, pleinement conscients qu’ils vivaient l’expérience d’une vie, en bonne compagnie. Complètement folle, l’ambiance.
«De voir les gens qui sont réunis ici pour vivre ça, en même temps, ça va devenir une référence commune. On n’en a plus beaucoup. C’est aussi une belle occasion de rappeler aux jeunes et aux moins jeunes l’importance de la science. C’est fantastique!» confiait Boucar Diouf.
Télescopes de toutes tailles installés près de l’ASTROLab, circulation incessante jusqu’au site d’animation, partout la sensation d’une pure joie cosmique, comme le dira Julie, l’une parmi la trentaine d’anciennes animatrices à l’ASTROLab, qui avaient répondu à l’appel de la Société des établissements de plein air, la SEPAQ ayant elle-même ramené en renfort pour la journée une centaine de ses employés des autres parcs nationaux.
«C’est un rendez-vous entre le Soleil, la Lune et 2 500 personnes. Je tiens à souligner le travail de Marie-Georges (Bélanger), Sébastien (Giguère) et Dany (Gareau) qui préparent ça depuis deux ans», soulignait le président fondateur de l’ASTROLab et président de la Fondation d’astronomie du Québec, Bernard Malenfant. Ouvrier de la première heure lors des préparatifs du rendez-vous, Bernard poursuivait un rêve parmi d’autres, obtenir le concours du chanteur Peter Gabriel du groupe Pink Floyd pour jouer la pièce Eclipse de l’album Dark side of the moon. «Je voulais faire ça en direct de chez lui!» En plein dans les 3 minutes et 28 secondes de la totalité de l’éclipse. Un peu comme la cerise, par-dessus la cerise, par-dessus le sundae, en ce «monday». Bernard Malenfant a réussi à le rejoindre à travers son gérant André Hudon. La proposition était intéressante, mais l’artiste était trop occupé.
Un spectateur qui n’aurait jamais manqué ça pour tout l’or du monde, Benoit Reeves, le fils d’Hubert. Rencontré dans la navette entre le secteur Franceville et l’accueil du Parc, l’homme est redevenu un enfant comme les autres. En plus volubile. «Une journée exceptionnelle à tous points de vue. D’abord l’éclipse, ensuite la météo, ensuite le Mont Mégantic, et le fait que Hubert a parrainé ce Mont-Mégantic. Et qu’il y a là des objets qui lui ont appartenu. Comme son premier téléscope qui est exposé à l’Astrolab.» Le fils fait de la médiation scientifique, de l’astronomie et s’occupe aussi d’environnement. «Dans le droit sillage de ce que faisait mon père.» Débarqué à Montréal l’avant-veille, il se disait encore dans le décalage horaire, mais excité de revenir à la montagne. «Pour moi, c’est comme un rendez-vous obligé. Hubert disait: une éclipse, c’est 100% sinon rien. Et là on est à 100%.» Si le père a pu pourchasser à travers le monde quatre ou cinq éclipses, totales bien sûr, Benoit en est à sa troisième. «Chaque éclipse est unique, par ses conditions, par sa situation géographique et aussi par le ciel. Là, ce qui est formidable, c’est qu’on va avoir six planètes et une comète, dans le ciel, et une planète sous nos pieds.» Se sont invités à la fête: Jupiter, Saturne, Mars, Vénus, Mercure et Uranus.
À sa première éclipse, il a vécu une révélation quasi mystique au moment où le disque lumineux a plongé dans la noirceur et qu’il a enlevé ses lunettes d’observation. «Le choc que j’ai eu. Je me suis aperçu que c’était la première fois de ma vie que je pouvais regarder le soleil en face. Que toute ma vie, le Soleil m’avait obligé à baisser la tête. Le Soleil nous donne vie, mais si jamais on le regarde, ça nous brûle les yeux. Ça vous fait penser à quoi? À Dieu, n’importe quel dieu. C’était extraordinaire!»
Au pied de la montagne, le phénomène d’éclipse totale observé dans un quasi silence monastique s’est déroulé tel que prévu en quatre phases: au deuxième contact, la couronne autour du disque noir, les protubérances, les taches rouges dans le profil des montagnes de la Lune. Et les ombres volantes, créées par les vibrations de la couche atmosphérique, juste avant l’éclipse.
À Lac-Mégantic, Gilbert Carette recevait chez lui ce jour-là un visiteur intéressé, un ingénieur scientifique spécialisé dans les technologies cardiaques venu de Taïwan, Brian Chiu. «Il cherchait des ombrages», raconte M. Carette. Et Gilbert les a vues de ses yeux ces ombres volantes sur l’ombre des feuillages projetée au sol.
Une autre particularité de l’éclipse totale, parait-il, selon le fils d’Hubert, veut que le phénomène puisse, jusqu’à un certain point, dissoudre les nuages, résultat du ralentissement des convections de la haute atmosphère quand le Soleil se barre. «Quand on aime le ciel, on est très totalitaire», philosophe Benoit.
Le Mont-Mégantic et la région ont été bénis des dieux. Ciel bleu magnifique, jusqu’à 12 degrés C, sauf au moment de la chevauchée de la Lune sur le Soleil, où la nuit s’est empressée sur la météo, avec une chute observable de près d’une dizaine de degrés. Mais, pour certains qui avaient oublié la crème solaire ou la casquette, le mal était déjà fait, un coup de soleil bien imprimé sur le visage.
Et dire que Niagara Falls attendait un million de personnes pour le phénomène qui s’est heurté à un couvert nuageux et que la NASA a préféré se rabattre sur les images captées du Mont-Mégantic pour vivre en direct ce moment.
La foule d’observateurs dans le parc des Vétérans a été estimée entre 800 et 1000 personnes. De différentes provenances : Californie, Floride, Ontario, Michigan, un couple de Hongrois chasseurs d’éclipses à leur 6e expérience, New Jersey, Massachusetts, Pennsylvanie, Seattle, Nouvelle-Écosse, France, une équipe de Météo-Média et deux autobus du Cégep de Jonquière.
La journée pédagogique des écoles primaires et secondaires décrétée par le Centre de services scolaire des Hauts-Cantons a permis le déploiement de plus d’une vingtaine d’autobus scolaires et leurs chauffeurs pour diriger les spectateurs privilégiés des différentes municipalités de la MRC vers l’accueil du Parc du Mont-Mégantic, fermé à la circulation automobile pour la durée de l’événement. D’autres autobus étaient attendus du Parc national du Mont-Orford, de Sherbrooke et de Cookshire-Eaton. Toute une logistique de transports menée avec succès.
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