Voie de contournement: Québec financera 40% d’un «montant maximal»

Voie de contournement: Québec financera 40% d’un «montant maximal» - Rémi Tremblay : Actualités Environnement Voie de contournement

Dans l’entente intervenue entre Québec et Ottawa pour le partage du financement du projet fédéral de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic, le gouvernement du Québec a consenti à payer 40% de la facture, jusqu’à un montant maximal, que le député de Mégantic et président du caucus de la CAQ, François Jacques, n’entend pas dévoiler. «Ce montant-là fait partie des discussions autour des trois grands projets d’infrastructures au Québec: la voie de contournement ferroviaire du centre-ville de Lac-Mégantic, le tramway de Québec et la ligne bleue du Métro de Montréal», répète-t-il. Pas question de changer les termes de l’entente, même après la sortie médiatique de la députée solidaire Christine Labrie, à Québec, lundi dernier, le 3 juin, endossant la demande d’un nouveau BAPE, comme condition à la signature du chèque en provenance de Québec.

Lors d’une conférence de presse devant les bureaux du ministère de l’Environnement, à Québec, Québec solidaire a joint sa voix à la Coalition des victimes collatérales, aux élus de Frontenac, à la Fédération de l’UPA-Estrie, au Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec et à l’organisme Eau Secours pour demander au gouvernement du Québec que le financement provincial promis pour la voie de contournement de Lac-Mégantic soit conditionnel à la tenue d’un nouveau BAPE (Bureau des audiences publiques sur l’environnement).


La responsable de Québec solidaire de la région de l’Estrie a lancé que la facture pour ce projet était estimée à près d’un milliard de dollars. En entrevue à l’Écho, le lendemain de cette sortie publique, François Jacques maintenait le même discours qui est le sien depuis trois ans. «J’ai de la misère à comprendre. À ma connaissance, tout le monde sait que c’est un dossier fédéral, que le gouvernement qui nous a précédé (le gouvernement libéral de Philippe Couillard) a demandé un pré-BAPE en 2017 et un BAPE complet, chose qui a été faite en 2019. Le ministre de l’Environnement du Québec a communiqué les conclusions et les 150 recommandations que le fédéral s’est engagé à respecter. La CAPTQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec) s’est prononcée en faveur du tracé qui a été choisi. C’est dommage que madame Labrie ait donné une fausse impression par rapport au Québec, par rapport au BAPE et au dossier qui est devant l’Office des transports du Canada (OTC).»

Le député de Mégantic trouve la sortie de la représentante de QS d’autant plus particulière que, selon lui, l’OTC attendrait le rapport de la contre-expertise d’une hydrogéologue commandée par les municipalités de Nantes, Frontenac et Lac-Mégantic, qui devrait être livré au mois de juin «ou dans les prochaines semaines», affirme-t-il.

Le président de la Fédération de l’UPA-Estrie, Michel Brien, et le président du Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec, André Roy, ont fait valoir lors de la conférence de presse que le projet suscitait de l’opposition dans la population locale et que les conséquences environnementales et les impacts futurs sur les activités agricoles et forestières justifiaient que le gouvernement du Québec «fasse preuve d’une plus grande prudence à l’égard de ce projet.»

«Quand j’entends l’UPA dire que ça va affecter le niveau de la nappe phréatique, moi je vais me coller sur l’experte en hydrogéologie. Il faut avoir les données réelles et probantes de ce qui se passe. L’OTC attend cette contre-expertise et c’est ce qui fait que la décision de l’OTC est en suspens, entre autres.»

Le maire de Frontenac, Gaby Gendron, se trouvait parmi le groupe soutenu par la députée de Québec solidaire. Il y a prêché la non-acceptabilité sociale du dossier. «Nous avons tenu un référendum en février 2023 et 92,5% de la population s’est prononcée contre le tracé actuel. Ce projet apporte beaucoup d’inquiétudes dans notre communauté et le gouvernement doit poser des gestes concrets pour les apaiser.» Pendant les travaux d’assèchement du tracé, a-t-il aussi souligné, 5,5 millions de litres d’eau seront déversés quotidiennement dans la rivière Chaudière.
 
Le député de Mégantic a suivi la couverture médiatique après la sortie de Québec solidaire. «Il y a tellement de faussetés qui ont été véhiculées depuis hier, depuis le début du dossier aussi. J’aimerais ça qu’elle (Christine Labrie) valide les chiffres qui ont été lancés dans les derniers mois par certaines personnes. Parce qu’il y a une bataille qui se fait par des maires de Beauce à l’effet qu’ils veulent avoir une station d’échantillonnage (des eaux de la rivière Chaudière) en amont du chantier et une deuxième à Lac-Drolet.»

François Jacques n’en est pas moins sensible aux répercussions sociales. «C’est très dommage pour les personnes qui sont expropriées, on va dire les vraies choses, mais il y a des enjeux de sécurité, de paix sociale, de santé mentale et d’environnement qui ont été pris en compte dans le BAPE. On est rendu près de la réalisation, il manque une chose, c’est que l’OTC doit se prononcer. Donc, on est rendu à une étape plus loin, beaucoup plus loin.»

D’autres voix
Le Conseil régional de l’environnement (CRE) de l’Estrie a joint sa voix à la demande de Québec Solidaire pour réitérer son appui à la tenue d’un nouveau BAPE. «Le projet initial a connu de nombreuses modifications, notamment en termes de destruction de milieux humides, avec peu d’espoir de restauration à l’intérieur du bassin versant. Les résultats des études hydrologiques nous ont démontré que les mesures de mitigation visaient davantage à compenser des problèmes potentiels qu’à faire preuve de précaution. D’un point de vue environnemental, ce projet a des impacts considérables et mériterait d’être réévalué par le BAPE», exprime Jacinthe Caron, codirectrice générale du CRE Estrie, qui a suivi le dossier depuis la catastrophe de 2013.

La mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, estime que rien ne justifie un 3e BAPE. «Je comprends que certains citoyens s’opposent encore, mais c’est le même tracé depuis 2019. Pendant que quelques personnes essaient de gagner du temps pour repousser la réalisation du projet, des convois remplis de matières dangereuses continuent de traverser Lac-Mégantic, où des centaines de résidences se trouvent à moins de 500 mètres de la voie ferrée.»

Pour sa part, la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic estime qu'il ne sert à rien de revenir en arrière avec un 3e BAPE et qu'il faut plus rapidement que jamais aller de l'avant avec ce projet très justifiable pour la sécurité physique et psychologique des citoyens de Lac-Mégantic demeurant à proximité de la vieille voie ferrée meurtrière traversant le centre-ville. Il appartient désormais à l'Office des Transports du Canada de traiter ce dossier plus rapidement, car les longs délais ne font qu'accentuer la division sociale des communautés de la région immédiate de Lac-Mégantic, partage l’organisme. «Malgré les promesses de guérison sociale formulées maintes fois par nos dirigeants politiques fédéraux, provinciaux et municipaux depuis 2013), la population de la région de Lac-Mégantic ne cesse d'être prise en otage par la crainte reliée à sa sécurité ferroviaire qui s'éternise. Cette problématique chronique divise ouvertement et dangereusement des familles et des amis issus des communautés immédiates de Lac-Mégantic et ce pour des décennies et des générations à venir», partage son porte-parole, Robert Bellefleur.
 
Quant au ministre de l’Environnement Benoit Charrette, sa réponse est un non catégorique à la demande d’un nouveau BAPE.

En entrevue à La Presse Canadienne, le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, est allé dans le même sens, en lançant tout bonnement: «Je trouve ça triste que Québec solidaire essaie de faire de la politique partisane.»

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