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Opinion ou sollicitation?
Voilà un bon exemple de ligne à tracer dans l’opinion publique sur un dossier d’actualité aussi complexe que celui de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic. En page 4 de l’édition du 9 août 2024, un communiqué de la Coalition des Victimes Collatérales invite à passer à l’action pour signer une pétition à l’Assemblée nationale, demandant au gouvernement du Québec de prendre au sérieux ses responsabilités et de tenir une nouvelle audience publique sur l’environnement (un BAPE), dans le dossier de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic. Par courriel adressée à l’Écho, un lecteur apporte le commentaire suivant: « Dans votre édition du 9 août dernier, le journal a publié dans sa section «Opinion» une promotion de la Coalition des victimes collatérales invitant les citoyens à signer une pétition en ligne à l’Assemblée Nationale. À mon humble avis, il ne s’agit pas d’une «opinion» mais plutôt d’une publicité que la Coalition aurait dû payer dans la section «Avis» du journal, au même titre qu’une municipalité qui ferait un appel à la signature de registre pour l’adoption d’un règlement ou changement de zonage. Pourquoi le journal doit se faire le porte-parole de cette coalition?»
Toute question mérite une réponse. Elle est venue en toute diplomatie: «Depuis 95 ans, L’Écho offre à tous les lecteurs la rubrique «Opinion» pour s’exprimer sur des sujets d’intérêt public et général. Tout texte d’opinion est apprécié à sa juste valeur, que l’on soit pour ou contre les sujets d’actualités, de plus en plus polarisants, je l’avoue. Par ailleurs, L’Écho ne se fait pas le porte-parole d’un groupe ou d’un citoyen en particulier. Le journal offre une tribune pour s’exprimer, tout simplement. Doit-on à tout prix, comme journal, se positionner au sujet du projet de voie de contournement ferroviaire ou laisser groupes et citoyens s’exprimer librement? J’ai choisi cette dernière voie. Alors, à vos crayons. Je lirai votre lettre d’opinion et je la publierai volontiers. – Rémi Tremblay»
Nouveau message du lecteur: «Monsieur Tremblay, le texte qui est dans la section Opinions du journal et qui sollicite la signature en ligne d’une pétition à l’Assemblée nationale n’est pas signé, on en comprend que c’est une initiative du journal de le publier. À mon avis ce n’est pas une opinion, c’est de la sollicitation. Salutations.»
Bon, c’est le moment de mettre les choses au clair et la réponse au lecteur le sera assurément pour quiconque a déjà exprimé ou non un soupçon de parti pris à l’égard des citoyens ou des groupes qui questionnent le tracé de la voie de contournement ferroviaire. L’échange s’est arrêté là avec le lecteur et j’avoue que j’y suis allé un peu fort mais… : «En effet, c’est de l’initiative du journal de la publier. N’en déplaise au député François Jacques qui m’a récemment questionné, en face à face rapproché, sur le choix de placer une opinion de la Coalition, cosignée par l’UPA et le Syndicat des propriétaires forestiers du Sud du Québec, en page 16 plutôt qu’en page 4, de l’édition du 5 juillet 2024. Un reproche sur le positionnement, pas sur le contenu de l’opinion.
C’est là où nous en sommes dans le débat public où il est mal venu de publier des «opinions» ou des «sollicitations» comme vous l’appelez, quand un média expose deux côtés de la même médaille, peu importe le numéro de page. Si des citoyens (ou des municipalités) avaient exprimé publiquement des craintes par rapport à la capacité de la compagnie de chemin de fer Montreal Maine Atlantic Railway de transporter sur ses rails des wagons citernes remplis de matières mal identifiées au départ de Newtown, au Dakota-du-Nord, nous n’en serions pas là, alors que trois semaines avant la tragédie de 2013, MMA avait tout fait pour cacher un déversement d’huile à quelques kilomètres de Lac-Mégantic. Couvercle du silence vite déposé sur l’incident. La tragédie de 2013 aurait dû éveiller les consciences, mais force est de constater que ça ne suffira pas. La décision de «non responsabilité du CP» à l’égard de la tragédie, rendue le 14 décembre 2022 par le juge Martin Bureau, s’appuie sur des centaines de documents produits en cour. La lecture est édifiante (j’ai fait l’exercice deux fois plutôt qu’une, même encore durant mes dernières vacances!). Rejetant toute responsabilité, le CP imputait la faute au gouvernement fédéral et à Transports Canada de ne pas s’être assurés que la règlementation sur les transports avait été respectée, et au gouvernement du Québec, dont deux représentants siégeaient sur le conseil d’administration de la MMAR, de ne pas avoir pris les mesures pour forcer MMA à améliorer ses rails en piteux état. Alors, quand les pouvoirs publics éteignent les feux qu’ils ont eux-mêmes contribué à allumer par leur silence, avec les deniers publics, et que, en récompense, ils fournissent 100% des deniers publics pour engager Canadien Pacifique Kansas City pour la construction d’une voie de contournement d’à peine 10 km (12 en fait) qui reviendra à CPKC en propriété 100% privée, la plus grande décence commande le respect de simples citoyens qui lèvent des drapeaux rouges envers le projet. Pas qu’ils sont «contre» le projet, mais «contre le tracé proposé». Leur demander de se taire ou demander au média local d’imposer le silence et de les faire taire, j’avoue que j’en suis bien incapable.»
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