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Science et société civile veillent sur la nuit
Le Congrès national sur la protection de l’environnement nocturne, qui s’est tenu du 5 au 7 novembre à Lac-Mégantic, a fait rayonner un message fort sur l’importance, au Québec comme à l’international, de veiller sur la nuit et la vie nocturne. «Pas juste les étoiles, pas juste le ciel étoilé. Mais c’est aussi toute la question de l’impact sur l’environnement, sur la qualité de vie des gens et la consommation d’énergie», insiste Rémi Boucher, coordonnateur scientifique à la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic.
La nuit est maintenant devenue une amie incontournable de la région. Plus d’une décennie de lutte à la pollution lumineuse, avec la contribution des villages et des villes des MRC du Granit, du Haut-Saint-François et de Sherbrooke, a contribué à réduire de beaucoup les nuisances engendrées par un mauvais éclairage. De sorte qu’aujourd’hui, au mont Mégantic, jusqu’à 3000 étoiles sont visibles à l’œil nu.
«L’humain a peur du noir, en général. Et pourtant, la vie a besoin de nuit», exprime le coordonnateur scientifique. Sans aucune action menée pour la freiner, «chaque sept ou huit ans, vous doublez la pollution lumineuse.» Heureusement, plusieurs initiatives ont été mises en place sur le territoire, grâce à une concertation entre le monde scientifique et la société civile. «De 2019 à 2024, il y a eu 64 000 luminaires routiers qui ont été changés. On a enlevé des centaines de sentinelles de ferme en région, où les propriétaires ont fait le choix d’un éclairage ambré», moins nuisible à l’environnement, explique M. Boucher.
«On a fait un symposium en 2012, au Cégep de Sherbrooke. À cette époque, il y avait de gros changements technologiques et plus de lumière Dell qui étaient installées. La transition s’est bien faite. Le but du Congrès, à Lac-Mégantic, était de faire réaliser qu’on n’est plus les seuls au Québec. Évidemment, on a été les premiers avec la Réserve internationale de ciel étoilé, mais maintenant, il y a plusieurs initiatives ailleurs au Québec et à l’international.» La présence sur place de Nicolas Bourgeois, de la Réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi et directeur adjoint du Pic du Midi, confirme l’intérêt outre-Atlantique de participer à ce mouvement de protection de la nuit, qui a une réelle incidence sur l’économie.
Mieux éclairer ça s’apprend!
L’équipe de la Réserve de ciel étoilé du Mont-Mégantic travaille tant en milieu rural qu’en milieu urbain pour faire adopter une règlementation visant la protection du ciel étoilé. «Très récemment, il y a l’arrondissement de Ville Saint-Laurent, sur l’Île de Montréal, qui a adopté une règlementation sur la pollution lumineuse. L’an dernier et l’avant d’avant, on a travaillé avec l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. On a fait une étude environnementale pour eux. Et l’année d’après on a créé un guide d’éclairage avec eux, pour mieux sensibiliser les industries, les commerces et tout ça. L’idée, ce n’est pas d’arrêter d’éclairer, c’est de mieux éclairer», signale encore le responsable du Congrès.
Difficile d’appliquer une réglementation en milieu urbain? Conseiller à la Ville de Sherbrooke, Claude Charron siège sur le conseil d’administration de l’ASTROLab du Mont-Mégantic depuis déjà neuf ans. «C’est plutôt au niveau de l’application que ce n’est pas évident. T’as des inspecteurs en place qui travaillent de jour. Il leur faut une permission spéciale pour travailler le soir.» Un problème récurrent, les citoyens et propriétaires d’entreprises ne sont pas tous au courant de l’importance d’un meilleur éclairage. «Ceux qui sont conscients de leur environnement ont une meilleure oreille que le citoyen moyen. Autrement, il faut faire de la sensibilisation, il faut dire pourquoi et se répéter. Éventuellement, on va arriver à quelque chose, mais c’est tout un défi.»
À la Ville de Lac-Mégantic, l’urbaniste Jean-François Brisson note la bonne collaboration des entreprises, telles Énergex, Tafisa, Canadian Tire, Maxi et Dallaire entre autres, qui ont adapté les bons dispositifs et changé la vision nocturne depuis le Mont-Mégantic. Les promoteurs immobiliers sont avisés de la réglementation sur la Norme nationale sur la pollution lumineuse qui élimine à la source les lumières intrusives.
Parcs de la Sépaq
Le réseau des parcs nationaux de la Sépaq porte l’initiative aux quatre coins du Québec. «Le parc national du Mont-Tremblant a une certification de parc international de ciel étoilé. Similaire à une réserve, mais ne couvrant que la superficie du parc. Le parc Aiguebelle en Abitibi a déjà été annoncé. Nous avons des gens de la MRC d’Abitibi-Ouest qui sont ici. Ils ont commencé à changer les éclairages et à sensibiliser les compagnies minières. Pour moi, toutes les raisons sont bonnes pour bien éclairer. C’est juste que les gens, souvent, ne le savent pas et ne réalisent pas les impacts négatifs. C’est beaucoup une question d’éducation.»
Rémi Boucher apprécie le niveau d’implication des élus locaux. «Les municipalités, c’est un gouvernement de proximité. L’un des problèmes c’est vraiment la connaissance de ces trucs-là, la connaissance technique, la connaissance des réglementations, la sensibilisation, la vulgarisation. On donne des formations aux inspecteurs municipaux, on accompagne les inspecteurs municipaux on a fait des tournées réglementaires et de sensibilisation aussi.
Pour clore le congrès, une table ronde animée par Sébastien Giguère, sur le thème «les solutions durables pour le futur». «On est arrivés à un moment charnière», convient Martin Aubé, professeur au Cégep de Sherbrooke «On est arrivé à un moment charnière» , Johanne Roby, prof Cégep de Sherbroole, Claude Charron, conseiller municipal à Sherbrooke et Rémi Boucher. Pour Johanne Roby : embarquer les parties prenantes avec nous; avec de la patience on finit par y arriver.
Nicolas Bourgeois, de la Réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi: «Quand on dit protéger la nuit, il faut quand même se rendre compte de l’ambition qu’il y a derrière. L’enjeu pour moi, qui est essentiel, c’est la rencontre de la science et de la société. C’est vraiment de favoriser le croisement, l’insertion entre le monde de la science et le monde de la société civile, de favoriser cette interaction, de resituer les scientifiques au milieu de cette scène et de vraiment favoriser les passerelles, la médiation entre ce monde-là et un monde de l’action publique, un monde de la protection environnementale. Le champ du scientifique est essentiel, il y a une interaction continue entre la recherche et l’action. Le deuxième grand champ c’est faire société avec la nuit. Ça nécessite ce travail fondamental, continu de sensibilisation, de médiation et là j’ai vu émerger après deux jours quelque chose que je trouve très intéressant, c’est une échelle de l’action qu’on n’avait pas forcément au départ, c’est l’échelle du micro. C’est-à-dire descendre à l’échelle de la micro-communauté, de l’oasis, du quartier. Aujourd’hui, on a des réglementations, des réserves de ciel étoilé, Les réserves de ciel étoilé n’ont aucune existence légale. Elles n’existent pas dans les lois, elles n’existent pas dans les organisations officielles, etc. Il y a une nécessité à ce que cet espace là dépasse l’incarnation des individus et qu’elle puisse continuer au-delà de nous.»
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