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Ghyslaine Bédard, une femme de tête au franc-parler

Ghyslaine Bédard, une femme de tête au franc-parler - Richard Vigneault : Actualités Portrait

Ghyslaine Bédard (Photo Richard Vigneault)

Quelle motivation peut-on avoir pour se lancer en politique municipale? Pour Ghyslaine Bédard, ex-conseillère des années 90, c’était un défi personnel, celui d’aller s’asseoir avec des hommes, d’aller les confronter, «je voulais prouver qu’une femme est capable de donner une opinion et la mener jusqu’au bout, pis qu’elle peut-être aussi bonne que celle d’un homme, pas meilleure, mais aussi bonne», lance-t-elle d’entrée de jeu.


Son propos illustre très bien le personnage, une femme de conviction et au franc- parler. Avant de poser sa candidature pour la première fois, elle n’a pas consulté vraiment, sauf son père avec qui elle avait discuté et ce dernier lui avait dit qu’elle ne serait pas élue. Loin d’écouter le conseil de son père, elle plonge dans l’arène. Elle est élue et exerce deux mandats, elle adorait ça, elle sollicite un troisième qu’elle a perdu, «j’ai pas fait une dépression à cause de cette défaite».

Son arrivée au conseil municipal de Stornoway était regardé du coin de l’œil, «quand j’ai pris mon siège autour de la table, je me suis rendu compte qu’il y avait un jeune homme qui n’acceptait pas ma venue. En plus, j’étais assise à ses côtés et je lui ai dit une chose, ça t’irrite, dit toi que tu vas quitter ton siège avant que je quitte le mien, c’est tu assez clair et c’est ce qui est arrivé, les autres collègues étaient respectueux. J’étais capable de prendre ma place, on me laissait la prendre».
 
Son expérience de conseillère elle la considère extraordinaire, ça n’a jamais été un fardeau même si tout n’a pas été toujours rose. Elle raconte «lors de séances du conseil, il arrivait qu’on se fasse interpeller sur toutes sortes de choses, c’était parfois difficile, car on recevait des menaces, des propos très agressifs. À partir de ce moment, le conseil a décidé d’enregistrer les séances. Un autre événement pénible, celui de la directrice générale accusée de fraude pour 100 000$. Ça été terrible, d’ailleurs on a demandé au comptable, vous étiez où, vous n’avez rien vu? Les contribuables venaient payer leur compte, certains en argent et la fautive mettait l’argent dans ses poches, elle se faisait des chèques et signait le nom du maire, elle avait de très gros problèmes personnels, c’est dommage». Elle poursuit avec une autre situation, «on avait un inspecteur municipal, selon moi, il était très gentil, il faisait bien son travail. Mais plusieurs citoyens étaient méchants avec lui, c’était terrible. Selon moi, l’inspecteur vivait une grande injustice, il n’était pas respecté. Je trouvais très difficile de travailler dans un tel contexte. J’ai rencontré le maire pour lui dire que je ne comprenais pas qu’il acceptait une telle situation et lui dit que si ça continuait comme ça, je déposerais une plainte. L’inspecteur était littéralement harcelé. C’est le genre de chose avec lequel je ne pouvais garder le silence».

«J’aime la politique en général, si tu veux chialer, gueuler, présente-toi ou tais-toi. Je savais que je pouvais plaire mais aussi déplaire et j’étais prête à ça. Aujourd’hui, les femmes s’impliquent plus et c’est tant mieux. Toutefois, il faut admettre qu’il y a des gens qui ne sont pas à leur place en politique, qui n’ont pas la capacité. Dans les petites municipalités, souvent on voit des personnes qui ne sont pas à leur place alors que d’autres avec du potentiel n’y vont pas. Viser la mairie? Ça ne m’attirait pas vraiment. Nous, la famille Bédard, dans la place on n’était pas si apprécié. On était une grosse famille et on s’autosuffisait, pis on ne se mêlait pas nécessairement aux autres; on nous traitait de snobs, donc il fallait que je vive avec ça».
 
En 2025, comment elle voit son village? Sa réponse est pour le moins cinglante. «Stornoway n’a pas changé, ne s’est pas amélioré, on a perdu la caisse populaire, il nous reste le bureau de poste, mais pour combien de temps? Tout est fermé après 8h pm. Pour changer ça, il faudrait beaucoup de nouveaux jeunes venant s’établir dans la région et peut-être qu’eux pourront améliorer les choses et prendre la relève, c’est ce que je souhaite», estime l’ex-conseillère Bédard, ajoutant que «l’esprit de clocher existe encore et bien présent, c’est un frein au changement».

Je n’ai aucun regret, si c’était à refaire, je referais les mêmes choses. J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai laissé la place aux jeunes. Je suis partie la tête haute, aucune amertume de cette belle expérience. Aujourd’hui, les femmes sont plus présentes et c’est pour le mieux», affirme la retraitée bien assumée qui n’a jamais eu la langue de bois.

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