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Nathalie Simard s'allie à La Bouée
La chanteuse Nathalie Simard et la directrice de La Bouée, Sylvie Morin, planchent actuellement sur un spectacle-conférence. (Photo Claude Grenier, Numéra)
La chanteuse Nathalie Simard et la directrice de La Bouée, Sylvie Morin, planchent actuellement sur un projet commun, ayant pour mission de sensibiliser et prévenir diverses formes de violences et d’abus. L’événement qui prendra la forme d’un spectacle-conférence fera l’objet d’une tournée provinciale. Avec Lac-Mégantic comme point de départ.
Porte-parole de la maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, depuis sa participation au Colloque de la Bouée de l’an dernier, Nathalie Simard prépare actuellement un nouvel album dont les chansons, écrites par Réjean Audet, font en bonne partie référence à son vécu. «C’est en quelque sorte un album autobiographique, qui parle de souffrance mais aussi de bonheur, de positivisme, de la possibilité de reprendre sa vie en mains. Le contenu est très accessible et porteur d’espoir», transmet la chanteuse, dont la sortie publique sur les agressions sexuelles commises à son endroit alors qu’elle n’était qu’une enfant a fait couler beaucoup d’encre il y a 15 ans. Jugée et ridiculisée sur la place publique à l’époque, elle fait aujourd’hui figure de proue à l’ère du Mouvement #MoiAussi.
L’exemple de résilience de Nathalie Simard et son souhait de démontrer aux victimes qu’il est possible de s’en sortir concordait en tous points avec l’objectif de Sylvie Morin: celui de sensibiliser aux réalités entourant la violence, afin de la prévenir et de mieux agir pour l’enrayer. «Au-delà du message d’espoir qu’on veut transmettre, on veut signifier qu’il y a de l’aide partout», explique la directrice de la Bouée, ajoutant que des organismes en soutien aux victimes seront représentés lors des conférences pour informer la population sur leurs services respectifs.
«Les agressions sexuelles, tout comme les actes de pédophilie et de violence conjugale, ont été des sujets tabous longtemps… et le sont encore un peu. S’il y avait eu de la prévention dès le départ, on n’en serait pas rendus là. Des femmes et des enfants ont été tués, des victimes se sont suicidées… J’ai moi-même pensé au suicide… D’où l’importance d’informer de l’existence de ressources, comme les maisons d’hébergement, les CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) et les CAVACS (Centres d’aide aux victimes d’actes criminels)», communique Nathalie Simard.
Vivre une situation de violence ou d’abus amène certaines victimes à faire de mauvais choix par la suite, soulève Mme Simard. «Qu’on soit abusée sexuellement, victime de violence conjugale ou d’intimidation, les répercussions se rejoignent. Le dénominateur commun, c’est le manque d’estime de soi. Ça entraîne la peur de prendre sa place, la peur de décevoir, passer sa vie à s’excuser d’exister, ça englobe tout ça. C’est ce que j’ai vécu.»
C’est en parlant avec des femmes hébergées à La Bouée que Nathalie Simard a réalisé avoir vécu de la violence conjugale par le passé. Une violence psychologique, plus insidieuse mais pas moins dommageable. «Quand les rapports ne sont pas égalitaires, que l’impact soit physique ou psychologique, il faut se questionner», transmet Sylvie Morin, qui n’en peut plus qu’on utilise le terme «femme battue» pour parler d’une victime de violence conjugale.
«Un contexte de violence donne beaucoup plus de chances de créer des victimes ou des agresseurs chez les enfants devenus adultes», ajoute Mme Morin, qui souhaite qu’on instaure un registre national des hommes ayant commis des actes de violence à l’endroit de leur conjointe, comme c’est le cas pour les délinquants sexuels.
Durant la conférence-spectacle, on procédera aussi au lancement d’un livre, regroupant des témoignages de victimes. «On y donne le droit de parole à des femmes de partout au Québec, qui ont vécu de la violence, de l’intimidation, un drame familial… Encore ici, l’idée est de démontrer qu’il est possible de passer à travers ces épreuves. C’est aussi une façon de rendre hommage aux organismes qui ont soutenu les victimes dans leurs parcours», mentionne Mme Morin.
Cette dernière croit que l’utilisation de différents médiums -conférence, chansons, vidéos et livre- permettra de sensibiliser le plus grand nombre. «On va se promener dans différentes sphères, afin que chaque personne présente puisse se reconnaître. Je suis convaincue que ça va ouvrir des portes à plein d’autres sujets. Si on peut aider deux, trois femmes à s’en sortir, ce sera une réussite. C’est un travail de longue haleine. Il faut être capable de s’infiltrer par tous les moyens.»
«Ça me donne des ailes ce projet! En tant que femme et mère, je trouve ça tellement nourrissant! Même si le sujet est lourd, ce qu’on lui donne comme ton est positif. Ce qu’on va faire, c’est vraiment important pour la suite des choses. On veut une nouvelle génération saine d’esprit, conscientisée, à l’écoute, qui ne veut pas que de tels drames se produisent. Et si ça peut éveiller des hommes violents à aller chercher de l’aide, tant mieux. Faut avoir de l’espoir dans tout ça. Si on n’y croit pas, qu’est-ce qu’on fait là?», renchérit Nathalie Simard.
Pour la chanteuse, la conférence-spectacle s’avère une belle opportunité pour transmettre ce message d’espoir… et d’amour. «Parce que l’amour c’est beau, ça guérit bien des blessures. La sexualité aussi c’est beau; c’est juste que certains ont «fucké» ça dans la vie d’êtres humains. Ce serait dommage qu’on se prive de cette activité qui fait partie intégrante du corps humain», partage Nathalie Simard, aujourd’hui en couple «avec un homme extraordinaire». «Le plus beau cadeau que je me suis fait dans ma vie c’est d’avoir parlé. Aujourd’hui je ne joue plus une game. Je ne fais pas semblant que tout va bien; ça va bien!»
Quand tout commence par une chanson…
Il y a quelques années que Nathalie Simard planifie la sortie d’un nouvel album, qui verra le jour bientôt, en même temps que la tournée de conférences. Une idée initiée grâce à une chanson.
C’était en mai dernier, la veille d’un spectacle que la chanteuse présentait à Lac-Mégantic au profit de la Bouée régionale. Sa directrice, Sylvie Morin, a alors l’occasion d’écouter la pièce Sortir, écrite par Réjean Audet, chansonnier de Coaticook, mieux connu sous le nom de Fou du roi. Incidemment dans cette chanson, une femme s’adresse à son conjoint violent et cette femme veut quitter le foyer conjugal, pour s’en sortir…
«Dès l’écoute de cette chanson, la magie a commencé à opérer. On avait déjà des projets communs, dont celui de donner des conférences et cet album s’inscrivait en plein dans notre thématique. On s’est retrouvées ensemble au bon moment et depuis, on ne s’est jamais lâchées», relate Sylvie. «Ça a été rencontres après rencontres, tout ça mélangé avec du bonheur, du plaisir et cette passion commune», renchérit Nathalie.
Les chansons de son futur album, qui seront interprétées entre les divers segments de la conférence qu’elle donnera avec Sylvie Morin, ont des titres évocateurs. «L’enfant papier, c’est l’histoire d’une petite, morte on ne sait pas trop comment, racontée par sa sœur. On veut rendre hommage à tous ces enfants décédés dans un contexte de violence. Une autre chanson s’intitule Je veux vivre, qui peut s’appliquer à plusieurs situations. Chacun se crée sa propre histoire. Déjà, lorsqu’on peut s’identifier à une chanson ou même à un seul mot, la libération est enclenchée», partage Nathalie Simard.
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